L’offensive du 20 août 1955 : les objectifs politiques des chefs militaires de la zone II
20 août 1955, 20 août 1956. Deux moments importants de la guerre de libération nationale, que ne relie pas seulement la date. Ce sont des phases décisives dans l’histoire de la Révolution algérienne qui vont la marquer, lui donner son visage définitif et sa particularité. La guerre de libération nationale devient un puissant mouvement populaire armé, s’appuyant sur les campagnes et sur les villes, maîtrisant parfaitement les techniques militaires de combat et surtout cherchant à réaliser des objectifs politiques : unité de toutes les catégories sociales algériennes, de toutes les couches populaires derrière un objectif central à caractère éminemment politique : réaliser l’indépendance du pays.
En 1956, la révolution algérienne apparaît avec son visage : elle n’est pas une révolte spontanée, paysanne, confinée dans ce qui a caractérisé les premières révoltes contre la colonisation au XIXe siècle qui ont été des insurrections marquées par leur caractère spontané et violent. Elle n’a pas d’ennemis simplement identifiés par leur origine ethnique ou leur religion. En 1956, elle est une révolution armée avec des objectifs et des moyens politiques : l’unité nationale et l’indépendance. Elle est un mouvement qui rejette la discrimination pour des raisons ethniques ou religieuses, réunit des militants de sensibilités politiques différentes qui coexistent, se concertent et partagent les décisions au sein d’instances de direction communes. C’est la première fois dans l’histoire du mouvement national. Il semble qu’un accord tacite ait marqué les dirigeants de la Révolution : obtenir en toutes circonstances l’unanimité pour les questions importantes. Cette règle a fonctionné jusqu’à l’indépendance. La direction a finalement éclaté au congrès de Tripoli alors que l’unanimité a été acquise autour des questions importantes telles que les accords d’Evian, y compris les concessions accordées en matière de droits de la minorité européenne, de bases militaires, d’exploitation des ressources naturelles et de coopération dans différents domaines tels que l’éducation et l’administration financière.
Une force militaire ancrée au sein de la population
La guerre de libération nationale a capitalisé les acquis du mouvement de libération. Sur le plan militaire, il a été acquis dès 1945 qu’un mouvement militaire devait fortement s’implanter au sein des populations. Les témoignages des premiers combattants le confirment : le déclenchement de la guerre de libération nationale a été précédé d’une période que ceux-ci ont dénommée « pénétration politique » où l’action de sensibilisation était dirigée envers les populations. L’union nationale a aussi été préparée par les premières actions unitaires déclenchées déjà avec le Congrès musulman de 1936, et surtout avec le mouvement des Amis du Manifeste de la Liberté (AML) qui a rapproché les partisans de Ferhat Abbas considérés comme « modérés », les militants du MTLD qui regroupait les partisans les plus résolus de l’Indépendance, avec le soutien de l’Association des ulémas. Il faut noter l’apport décisif et particulier des ulémas qui, tout en refusant d’utiliser le sentiment religieux à des fins politiciennes, a contribué à faire de la dimension religieuse un contenu important de l’identité nationale, a favorisé l’unité d’action avec différentes sensibilités politiques, y compris avec les communistes parmi lesquels de nombreux non-musulmans pour des objectifs limités tels que la défense des droits des populations. Les dirigeants de l’Association ont toujours refusé d’appeler à la révolte contre les chrétiens, et même, après 1954, ils ont déclaré être prêts à accepter un gouvernement algérien indépendant dirigé par un non-musulman, à condition que soit respectée l’égalité en droits et en devoirs de tous les habitants de l’Algérie et que la laïcité soit reconnue pour l’Islam dont la pratique et les biens étaient alors soumis au contrôle contraignant de l’administration coloniale. Avec la guerre de libération nationale, le mouvement de libération algérien qui a démarré dès le début de la colonisation acquiert sa dimension moderne, se détachant des révoltes spontanées et localisées, devenant un mouvement militaire maîtrisant les techniques de la guérilla mais surtout doté d’objectifs et d’une stratégie politiques, recherchant l’unité nationale autour d’un objectif dépassant les intérêts particuliers, et fortement unificateur : l’indépendance nationale.
Dans ce cheminement, le 20 août 1955 marque une étape. Conçu et dirigé par Zighoud Youcef, ce soulèvement avait des objectifs politiques. Il était d’abord une mobilisation de la population, exaspérée par le régime d’exception imposé par les autorités coloniales qui avaient autorisé les zones interdites, les bombardements aveugles des villages, la répression systématique au nom de la responsabilité collective introduite comme règle par le gouverneur général Soustelle. Les dirigeants de la zone du Constantinois ont cherché à entraîner massivement les populations rurales dans la lutte pour l’indépendance. Ils ont cherché à souder la population à son élite politique.
La riposte de l’autorité coloniale
La riposte des autorités coloniales à la guerre de libération se manifeste dès le déclenchement du 1er novembre. Au début de 1955, le gouverneur général Jacques Soustelle annonce les mesures politiques de son plan : gagner une part importante de la population algérienne en favorisant notamment la promotion de certaines catégories. Les dirigeants de la zone 2 veulent, d’une part, entraîner les populations à l’action contre le système colonial et en même temps s’opposer à la création d’une troisième force.
L’armée française en Algérie fut surprise par le déclenchement du 1er novembre, malgré les avertissements et les alertes de services de renseignements et de ses indicateurs. Elle était complètement inadaptée à une guerre de guérilla. Après un affolement passager, les responsables militaires et civils retrouvèrent leur optimisme. On entreprit d’arrêter les anciens militants fichés pour leurs sentiments nationalistes et dont beaucoup n’avaient pas participé au mouvement. Dès le début, les techniciens de l’armée avancèrent les multiples propositions qui allaient être utilisées pendant toute la guerre : quadrillages, ratissages, bombardements des villages, déplacements des populations, exécutions sommaires, etc. Le commandant en chef, le général Cherrière est un adepte des opérations spectaculaires qui mobilisent de gros moyens et il est partisan du « peigne fin ». Il réussit à faire accepter par le gouverneur général Léonard et le préfet de Constantine de l’époque Dupuch l’installation de camps de regroupement. Dès la fin de l’année 1954, on pensait déjà aux milices européennes armées, aux groupes d’autodéfense, à la constitution des harkas composées d’auxiliaires algériens. Les premiers parachutistes arrivent dans les Aurès dès le 8 novembre, commandés par le colonel Ducourneau de la division de Pau. Les autorités civiles et militaires de la zone de Batna ont été unanimes à demander des bombardements massifs sur les régions considérées comme suspectes. Les Européens constituèrent les premières milices. Le 23 novembre 1954, on demanda à des habitants de plusieurs douars de quitter leurs habitations pour se regrouper dans des zones de sécurité dans les trois jours, sous menace de bombardements. La presse procolonialiste parla des « populations loyales » qui s’étaient regroupées au douar Touffana, lieu fixé par l’armée française. Devant la faible affluence réelle des populations qui avaient été peu nombreuses à quitter leurs villages, le gouverneur Léonard dut différer le bombardement.
Le 15 février 1955, Jacques Soustelle arrive officiellement à Alger. Il a été nommé gouverneur général le 25 janvier par Mendès-France, avant que celui-ci ne soit renversé par le Parlement. Les deux hommes étaient tombés d’accord pour mettre en œuvre une série de réformes politiques : application du statut de 1947, jusque-là bloqué par les représentants de la minorité européenne, extension des droits politiques à un nombre plus important d’Algériens, redistribution de terres et lutte contre le chômage. L’élimination des combattants de l’ALN était la priorité mais les deux hommes avaient compris la nécessité de dégager une force politique algérienne acquise au maintien de la présence française, appuyée par une partie de la population dont on aurait amélioré les conditions de vie. Cette ligne de conduite de Soustelle marquera l’attitude des différents gouvernements français jusqu’à l’indépendance. Seules varieront les attitudes envers la minorité européenne que les gouverneurs Soustelle et Lacoste chercheront à privilégier en leur maintenant un statut privilégié et le comportement vis-à-vis de la fraction extrémiste de l’armée, hostile au pouvoir légitime qu’elle renversera par la rébellion du 13 mai 1958. Soustelle chercha un temps un compromis avec les élus MTLD n’ayant pas participé au déclenchement de la guerre de libération, jetés en prison juste après le 1er novembre 1954. Mostefa Ben Boulaïd, alors en prison en Tunisie, est même approché par Vincent Monteil qui faisait alors partie du cabinet de Soustelle. Le leader de la zone I de l’ALN reprend les revendications politiques du FLN : amnistie générale, élections libres et reconnaissance de la souveraineté algérienne et du droit à l’indépendance. Les discussions avec les élus MTLD arrêtés ne donnent rien. Soustelle n’est pas prêt à aller jusqu’à l’égalité complète des droits et à la reconnaissance du droit à l’indépendance. Il chercha sa troisième force ailleurs.
Au début de l’année 1955, tous les effectifs de l’armée française en Algérie sont affectés dans les Aurès. Ils sont insuffisants pour contenir l’extension de la lutte armée malgré les moyens importants qui y sont déployés. On utilise des armes inadaptées aux techniques de guerre : blindés, aviation, régiments imposants. L’ALN montre son efficacité par sa parfaite maîtrise des techniques de guérilla : unités légères et extrêmement mobiles, harcèlements, refus du combat frontal, embuscades surprises. La division de la région Est, comporte dix mille hommes opposés à 360 maquisards à peine. L’armée française méprise ses adversaires et les sous-estime. Jacques Soustelle, qui a été chef des services de renseignements des forces gaullistes sous l’occupation allemande, a saisi la dimension politique et militaire du problème : il faut des réformes politiques. Sur le plan strictement militaire, il a compris l’importance du renseignement. Ce sera une tâche essentielle de l’armée française qui utilisera les mesures répressives. Au début de 1955, le commandement militaire français est débordé : les grands moyens, les bombardements, les ratissages, les déplacements des populations ne donnent pas de résultats militaires. La recherche brutale du renseignement avec l’utilisation des exactions et de la torture ne donnent aucun résultat. Les méthodes des militaires français compromettent les objectifs politiques de Soustelle. Le plan que ce dernier veut mettre en œuvre s’appuie, parallèlement à la répression des maquisards, sur l’encadrement de la population algérienne qu’on veut gagner. Il insiste sur la mise en place des SAS (Sections administratives spécialisées), tournées vers l’action psychologique où un « officier des affaires indigènes » mène une action humanitaire (soins, distribution de vivres, école) en même temps qu’un encadrement des populations qui sont systématiquement fichées, photographiées, continuellement interrogées. La majorité des SAS devient des centres de renseignements et de tortures. Le général Parlange à qui a été confiée cette mission dans le Constantinois, sera un homme de la répression comme l’avouera plus tard Germaine Tillion qui l’a rencontré.
Soustelle ordonne officiellement d’appliquer la responsabilité collective
Les « camps d’hébergement » créés dans le Constantinois par l’état d’urgence que Soustelle a instaurés au début de 1955, sont utilisés pour parquer les suspects, soupçonnés d’avoir des sentiments antifrançais selon l’administration coloniale.
Le 13 mai 1955, Soustelle, sollicité par son gouvernement, donne son accord pour l’extension de l’état d’urgence à toute la région du Constantinois. Le 14 mai, il donne l’ordre de transférer trois bataillons des Aurès vers le Nord-Constantinois et demande de nouveaux renforts. Les instructions écrites qu’il donne à ses soldats sont fermes : « Toute éclosion de rébellion nouvelle doit entraîner aussitôt, d’une part, actions brutales contre bandes rebelles, d’autre part, sanctions contre les complices en vertu des responsabilités collectives. » Cette notion de responsabilité collective autorisée par instruction écrite du gouverneur général va entraîner arrestations sommaires, déportations dans des camps, tortures et exécutions. Le 17 mai, le gouvernement français décide de porter à 100.000 hommes les effectifs engagés en Algérie par envoi de troupes cantonnées en Allemagne et en Tunisie.
Les populations algériennes soumises à une terrible répression
En mai 1955, on avait constaté les premières attaques contre des Européens. Les autorités du département de Constantine reconnaissaient que les grandes villes étaient mal protégées avec des effectifs insuffisants, et que le recrutement de supplétifs algériens n’avait pas donné de résultats probants. Soustelle impose une politique de répression aveugle et favorise le recours aux bombardements aériens. Il cède devant la pression des extrémistes de la minorité européenne. Il ferme la voie à toute ouverture politique et se sépare de l’aile gauche de son cabinet qui y avait cru. Vincent Monteil écrit dans sa lettre de démission du 24 juin 1955 : « Le choix qui vous a été imposé n’est que trop clair : les arrestations arbitraires se succèdent ; les camps dits « d’hébergement » se garnissent de plus en plus d’innocents ; l’armée détruit, bombarde, exécute sommairement et profane les tombeaux ; chaque jour, les tribunaux militaires condamnent à mort sans charges suffisantes. » Germaine Tillion et Jacques Juillet en font autant. Pour Jacques Juillet, la priorité est désormais la recherche d’une victoire militaire sur les maquisards de l’ALN et la répression des populations civiles : bombardements massifs avec usage de l’aviation, transferts des populations, tortures, exécutions sommaires.
En 1955, les combattants de la zone 3, sous le commandement de Krim Belkacem, réussissent à étendre le climat d’insécurité et harcèlent les militaires français qui sont dotés de puissants moyens (chars, automitrailleuses) qui sont inadaptés au terrain. En plus de la récupération des armes, l’objectif stratégique était politique: remonter le moral de la population, lui rendre confiance et l’entraîner dans la lutte pour l’indépendance. Krim Belkacem est un des premiers chefs de l’ALN à monter des opérations avec la participation directe des populations : routes coupées, incendies de récoltes, sabotages des lignes téléphoniques, destruction de ponts. Ces actions alternent avec des opérations purement militaires avec principalement la liquidation des agents du colonialisme.
Après la mort de Didouche Mourad en janvier 1955, Zighoud Youcef prend le commandement de la zone II, secondé par Lakhdar Bentobbal à Mila et Collo, Mokhtar Badji à Souk-Ahras et Mostefa Benaouda à Annaba. La zone II de l’ALN a été l’un des bastions du mouvement de libération nationale avec une très forte implantation de l’ancien MTLD et de son organisation spéciale. La direction de la zone décide de lancer une campagne d’abord politique pour rendre confiance à la population exaspérée par les mesures de répression ordonnées par Soustelle, et pour contrer les tentatives de ralliement de quelques Algériens acquis au maintien de la présence française.
Les combattants de la zone II multiplient leurs offensives
Pour célébrer le dixième anniversaire des massacres de 1945, les fidayîn de Constantine attaquent le Casino le 8 mai 1955. En même temps des fonctionnaires algériens de l’administration française sont ciblés. Le 10 mai, la ville de Mila est complètement isolé par les maquisards pendant plusieurs heures. Le quartier général des parachutistes du colonel Ducourneau à El Arrouch est attaqué. Les cellules de combattants se constituent dans les villes. Les effectifs de l’ALN se renforcent. La répression qui s’abat sur les populations civiles en mai 1955 est terrible. Exécutions à vue des civils, incendies des habitations, tortures systématiques et généralisées, suivant en cela les instructions secrètes données par écrit par le gouverneur Jacques Soustelle. Des milices constituées d’Européens s’illustrent avec à leur tête notamment Gratien Faure et Isella, le maire de Hamma Plaisance.
Zighoud Youcef et ses adjoints sentent le poids de leurs responsabilités. Il faut donner un nouveau souffle à la Révolution, soulager les Aurès qui avaient jusque-là supporté le poids le plus lourd. Il faut contrer les manœuvres de la colonisation qui cherche à dégager des éléments qui lui seraient favorables au sein de la population algérienne. Zighoud Youcef propose une série d’actions qui se feront avec les populations. Les cadres de la zone II sont conscients des risques militaires importants. Zighoud voit les avantages politiques : la population sera directement engagée dans la lutte de libération, le FLN prouvera son audience, la Révolution sera puissamment relancée. Sur le plan psychologique, l’impact sera énorme avec la généralisation du climat d’insécurité à travers les campagnes et les villes de tout le Constantinois. Symboliquement, pour cette offensive, on choisit la date du 20 août, par solidarité avec le Maroc, cette date étant l’anniversaire de la déposition du Sultan. Le 20, à partir de midi, les actions auront lieu dans les villes, le 21, seront visés les postes militaires, et le 22 on s’en prendra aux indicateurs et traîtres et à des colons.
71 Européens tués, 12.000 Algériens morts et disparus
Le 20 août on dénombre 71 victimes européennes, 1273 Algériens sont tués et plus de 1000 faits prisonniers. Les Européens se font vengeance entraînés par le maire de Philippeville Benquet-Crevaux qui dirige les tueries. Les massacres dureront plusieurs jours dans la région. Les militants du FLN procèdent à un travail de recensement méticuleux, village par village avec des noms et des adresses. Le bilan se serait élevé à 12.000 morts et disparus. Les prisonniers arrêtés le 20 août sont fusillés sans formalités. Des villages sont incendiés.
Jacques Soustelle, qui a été le promoteur de la politique de « la responsabilité collective » et qui a couvert par des instructions écrites les représailles menées par l’armée française, se rapproche des éléments les plus extrémistes de la minorité européenne. Pour lui, la priorité c’est le rétablissement de l’ordre, la répression des maquisards de l’ALN, l’élimination des foyers nouveaux. Il tient à sa troisième force. En septembre 1955, il pense à renforcer les rangs des fonctionnaires algériens sur lesquels il compte pour mener sa politique. Ses efforts sont rapidement ruinés par le FLN qui a réussi à faire un travail de propagande auprès des élus algériens présents dans les différentes assemblées.
La motion des 61 : échec à la troisième force
Le 26 septembre, à la veille de l’ouverture de la session de l’Assemblée algérienne, 61 élus participant à une réunion présidée par le député de Constantine Bendjelloul votent une motion qui dénonce la politique de répression : 10 députés, 5 sénateurs, 4 conseillers de l’Union française, 42 délégués à l’Assemblée algérienne. Le préfet de Constantine Dupuch affirme : «L’intégration est dépassée. On se casse le nez à trouver des hommes valables. » Dans un télégramme secret daté du 29 septembre 1955 adressé au ministre de l’Intérieur Bourgès-Maunoury, Soustelle lui-même décrit la réalité : « La plupart des élus sentent que leurs assises électorales sont faibles et ils cherchent confusément à rallier une opinion musulmane avec laquelle ils n’ont guère d’attaches…» Le FLN s’adresse aux élus algériens dans un tract qui leur est destiné : « Les élus doivent, s’ils veulent que le peuple leur pardonne leur néfaste passé, déclarer hautement que l’unique solution du problème algérien réside dans la reconnaissance par la France de notre droit à la liberté et à l’indépendance. »
Le soulèvement du 20 août 1955 avait donné un coup d’arrêt à la collaboration des élus algériens avec le pouvoir colonial, et avait attiré l’attention de l’opinion mondiale sur le problème algérien. L’armée française avait été obligée d’acheminer de nombreuses troupes vers la région du Constantinois desserrant l’étau sur les Aurès. L’action politique a connu une grande avancée et la motion des 61 a été une victoire. L’idée d’indépendance gagnait même les élus considérés jusque-là comme « francisés » et proches de l’autorité coloniale. L’adhésion des populations à l’action du FLN a été renforcée.