Logiciel espion Pegasus : les téléphones du premier ministre espagnol et de sa ministre de la défense infectés
Le logiciel espion Pegasus revient au-devant de la scène après l’annonce par le gouvernement espagnol eut confirmé, aujourd’hui, que les téléphones du premier ministre, Pedro Sanchez, et de la ministre de la défense, Margarita Robles ont été infectés, le premier en mai 2021 et le second en juin 2021. Selon plusieurs médias internationaux, les autorités espagnoles ont assuré que les analyses effectuées sur les téléphones de ces deux responsables ont confirmé qu’ils ont été infectés par le logiciel espion Pegasus et que 2,7 gigas de données ont été extraites du téléphone du premier ministre et 9 mégas de celui de la ministre de la défense. Le gouvernement espagnol précise que ce sont les téléphones officiels des deux hauts responsables qui ont été infectés. Pour rappel, c’est la première fois que l’infection du téléphone d’un chef de gouvernement en exercice est confirmée. Les autorités espagnoles ont déclaré avoir transmis ‘tous les éléments techniques découverts par les analyses’ à la justice qui ouvrira une enquête afin d’établir toute la vérité.
Le logiciel Pegasus, développé par la firme israélienne NSO, est un logiciel espion très puissant capable ‘d’aspirer toutes les données d’un téléphone, même les données chiffrées comme les messages via Whatsapp’.
Même si le gouvernement espagnol a affirmé que ces attaques étaient le fait de services secrets d’un autre pays, il ne l’a pas cité nommément. Mais il faut dire qu’à l’époque où les infections ont été découvertes (mai et juin 2021), les relations n’étaient pas au beau fixe entre l’Espagne et le Maroc qui était déjà accusé par des enquêteurs indépendants issus de 17 médias internationaux d’avoir espionné des centaines de personnes dont des hommes d’Etat, des journalistes, des militants des droits de l’homme, des syndicalistes et même des chefs d’Etats.
Selon la même enquête, onze pays sont clients de la firme NSO pour ce logiciel, dont le Maroc, l’Inde, du Mexique, de l’Azerbaïdjan, du Kazakhstan, du Rwanda, de l’Arabie saoudite, du Togo, des Émirats arabes unis, du Bahreïn et de la Hongrie, mais la plupart, pour ne pas dire la totalité, rejettent l’accusation d’avoir espionné leurs propres citoyens ou ceux d’autres pays.
Pourtant, il faut dire que les suspicions visant le Maroc sont trop fortes dans le cas du 1er ministre et de la ministre de la défense espagnols à cause des relations souvent houleuses entre les deux pays, notamment lors de la découverte de l’infection des téléphones de responsables espagnols par le logiciel espion Pegasus, à un moment où le Maroc avait utilisé des milliers de migrants mineurs en leur permettant de franchir la frontière avec l’Espagne pour les utiliser comme moyen de pression concernant les positions de l’Espagne vis-à-vis du Sahara Occidental.
D’ailleurs les derniers développements ayant trait au virage inexplicable et inexpliqué du premier ministre espagnol qui s’est aligné sur les positions marocaines pour ce qui est du Sahara Occidental, même en s’inscrivant à l’encontre de son propre pays et de ses intérêts, laisse supposer qu’il y ait des choses cachées et qu’il ait peut-être subi des pressions trop fortes qui l’y ont poussé. Un média européen a entamé un paragraphe d’un long article sur ce revirement soudain : « Reste que le timing et la méthode de l’annonce de la position espagnole par Rabat, contraire aux usages diplomatiques, posent question ». C’est dire qu’il a dû se passer des choses très graves pour pousser un premier ministre d’un Etat Européen à agir de la sorte.
Y a-t-il relation entre les données aspirées du téléphone du premier ministre et ce revirement ? Le proche avenir nous le dira certainement.
Tahar Mansour