L’Omission d’Alger : Un Silence qui Ébranle les Relations Algéro-Palestiniennes
Le 22 mars 2025, le Président Abdelmadjid Tebboune réaffirme son Engagement et la position inébranlable de l’Algerie en martelant avec fermeté : « L’Algérie ne renoncera pas à la Palestine. Nous l’avons défendue et nous continuerons à le faire », soulignant les efforts diplomatiques intenses menés aux Nations Unies pour traduire en justice les responsables des massacres à Gaza. « Nous avons été les premiers à appeler à la poursuite en justice des responsables et nous le sommes toujours », a-t-il insisté.
Tout en réaffirmant le caractère « fondamental » de la cause palestinienne, Tebboune a critiqué les « réunions restreintes » sur la Palestine, dénonçant un manque de concertation panarabe. Il a également rappelé la demande algérienne, depuis les années 1970, d’une réforme de la Ligue arabe, jugée inefficace et non inclusive.
Un Boycott Symbolique : L’Algérie Snobe le Sommet du Caire( voir ma contribution: Absence notable du Président Algérien Abdelmajid Tebboune au sommet Arabe du Caire : une contestation face à l’exclusion ? du 04/03/2035).
Le 4 mars 2025, un geste politique fort a marqué les relations algéro-palestiniennes : le président Tebboune a boycotté le Sommet extraordinaire de la Ligue arabe au Caire, dédié à la crise palestinienne. Alger justifie cette absence par le « monopole » exercé par un cercle restreint de pays, dont l’Égypte et la Jordanie, accusés d’exclure plusieurs États membres des discussions clés. Bien que représentée par son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, l’Algérie a ainsi exprimé son rejet des méthodes de travail de la Ligue, perçues comme contraires à l’unité arabe. Ce sommet visait notamment à contrer le projet controversé de Donald Trump de transformer Gaza en « Riviera du Moyen-Orient », impliquant le déplacement forcé des Palestiniens vers l’Égypte et la Jordanie.
Le Snub ( affront ou camouflet )de Mahmoud Abbas : Une Omission qui Déchire l’atmosphère sereine de l’Algerie.
Le discours de Mahmoud Abbas lors de ce sommet a provoqué une onde de choc en Algérie. Alors que le leader Palestinien Mahmoud Abbas a longuement remercié les États-Unis, l’Égypte, la Jordanie et même Donald Trump – dont les propositions heurtent les principes palestiniens –, il a ignoré l’Algérie, pourtant alliée historique. Cette omission, interprétée comme un « affront délibéré », a ravivé les tensions. Ahmed Attaf, présent au Caire, a assisté, impuissant, à ce qui ressemble à une marginalisation calculée, alimentant les spéculations sur des pressions externes ou des calculs géopolitiques.
L’Algérie, Un Pilier Méconnu : Preuves d’un Soutien Multiforme.
Les contributions algériennes à la cause palestinienne sont pourtant tangibles :
– Diplomatie: En 2022, Alger a réconcilié le Hamas et le Fatah lors de pourparlers historiques.
– ONU: En 2023, l’Algérie a porté une résolution exigeant un cessez-le-feu à Gaza, isolant Israël sur la scène internationale.
– Aide humanitaire: Des millions de dollars sont envoyés annuellement pour reconstruire Gaza et soutenir les populations pendant le Ramadan.
Hypothèses sur un Silence Éloquent : Les Dessous d’une Indifférence par les
analystes et observateurs avancent trois scénarios :
1.-Realpolitik de Abbas : Cherchant à apaiser Washington et Le Caire, il sacrifierait le soutien Algérien, moins crucial économiquement.
2. -Pressions des Normalisateurs : Les signataires des Accords d’Abraham (Émirats, Bahreïn, Maroc, Soudan) souhaiteraient minimiser l’influence d’Alger, farouche opposante à la normalisation avec Israël.
3.-Crise Interne Palestinienne : L’Autorité Palestinienne, fragilisée, privilégierait des aides immédiates face à l’urgence humanitaire à Gaza.
Les Réactions Internationales : L’ONU et l’UE en Écho:
-Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a insisté sur la nécessité d’une « reconstruction durable » de Gaza, indissociable d’un État Palestinien souverain. De son côté, le Président du Conseil européen, Antonio Costa, a rejeté toute modification de la « nature démographique » de Gaza, appelant à un cessez-le-feu permanent.
La Riposte Algérienne : Dignité et Véhémence par Ahmed Attaf qui a répondu avec un mélange de retenue et de fermeté : tout en réitérant le soutien « inconditionnel » de l’Algérie, il a dénoncé les « manœuvres de fragmentation » de la Palestine et fustigé l’inaction de l’ONU, qualifiant les déplacements forcés de Gazaouis de « génocide silencieux ». « Un monde où la force prime sur le droit ne peut garantir la paix », a-t-il asséné, appelant à une solidarité arabe « désintéressée ».
L’Indignation du Peuple Algérien
est palpable. Son émotion sur les réseaux sociaux, les citoyens rappellent l’accueil historique des dirigeants Palestiniens et les aides constantes. Les positions innombrables du peuple Algérien sont connues depuis 1948.« Comment Mahmoud Abbas peut-il oublier ceux qui ont toujours tenu la porte ouverte ? », s’indigne un éditorialiste. Le hashtag #MerciAlgériePourLaPalestine symbolise ce sentiment de trahison.
La Solidarité à l’Épreuve des Calculs,
Alger annoncera une nouvelle aide humanitaire pour Gaza, l’omission d’Abbas laisse un goût amer. Cet incident révèle les fractures d’un monde arabe divisé, où la Realpolitik menace parfois les alliances historiques. L’Algérie, membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, entend désormais utiliser cette tribune pour remettre Gaza au cœur des débats. Reste à savoir si l’Autorité Palestinienne saura réparer cette brèche ou si le silence de Mahmoud Abbas marquera un tournant dans une relation jusque-là fraternelle.
L’Algerie fidèle à sa position historique, du défunt président Houari Boumedine: « Nous sommes avec la Palestine, injuste ou opprimée », est devenue un « slogan vivant » qui continue de guider tous les Algériens. Nous continuerons à aider le peuple Palestinien. La Palestine peut-elle se permettre de perdre un allié sans équivoque ? Dans un Moyen-Orient en mutation, où les normalisations avec Israël se multiplient, chaque geste – ou absence de geste – pèse lourd. L’histoire jugera si cet épisode fut une simple tension passagère ou le prélude d’une redéfinition des alliances.
« Je ne suis pas d’accord avec ce qu’il dit, mais je défendrai jusqu’à la mort son droit de le dire ». (Voltaire)
Abdelkader REGUIG
Président de l’Ordre des Ingénieurs Experts Arabes. Genève. Suisse
Émail: orarexe@ gmail.com