Lotfi Benbahmed : les dossiers d’enregistrement des médicaments en question
Invité pour la deuxième fois à l’émission LSA Direct du Soir d’Algérie, le ministre de l’industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, a annoncé que le traitement des dossiers concernant l’enregistrement de centaines de médicaments qui se trouvaient en souffrance lors de sa prise de fonction, a connu une avancée notable.
En effet, à ce jour, 320 produits pharmaceutiques ont été enregistrés par l’agence du médicament et qui viendront augmenter la nomenclature des produits pharmaceutiques disponibles en Algérie. Le ministre rappelle que, lorsqu’un produit est fabriqué localement, sa disponibilité est assurée, au-delà de la valeur ajoutée créée pour la croissance du pays, les emplois, la richesse et, éventuellement, l’exportation.
« Nous avons aussi 400 autres produits, nous en avions plus de 700 qui devaient passer par un process réglementaire que nous venons de mettre en place », indique le ministre. Il rappelle aussi que l’Agence Nationale des Produits Pharmaceutiques (ANPP) qui existait depuis 2008 n’avait pas de cadre règlementaire pour pouvoir prendre en charge ses missions.
« Pour ce faire, nous avons mis en place le cadrer règlementaire par un certain nombre de décrets exécutifs publiés au journal officiel qui permettent, douze ans après la création de l’ANPP, de mettre en place les dispositions et à cette institution d’entamer son travail », continue le ministre.
Outre le fait d’avoir doté l’ANPP de tous les instruments légaux pour lui permettre de s’engager résolument dans ses missions, des lois ont été mises en place pour la définition des prérogatives du nouveau ministère de l’industrie pharmaceutique et, début octobre, les attributions en termes de régulation ont été signifiées au ministère et alors une attestation de régulation (interministérielle) est remise à l’importateur pour les produits finis ou pour l’intrant afin d’opérer un contrôle adéquat sur toutes les opérations.
« Auparavant, il n’y avait aucun contrôle sur les prix de la matière première et aucun document n’était demandé pour cela aux importateurs. Nous avons découvert que le kilo de même matière première ‘coutait’ pour un importateur à 80 USDollars, 140 pour le second et plus de 17000 dollars pour un troisième, plus de deux cents fois le pris déclaré par le premier », a révélé Dr Benbahmed.
Il faut dire aussi que c’était aussi des importateurs étrangers, en plus des algériens, qui pratiquaient cette surfacturation éhontée, une véritable rapine opérée sur notre économie ».
La surfacturation était aussi faite pour tout ce qui touchait aux produits pharma, il y avait même des sociétés qui se facturaient à elles-mêmes. « Nous avons aussi constaté que des produits qui étaient en rupture depuis le début de l’année n’ont été importés qu’à partir du mois d’octobre à cause juste d’opérations de marketing et d’accélération pour leurs laboratoires, des considérations très éloignées de l’intérêt de la santé publique et encore moins de celui du pays », a annoncé le ministre.
« En mettant en place cette batterie de régulation, nous avons comme objectifs de protéger la production nationale, car il était indispensable de ne plus importer les produits fabriqués localement qui périmaient chez le producteur ou étaient bloqués à l’enregistrement, de lutter contre les surfacturations et éviter les surstocks.
Nous avions bizarrement 12 à 15 mois de stock de produits onéreux qui périmaient alors qu’il y a des ruptures récurrentes pour ceux qui ne coutent pas cher et, donc, ne rapportent pas assez pour les importateurs de mauvaise foi », explique encore le ministre de l’industrie pharmaceutique.
Toujours dans le cadre de la lutte contre toute forme de trafics touchant les produits pharmaceutiques, le département de Lotfi Benbahmed s’est engagé dans une opération d’étiquetage intelligente dont il est à la première phase.
Cette opération concerne la numérisation des stocks, puis les programmes d’importation avec un agenda de livraison précis et, grâce à cela, nous aurons une visibilité adéquate et même les éventuelles ruptures pourraient être anticipées et faire les corrections nécessaires en termes de programmes de production ou d’importation afin de les éviter.
Il y aura aussi la sérialisation des produits qui permettra un suivi de chaque boite de médicaments ou de produit pharma, à partir de sa production et jusqu’au patient qui l’obtient, à commencer par les produits à ‘problèmes’, comme les psychotropes.
Toujours dans le cadre de la protection de la production nationale, de nouvelles règlementations sont mises en place afin de permettre aux producteurs locaux de demander au comité économique du ministère de l’industrie pharmaceutique de revaloriser les prix des médicaments qu’ils produisent si la dévaluation du dinar face aux autres monnaies le met dans une situation déficitaire.
« Il est vraiment paradoxal que l’importation soit systématique revalorisée alors qu’il n’en est rien pour la production locale. Nous allons donc mettre en place ces instruments pour que, systématiquement là aussi, les producteurs puissent voir leurs prix réévalués lorsque la demande est justifiée, soit à cause de la dévaluation du dinar ou de l’augmentation du prix de la matière première, nous pouvons aussi, soit réviser à la hausse, soit à la baisse quand les prix sont moindres au niveau international », note le ministre. Il y aura aussi le taux d’intégration qui entrera dans le calcul des réévaluations.
Ces instruments, contenus dans le nouveau cahier des charges, seront mis en œuvre à partir de la semaine prochaine, déclare Dr Lotfi Benbahmed.
Concernant le vaccin contre la covid19, le ministre déclare que c’est le comité scientifique, dont il fait partie, qui aura la tâche de choisir le vaccin : « nous choisirons les vaccins en fonction de leur disponibilité et de l’actualisation scientifique. « Nous avons instruction de Monsieur le président de la république d’entamer la vaccination dès le mois de janvier prochain et nous sommes en contact avec un certain nombre de laboratoires qui ont ou qui auront ce vaccin pour le mois de janvier, il y a plus de 200 vaccins qui sont en développement mais il n’y en a que quelques-uns qui sont au point », explique-t-il.
Abordant le côté logistique de la distribution et du stockage des vaccins, dont certains nécessitent une chaine de froid assez importante, le ministre de l’industrie pharmaceutique assure que : « l’ensemble des producteurs pharmaceutiques nationaux ont mis à disposition leurs réseaux, et l’Algérie maitrise déjà la logistique des vaccins qui nécessitent des températures assez basses, nous avons vaccinés il y a quelques années plusieurs millions d’enfants contrer la rougeole de manière assez facile.
D’ailleurs notre pays est pionnier dans les plans de vaccination en Afrique et dans la région. Si le choix se dirige vers les vaccins anti-covid119 nécessitant jusqu’à -80°, nous mettrons en place les équipements nécessaires ».
L’Algérie se dirige donc à pas assurés vers une industrie pharmaceutique apportant de la valeur ajoutée à l’économie nationale, avec des pratiques de transparence et de savoir-faire qui la feront entrer de plain-pied dans le cercle restreint des pays exportateurs de produits pharmaceutiques après avoir, bien entendu, remis toutes les pendules… médicales à l’heure.
Tahar Mansour
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