Lyes Kerrar : « Nous avons un système fiscal dysfonctionnel »
Intervenant en marge d’un atelier dédié à l’inclusion financière et le rôle du secteur privé dans le financement de l’investissement, le consultant financier du cabinet de consulting Humilis et membre du collectif (CARE), Lyes Kerrar, a plaider pour revoir notre approche sur la facturation, face à un système fiscal dysfonctionnel. « L’accès à des services financiers abordables et une fiscalité simple jouent un rôle essentiel dans la réduction de la pauvreté et la croissance économique. C’est aussi une réforme primordiale pour ouvrir la voie à l’inclusion financière » explique M. Kerrar, soulignant qu’on ne met en place un impôt que si nous sommes assurés qu’une grande partie, disons au minimum 70% à 80 %, des contribuables censés le payer, le paient effectivement. « La fiscalité actuelle n’encourage à laisser la trésorerie dans les entreprises, sachant que les intérêts perçus par une entreprise imposés à l’IBS est de 26%. Pire encore l’imposition automatique à l’IRG des bénéfices non distribués après trois ans » déplore notre consultant financier, rappelant que 61 % de la TVA collectée est collectée par les douanes, alors que la TVA intérieure ne dépasse pas les 3%. Abondant dans le même ordre d’idée, l’orateur assure que dans tous les domaines l’activité transactionnelle est très en deçà de ce qu’elle devrait être pour la taille de notre économie. « Idem pour le code de l’enregistrement qui demeure incompréhensible non seulement pour le commun des marchés mais aussi pour les fiscalités les plus chevronnés ; retreint les transactions et incertitudes sur la fiscalité applicable. Pour cela, tous les droits d’enregistrement doivent devenir fixes ou plafonnés, ainsi que les honoraires de notaire » prône l’expert, soulignant que dans un secteur, un acteur ne peut pas facturer la TVA, 19% de plus, si ses principaux concurrents fonctionnent sans TVA. « Il faut supprimer ou réduire fortement les régimes d’impôt forfaitaires, ainsi que les taux favorisant dans les faits l’informel, et protéger le droit du client d’obtenir une facture et supprimer l’obligation de mettre les coordonnées du client sur la facture » insiste notamment M. Kerrar.
Yahia Maouchi