Mario Draghi jette l’éponge : L’Italie entre dans une période d’incertitudes …
Toute la presse locale et européenne notamment en parle : Le premier ministre italien, Mario Draghi, a remis sa démission au président Sergio Mattarella au lendemain de l’implosion de sa coalition d’unité nationale au Parlement,
« Le Président de la République en a pris acte. Le gouvernement reste en place pour la gestion des affaires courantes », a annoncé la présidence (italienne) dans un communiqué.
« L’ère Draghi, c’est fini », commentent les médias. « L’Europe n’avait pas besoin de ça en ce moment », analyse de son côté Marc Fiorentino sur Meilleur taux Placement quelques instants après l’annonce.
Pour ce banquier, l’Italie non plus n’avait pas besoin de cela.
« Dans un scénario à l’italienne, le gouvernement Draghi n’est pas vraiment techniquement tombé mais Draghi n’a pas d’autre choix que de démissionner », écrit-il encore.
Pourtant, aux dires du financier, l’ex premier ministre italien avait accompli « un exploit » depuis février 2021, lui qui a pu convaincre les principaux partis politiques italiens, de tous bords, de coopérer ensemble pour permettre à l’Italie de se réformer.
Mario Draghi imposait également des réformes structurelles, sans précipitation car il était persuadé qu’il avait le temps pour lui. L’Italie a donc commencé à se réformer.
Commencé seulement car l’Italie est en retard de 10 à 15 ans sur les réformes et Draghi n’était en place que depuis un peu plus d’un an.
Mais, déplore Marc Fiorentino, la vie politique italienne a repris le dessus.
« Les habitudes, surtout les mauvaises, ont la peau dure. Et des brèches sont apparues dans la coalition », a-t-il soutenu.
Donc, à ce moment-là, Draghi commençait à être contesté jusqu’au refus d’un partenaire de la coalition de voter une réforme.
Il a donc voulu réaffirmer son autorité en menaçant de démissionner et en déclenchant un vote de confiance. Mais ça n’a pas fonctionné.
Pire, « ce vote de confiance n’a pas pu avoir lieu dans des conditions normales car trois partis, le Mouvement 5 étoiles, la Ligue et même Forza Italia ont préféré boycotter le vote ». Mario Draghi n’a donc pas d’autre solution que de démissionner aujourd’hui.
Néanmoins, rappelle-t-on, « Draghi va rester au pouvoir jusqu’aux prochaines élections qui devraient se dérouler en octobre mais il ne pourra plus rien faire. Il a les mains liées ».
C’est donc parti pour une période chaotique. Selon les premiers sondages, le centre droit mais surtout les « Frères d’Italie », le parti d’extrême-droite de Giorgia Meloni serait les bénéficiaires de ces élections et le Mouvement 5 étoiles en sortirait perdant.
L’Italie devait recevoir 200 milliards d’euros d’aides de l’Europe en échange des réformes. Cette aide, nécessaire à la croissance, pourrait être remise en question.
Les taux d’emprunt de l’Etat italien devraient remonter dans les semaines qui viennent et obliger la BCE à intervenir massivement sur la dette italienne pour éviter la «fragmentation» de la zone. La bourse italienne pourrait être sous pression aussi. Et l’euro aura une raison de plus d’être sous pression.
Dirigeant pragmatique et banquier influent, Mario Draghi a « construit sa carrière dans les plus grandes instances économiques au monde ».
Diplômé de l’université La Sapienza à Rome en économie et du prestigieux MIT, « Super Mario » a dirigé le Trésor italien et la Banque d’Italie avant de prendre la tête de la Banque centrale européenne en 2011.
Il prononce un discours historique et salvateur pour l’euro en juillet 2012, alors que l’Union monétaire est au bord de l’implosion. Ce costume de sauveur, il l’endosse une nouvelle fois en février 2021, lorsqu’il devient président du Conseil des ministres italien.
R.I