Maroc-gate : L’eurodéputée Eva Kaiki, et la femme et la fille d’Antonio Panzini maintenues en prison
L’eurodéputée grecque Eva Kaili, inculpée il y a quelques semaines pour corruption impliquant le Maroc, reste en prison pour le moment, conformément à la décision de la justice belge. L’intéressée a été déchue de son poste de vice-présidente du Parlement. Parallèlement la fille et l’épouse d’Antonio Panzeri sont détenues en Italie, dans l’attente de leur éventuelle extradition vers la Belgique. Elles ont maintes fois été reçues de façon princière au Maroc. Elles y sont parties chercher de l’argent pour le compte de l’ex-eurodéputé Antonio Panzeri, comme l’ont prouvée de nombreuses écoutes déclassifiées. C’est l’ambassadeur marocain en Pologne, Abderrahman Atmoun, qui assurait la réception des grosses enveloppes d’argent. Dans ce scandale qui a provoqué une onde de choc au Parlement européen, Eva Kaili fait partie d’un quatuor de suspects incarcérés après une inculpation pour “appartenance à une organisation criminelle”, “blanchiment d’argent” et “corruption”. Le 14 décembre avait déjà été décidé le maintien en prison de Francesco Giorgi, compagnon de l’eurodéputée socialiste, et de l’ancien eurodéputé Pier Antonio Panzeri, qui apparaissent aussi comme des figures clefs du dossier. Un quatrième inculpé, Niccolo Figa-Talamanca, dirigeant d’une ONG, s’était vu accorder ce jour-là un placement sous bracelet électronique, mais la mesure a été suspendue, car le parquet fédéral a interjeté appel. Une audience a été fixée au 27 décembre, selon son avocate. En Belgique, l’enquête dirigée par le juge financier Michel Claise a donné lieu à vingt perquisitions entre le 9 et le 12 décembre, y compris dans les locaux du Parlement européen à Bruxelles. Le père d’Eva Kaili a été gardé à vue pendant 48 heures dans la capitale belge, tandis que l’épouse et la fille de Pier Panzeri, ciblées par un mandat d’arrêt européen, ont été interpellées en Italie. Au total, les enquêteurs belges ont mis la main sur 1,5 million d’euros en liquide, d’après la même source judiciaire. Outre les 150.000 euros découverts chez Eva Kaili, son père a été surpris avec une valise contenant 750.000 euros en espèces. Enfin, 600.000 euros ont été saisis au domicile d’Antonio Panzeri, ancien élu socialiste du Parlement européen qui a fondé en 2019 à Bruxelles l’ONG Fight Impunity, dont les trois ans d’activité sont désormais scrutés à la loupe. Le dirigeant syndical italien Luca Visentini, qui connaît Pier Antonio Panzeri, a admis cette semaine avoir reçu de Fight Impunity un don en espèces d’environ 50.000 euros, mais il a assuré qu’il n’était lié à aucune tentative de corruption ou trafic d’influence au profit du Qatar. L’ex-eurodéputé italien Antonio Panzeri, au centre de l’immense scandale dit du Maroc-gate, incarcéré à Bruxelles depuis quatre jours, vient de se mettre à table. Il a en effet confirmé l’accord secret conclu avec le contre-espionnage marocain, la DGED de Yacine Mansouri, contre lequel la justice belge a d’ailleurs délivré un mandat d’arrêt international. Antonio Panzeri, qui a présidé un « groupe d’amitié » avec le Maghreb durant son mandat étalé entre 2014 et 2019, était payé 5.0000 dollars par mois pour bloquer discrètement toutes les décisions hostiles au Maroc au niveau du Parlement européen. L’argent transitait par l’ambassade marocaine en Pologne, tenue par Abderrahim Athmoum. Ce détour visait vraisemblablement à brouiller les pistes des éventuels enquêteurs. Panzeri, chez qui pas moins de 1,7 millions d’euros en liquide ont été trouvés, avait même séjourné dans les camps de réfugiés sahraouis pour brouiller les pistes et pour faire de l’espionnage au profit du Makhzen, a par la suite créé une ONG bidon, fighting Impunity, pour continuer à toucher de l’argent sale marocain, et à défendre les intérêts coloniaux de Rabat. Il s’est même avéré que Panzeri a réussi à trainer Cazeneuve et Moghreni dans son sillage sulfureux. Ils ont tous deux fait partie du conseil d’administration de cette ONG, qui a perçu la bagatelle de 500.000 euros comme frais de départ. Cazeneuve est un ancien Premier ministre français et Moghreni une ancienne commissaire européenne en charge de l’émigration clandestine.
Ali Oussi