Marocgate : Quand Rachid M’Barki, journaliste à BFM TV voulait « faire briller le Maroc »
Nouveau rebondissement dans le scandale de corruption au Parlement européen, dont le Maroc est largement impliqué.
Le Marocgate, s’étend en effet à la chaîne française d’information BFM TV dont la direction a lancé une enquête interne pour « comprendre l’origine de contenus diffusés par la chaîne dans des circonstances troubles ». Au moins l’un porte sur le Maroc, a rapporte ce jeudi, le journal Belge Politico.
Une dizaine de contenus suspects ont été ainsi identifiés. Selon une source au fait de l’enquête, la direction s’interrogeait aussi sur « l’influence d’autres Etats ».
Il s’agit précisément, « des images et propos n’ayant pas suivi les circuits de validation habituels ont été diffusés pendant l’émission Le journal de la nuit, un journal télévisé diffusé à partir de minuit, laissant soupçonner une ou plusieurs opérations d’influence »précise-t-on de même source.
Les auditions ont notamment été lancées auprès des collègues du présentateur Rachid M’Barki, qui n’est plus apparu à l’antenne depuis la mi-janvier.
«Une enquête interne a été ouverte il y a deux semaines suite à des informations reçues concernant un journaliste de notre chaîne », a confirmé auprès de Politico Hervé Beroud, directeur général délégué d’Altice média, la maison mère de BFMTV.
«Ce journaliste est en dispense d’activité depuis le début de cette enquête et pour tout le temps de cette enquête. BFM est probablement victime dans cette affaire et nous ne pouvons tolérer aucune suspicion sur le travail de l’ensemble de notre rédaction et de nos 300 journalistes », a-t-il déclaré.
Contacté, Rachid M’Barki explique avoir «utilisé des infos qui [lui] venaient d’informateurs » et qui n’ont «pas forcément suivi le cursus habituel de la rédaction ».
Le journaliste nie toutefois tout caractère intentionnel : «Elles étaient toutes réelles et vérifiées, je fais mon métier. (…) Je n’écarte rien, peut-être que je me suis fait avoir, je n’avais pas l’impression que c’était le cas ou que je participais à une opération de je ne sais quoi sinon je ne l’aurais pas fait ».
Une réunion d’urgence a été organisée par la direction des ressources humaines à la suite des révélations de Politico jeudi matin, afin de communiquer de premiers éléments sur l’enquête.
Plusieurs membres de la rédaction ont en tête la diffusion d’un reportage présenté par Rachid M’Barki, à propos du forum économique de Dakhla, que le présentateur décrit comme étant « une ville du sud du Maroc », où se sont réunis des investisseurs espagnols en juin 2022, (alors que dans les faits, Dakhla est une ville du Sahara Occidental occupé illégalement par le Maroc).
Sur fond d’images promotionnelles de l’événement, le présentateur y fait référence au «réchauffement des relations diplomatiques» entre l’Espagne et le Maroc, facilité, dit-il, par la «reconnaissance espagnole du Sahara marocain», rappelle le journal belge qui rappelle qu’en juillet 2019, Rachid M’Barki était invité à une célébration du 20e anniversaire de l’accession au trône du roi du Maroc.
D’origine marocaine, le journaliste y parlait de ses liens avec le pays dans un entretien vidéo mis en ligne par le média marocain Le 360, considéré comme proche du Palais.
Interrogé sur sa participation à un rapprochement «à travers des ONG» entre la France et le Maroc, le journaliste affirmait vouloir «rester très discret là-dessus», ajoutant : «J’essaye d’agir à ma manière à mon petit niveau pour faire briller le Maroc.»
Y.Y