Martyr de la Révolution : Abbes Laghrour, le Lion des Aurès
Celui que les Khenchelis avaient surnommé « Le lion des Aurès » était connu pour son grand patriotisme et son engagement sans faille dans le combat pour une Algérie libre et indépendante.
Colonel de la Wilaya I, Abbes Laghrour a, dès le début des années 1940, milité au sein du mouvement national.
Né le 23 juin 1926, au Douar N’Sigha, dans la wilaya de Khenchela, au sein d’une famille pauvre, Abbes Laghrour est inscrit à l’école française où il suit son cursus scolaire, jusqu’à l’obtention de son certificat d’études primaires. Alors qu’il est un élève assidu, il est, en dehors des heures de cours, employé comme cuisinier par le gouverneur de la ville.
A cette époque, l’Algérie traversait une période d’effervescence politique qui allait amener un grand nombre d’Algériens à militer au sein de partis ou d’associations afin de tracer les premières voies devant mener à la lutte armée pour l’indépendance du pays.
Abbès Laghrour qui est animé d’un grand esprit nationaliste, adhère, lui aussi, à partir de 1950, au Parti du peuple algérien (PPA), activant aux côtés du militant Brahim Hannachi, responsable régional pour les Aurès.
Suspecté d’activisme par son patron, il est renvoyé de son poste de travail. Mais cela est loin de le décourager.
Au contraire, Abbès ne tarde pas à ouvrir une boutique de légumes au marché de la ville. Boutique qui servira à nourrir la famille mais aussi à abriter les réunions clandestines des militants du parti.
Militant actif, mû par de grandes valeurs et un engagement inconditionnel pour la cause nationale, Abbès Laghrour est désigné par ses responsables hiérarchiques au poste de responsable de la kasma du parti à Khenchela. Conscient de la tâche délicate qui lui est assignée, il s’investit totalement, n’hésitant pas à initier des actions courageuses au nom de l’Algérie libre et indépendante.
Ainsi, il participe aux manifestations qui se déroulent entre le 1er et le 8 mai 1945 dans sa ville et où le drapeau algérien est hissé pour la première fois par un certain Athmani Tjani qui devient, par la suite, un de ses principaux adjoints.
En 1951, Abbès Laghrour organise une marche imposante pour laquelle il mobilise tous les jeunes de sa localité. Cette marche pour la dignité sera l’occasion pour les manifestants, à leur tête Abbès Laghrour, de dénoncer le chômage et la misère qui rongent la population.
Les autorités coloniales ne tardent pas à l’arrêter. Voulant le faire parler, ils lui font subir les pires tortures. Il en ressortira avec une grave maladie pulmonaire qui le contraindra aux soins pendant de longs mois. Ses onéreux frais médicaux sont alors pris en charge par le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD).
Après une période de convalescence passée à Batna, il retourne à Khenchela une fois remis sur pieds pour reprendre ses activités militantes au sein du parti.
Abbès Laghrour prend part, en compagnie de Mustapha Benboulaïd, Adjel Adjoul et Belkacem Grine aux préparatifs pour la Révolution dans la région des Aurès. Il est même en charge des groupes installés pour le lancement des attaques au cours de la nuit du 1er novembre 1954.
Après le déclenchement de la guerre de libération, Abbès Laghrour est engagé dans différentes batailles. « Le lion des Aurès » n’était pas seulement un décideur, c’était aussi un combattant qui n’a pas hésité à prendre les armes pour se retrouver au front aux côtés des autres moudjahiddine. Il sera notamment engagé dans les batailles d’El Djorf, le 22 septembre 1955, qui durera trois jours, de la zaouïa et Tefsour à Cherchar, d’El Bayadha qui a duré vingt-quatre heures, de Kentis Mrah El Baroud, en octobre 1956 et dans l’embuscade de Kentis Mrah El Baroud (octobre 1956).
Il meurt au champ d’honneur, en valeureux martyr, le 25 juillet 1957. Il repose au Carré des Martyrs du cimetière d’El Alia, à Alger.
In Mémoria