Massacre du 17 octobre 1961 : Le prix de l’indépendance
De tous les crimes commis en Algérie pendant 132 ans, le massacre du 17 octobre 1961, perpétré sur les bords de la Seine à Paris, a montré clairement, à une opinion internationale sidérée, le visage hideux du colonisateur français. Avec une barbarie inouïe, des civils algériens ont été jetés dans le fleuve, pour avoir manifesté en faveur de l’indépendance de leur pays. Le sinistre évènement fait honte à la France officielle, qui ne veut, pourtant, pas demander pardon à ses victimes. Retour sur cet épisode, 60 ans après son avènement. En écho à l’appel du FLN de France, des dizaines d’algériens, établis dans ce coté de la Méditérannée, ont défilé, le soir du 17 octobre dans les grandes artères de Paris, contre l’instauration d’un couvre-feu, qui leur est exclusivement imposé. Sous les ordres du préfet de police de la Seine, Maurice Papon, les forces de sécurités répriment violemment les manifestants aux mains nus. Passage à tabac et usage d’armes à feu, basculement des victimes dans le fleuve… La dérive policière a fait au moins 120 morts et des dizaines de blessés, selon des sources diverses. Il aura attendre des décennies pour que ce « crime d’Etat » soit dévoilé dans son horreur absolue, par des témoins directs des faits, des images et les travaux documentés des historiens, alors que les hautes autorités françaises s’échinaient à l’occulter (déclaration d’uniquement 3 morts au lendemain du drame), voire à déformer en mettant le tort sur les « opprimés ». « Le mensonge d’Etat a commencé dès le 18 octobre par la dénégation des victimes de la répression policière et l’imputation de la violence aux manifestants algériens. Il s’est poursuivi à un triple niveau : médiatique (en temps de censure) ; judiciaire puis archivistique » a expliqué l’historien Emmanuel Blanchard dans une interview publiée dans la dernière livraison du quotidien Le Monde.
Soulef Biskri