Le chantier mémoriel, annoncé en grandes pompes par le président Macron, et accepté par l’Algérie sous réserve que la France reconnaisse ses crimes et agisse en conséquences, continue de trainer la patte face aux réticences des nombreux nostalgiques de la France coloniale » et du « paradis perdu algérien ». Ainsi donc, les dates commémoratives s’avèrent parfois être l’occasion de tenter de faire un nouveau pas vers cette reconnaissance et la fin du déni et des mensonges français. Cette fois-ci est salve est venue de la gauche hexagonale, alors que c’est le président Macron qui nous a habitués à faire de mini-concessions à chacune de ces dates commémoratives. Quatre députés de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) ont annoncé, ce mercredi, à l’occasion de la commémoration du 79e anniversaires de cette tragédie qui a coûté la vie à 45 000 Algériens, la création d’un groupe de travail à cet effet. Il s’agit de Sabrina Sebaihi, Elsa Faucillon, Fatiha Keloua Hachi et Danielle Simonnet. Selon eux, l’objectif de ce groupe est de « faire reconnaître officiellement les massacres du 8 mai commis en Algérie, soit le jour de la capitulation de l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale ». Sabrina Sebaihi, rappelons-le, a déjà été à l’origine de la résolution condamnant les massacres du 17 octobre 1961, adoptée, en mars dernier, par l’Assemblée nationale française. Dans une déclaration rendue publique, les initiateurs demandent également à « permettre aux historiens d’accéder aux archives sur ces massacres » et « à l’intégration de ces événements dans les programmes d’histoire afin « d’en faciliter la transmission en respect de notre devoir de mémoire ». « Le 8 mai 1945, alors que le peuple français fêtait l’armistice, la paix retrouvée et la victoire sur le nazisme, commençait en Algérie, à Sétif, mais aussi à Guelma et Kherrata (centre-est d’Alger, ndlr), des répressions sanglantes de manifestations nationalistes, indépendantistes et anticolonialistes », ont rappelé les quatre députés de la gauche française. La déclaration ajoute également que « l’armée française et de nombreuses milices coloniales composées de civils européens ont fait régner la terreur pour rétablir l’ordre colonial et défendre l’Algérie française ». Le même document rappelle aussi que « les chiffres du gouvernement algérien concernant ces massacres font état de 45 000 morts et les travaux des historiens attestent d’un bilan d’au moins des dizaines de milliers de victimes arrêtées, torturées et exécutées sommairement ». « Seul un ambassadeur français a qualifié ces massacres de ‘’tragédie inexcusable’’ (Hubert Colin de Verdière en 2005, ndlr). Il est grand temps d’aller plus loin », a expliqué Sabrina Sebaihi et ses collègues. Ce groupe de travail mis en place, a-t-on lu dans la même déclaration, « s’engage à organiser des auditions, des colloques et des déplacements sur les lieux des massacres en Algérie et exprime l’ambition de porter début 2025 une proposition de loi commune pour la reconnaissance de l’Autre 8 mai 1945 ». Dans un message à la veille de la commémoration de cet évènement tragique, le président Algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait affirmé que « le dossier de la mémoire de la colonisation française en Algérie est imprescriptible ». il avait également relevé que par devoir sacré envers nos glorieux martyrs, aucune concession ne sera faite concernant ce chantier mémoriel. C’est en effet à la France d’en faire, qui est dans la position de l’agresseur , et nous dans celle de la légale légitime défense.
El Ghayeb Lamine