Médias colombiens : Quand le loup marocain sort du bois
Le grand et très notable redéploiement médiatique, diplomatique et économique de l’Algérie en Colombie, grâce au formidable travail accompli in-situ par notre ambassadeur basé à Bogota, Hachemi Ahmed, ne semble pas faire que des heures. Et c’est rien de le dire. Pour preuve, il s’agit de des sorties impromptue et itératives d’un site inconnu, nouveau et belliqueux.
Venu parasiter le riche paysage médiatique colombien, le site en question, à savoir le journal web « Primicia » (primiciadiario.com), se dénonce lui-même. Trahit d’entré de jeu les énormes fils à la patte de ses parrains et de ses soutiens financiers.
Il reprend très curieusement, et à la virgule près, les mêmes éléments de langage que ceux du Makhzen. Le Maroc nous jalouse. Notre éclatante réussite, et notre redéploiement en Amérique Latine, semble en effet lui occasionner d’insupportables cauchemars.
Il est de notoriété publique qu’avec l’aide de conseillers médiatiques sionistes, dirigés par André Azoulay, « parrain et mentor de Mohamed VI, le Maroc a déployé une véritable armée de mouches électroniques missionnées de parasiter la toile internet, de démultiplier les infox nuisible et de noyer les sites sérieux et professionnels dans un flot propagandiste et gobelins au sein duquel même une chatte ne reconnaitrait pas ses propres petits. Le journal en question est uniquement publié sur internet. Une édition quotidienne en PDF peut être consulté sur les archives.
Il ne dispose donc pas de version papier. Qui plus est, il n’est pas publié (en PDF) les samedis ou dimanches. Le dimanche est traditionnellement le jour à plus grand tirage des principaux titres de la presse colombienne (El Tiempo, El Espectador) et c’est également le jour de distribution dans les kiosques et marchés de l’hebdomadaire Semana.
Les journaux du dimanche offrent une vision plus posée et analytique de l’actualité, c’est donc le jour de référence dans la semaine pour la grande presse de qualité. L’article sur la crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc laisse voir le style peu objectif, peu équilibré et donc peu sérieux de ce site aux ordres du Makhzen. En reprenant la vision de Rabat et les déclarations du MAE marocain, il privilégie une seule version des faits, sans contrepartie, ni la moindre objectivité.
Ainsi par exemple, dans des paragraphes comme « l’Espagne a essayé de dévier l’attention de l’opinion publique afin de cacher la véritable origine de la crise entre le Maroc et l’Espagne (…) en préférant regarder de l’autre côté (…) sachant que c’est une question fondamentale pour le pays [le Maroc] et son peuple, puisqu’il s’agit d’un acte contre ses intérêts stratégiques et d’un acte déloyal qui ne respecte même pas la dignité et les intérêts des victimes espagnoles » les expressions surlignées laissent voir le parti pris clair de ce média, qu’aucun journal de renom ne se permettrait d’employer.
L’article en question ne fait que citer la position marocaine, jamais espagnole, sous couvert d’expressions comme « selon plusieurs médias » ou « selon des sources journalistiques ». Un journal sérieux citeraient directement ses confrères plutôt que de se cacher sous un ensemble nébuleux et obscur. En consultant et en observant de plus près l’édition PDF du journal, on notera une grande quantité de photos, avec des textes concis et peu présents en comparaison avec les illustrations pléthoriques.
Le journal emploie la méthode de la presse britannique à scandale (type The Sun ou The Daily Mirror) en insérant des photos de femmes en bikini dans ses pages intérieures, sans aucun rapport avec les informations publiées. Méthode éprouvée, mais vile, visant à « draguer » un max de lecteurs, histoire de faire avaler ses couleuvres bien enrobées dans des tenues sexys et des textes légers et subjectifs.
Au reste, la même tactique racoleuse est reprise sur le compte Twitter du journal : plutôt que de publier des tweets intéressants, Primicia reprend facilement des étiquettes populaires sur Twitter afin d’être référencé, sans aucun rapport avec son contenu quotidien. Ainsi, on trouvera au-dessus de sa « Une » quelque chose du type : #PabloEscobar #Zidane #Wuhan. De quoi s’assurer le buzz avec des mots clés sans aucun sens ou information qui vont avec.
Ainsi va, hélas, cette clochardisation généralisée de la presse planétaire…