Mélenchon s’y voit en Premier ministre : La France au bord d’une grave crise institutionnelle et politique…
La très atypique élection présidentielle française semble avoir ouvert une voie insoupçonnée et à tout le moins ubuesque pour le leader de LFI (la France insoumise). Le leader du parti La France Insoumise (gauche radicale) Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième au premier tour de la présidentielle française, a en effet annoncé mardi qu’il briguerait le poste de Premier ministre quel que soit le président élu dimanche. « Je demande aux Français de m’élire Premier ministre » en votant pour une « majorité d’Insoumis » et de « membres de l’Union populaire » aux élections législatives prévues en juin, a déclaré Jean-Luc Mélenchon, qui a rassemblé pratiquement 22% des voix le 10 avril. « Je serai le Premier ministre, pas par la faveur de M. Macron ou de Mme Le Pen, mais par les Français qui m’ont élu », a-t-il dit sur la chaîne BFMTV, lors de sa première prise de parole depuis le soir du premier tour, qui a vu le président-candidat Emmanuel Macron et la candidate de l’extrême droite Marine Le Pen se qualifier pour le second tour. Estimant que les élections législatives des 12 et 19 juin constitueront un « troisième tour », Jean-Luc Mélenchon tend la main à gauche, alors que les négociations avec les écologistes d’EELV et le Parti communiste français ont commencé : « J’appelle tous ceux qui veulent rejoindre l’Union populaire à se joindre à nous pour cette belle bataille ». Une cohabitation, « si ça ne convient pas au président, il peut s’en aller, moi je ne m’en irai pas », a prévenu Jean-Luc Mélenchon, qui a dit vouloir être « le Premier ministre pour appliquer (son) programme ». Disant ne pas avoir de préférence entre être chef de gouvernement sous présidence Macron ou sous présidence Le Pen, il a néanmoins souligné que « les deux ne sont pas de même nature ». Après le premier tour, il avait appelé ses électeurs à ne « pas donner une seule voix à Mme Le Pen », sans pour autant appeler à un vote en faveur de M. Macron. Cette situation surréaliste, dans laquelle Mélenchon cherche une sorte de « lot de consolation » risque d’empoisonner la vie du président français, quel qu’il soit. Une cohabitation entre un président de droite comme Macron ou d’extrême droite comme Le Pen est à tout le moins impossible. La France entre dans une phase de turbulences politiques comme elle en a rarement vécue depuis mais 68 et le putsch des généraux de 61. On exagère ou dramatise peut-être les choses ? Attendons de voir la suite des évènements si le futur président, mal-élu, sans force politique derrière lui, un Parlement amorphe et un trublion grognon comme Mélenchon, pourra faire un seul pas sans être entravé et gêné. Une totale paralysie politique et institutionnelle guette la France. Mélenchon, ancien trotskiste passé par le camp des socialistes, attendait patiemment son heure. Elle vient de sonner enfin. Mais pour qui ? là est la question…
Wassim Benrabah