Mercenariat et travail forcé d’Africains : Le Togo met en garde (officiellement) contre le chant des sirènes russes
La (re)naissance africaine n’est hélas pas pour demain. Alors que notre malheureux continent, déjà victime de l’esclavage, pratiqué à une échelle industrielle durant les siècles passés, n’en a pas fini avec les pratiques détestables du néocolonialisme, français notamment, voilà que même la Russie donne l’air de vouloir effacer son passé clean d’avec l’Afrique, en lorgnant ce qui semble être (ou devenir) sa part du gâteau africain. En date de ce 23 avril,, le ministère togolais des Affaires étrangères a publié un communiqué mettant en garde les jeunes de son pays contre les départs précipités vers la Russie, souvent motivés par des promesses d’opportunités professionnelles ou éducatives. Cette mise en garde nous semble être inédite et gravissime. Ce signal d’alerte, rare à ce niveau élevé de l’État, traduit une inquiétude croissante : derrière ces « opportunités », se cachent parfois des réalités bien plus sombres. Il n’est plus un secret que la guerre entre la Russie et l’Ukraine a profondément désorganisé le tissu économique russe. Face à la pénurie de main-d’œuvre, Moscou se tourne vers des jeunes étrangers, notamment africains, qu’elle fait venir sous prétexte d’études ou de stages. Une fois sur place, plusieurs rapports et témoignages indiquent qu’ils sont enrôlés de force dans l’armée russe. Ils deviennent alors des soldats d’un conflit qui ne les concerne pas, et dont beaucoup ne reviennent jamais. Une nouvelle génération de tirailleurs, sacrifiés loin de leurs terres. Ces tirailleurs de l’ère moderne ne sont peut-être pas aux premières lignes, et ne servent pas de chair à canon. Car, dans ce cas, Kiev aurait déjà dénoncé cet état de fait, comme elle l’a déjà fait pour les combattants nord-coréens, dont des photos et des témoignages ont largement circulé sur les réseaux sociaux et dans bon nombre de médias occidentaux. Un site d’information africain, donnant l’air d’être très au fait de cette question, révèle des informations inédites concernant une information secrète. « Mais les garçons ne sont pas les seuls en danger. Depuis plusieurs mois, un programme nommé Alabuga Start recrute des jeunes filles de 18 à 24 ans issues de pays pauvres, dont de nombreux pays africains. Présenté comme une formation en haute technologie, ce programme envoie ces jeunes femmes dans la zone industrielle d’Alabuga, où elles participent à l’assemblage de drones militaires russes. En d’autres termes : elles alimentent, souvent sans le savoir, la machine de guerre russe. Le drame, c’est que ces zones industrielles sont désormais des cibles militaires. Le 2 avril 2024, une frappe de drone ukrainien a touché le site, causant 12 morts parmi les étudiantes et stagiaires. Le 23 avril 2025, une nouvelle attaque a eu lieu, rappelant que ces jeunes femmes vivent chaque jour sous la menace directe d’un conflit qu’elles n’ont jamais choisi. Ces pratiques sont à la fois immorales, dangereuses et silencieuses. Très peu de médias africains en parlent. Très peu de g0uvernements prennent la parole. Le Togo, à travers ce communiqué, devient l’un des premiers pays à tirer la sonnette d’alarme ». Ces révélations accablantes rognent le capital-crédibilité de la Russie vis-à-vis du continent africain. Sans oublier le contentieux lié aux pratiques douteuses et, parfois criminelles, de ses milices du groupe Wagner, rebaptisée Africa corp. Ces milices sont déployées en RCA (République Centre Africaine, et dans les pays membres de l’AES (Alliance des Etats du Sahel). A savoir, le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Ces milices ajointent à l’insécurité et l’instabilité de ces régions, se livrent à des actions militaires douteuses au plus près de nos frontières, et œuvrent à soutenir les juntes putschistes, dont aucune ne veut revenir vers la voie de la légalité et de la légalité. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a maintes fois dénoncé la présence de milices étrangères au niveau de l’AES et même en Libye où de sévères affrontements armés viennent d’éclater à Tripoli et ses alentours. Ces révélations risquent en outre le futur sommet Afrique-Russie. Lors de la célébration de la victoire russe sur le IIIe Reich, le chef de la junte burkinabè, Ibrahim traoré, avait eu droit à tous les honneurs. Depuis plusieurs années, Moscou, qui fut un acteur majeur en Afrique à l’époque soviétique, pousse ses pions dans les pays africains, qui ne se sont pas associés aux sanctions occidentales prises contre la Russie à cause du conflit armé ukrainien. Dans les relations entre Etats, seuls les intérêts des peuples priment. Il n’y a pas d’amitié, ni d’alliance éternelles.
Kamel Zaidi