Meriem Lachachi, enseignante à l’Université de Tlemcen : «L’après-pétrole a bel et bien commencé»
«Notre planète vit encore grâce à l’or noir mais commence à apprendre à faire sans. Sur tous les continents et dans tous les secteurs, des innovations et des mesures d’économie dessinent déjà le monde de l’énergie de demain. Pas de doute : l’après-pétrole a bel et bien commencé».
C’est la conclusion à laquelle a abouti Meriem Lachachi née Taleb, de l’Université de Tlemcen. Pour la première fois, dit-elle, «l’essor de nouvelles énergies paraît crédible. Parce que «l’opinion publique des grands pays industrialisés a pris conscience à une échelle jamais vue de l’insoutenabilité de notre trajectoire énergétique, au moment où le boom de la demande asiatique va faire exploser les besoins» avec un équivalent de 16,5 milliards de tonnes de pétrole en 2030, contre une dizaine aujourd’hui, selon l’Agence internationale de l’énergie, l’AIE).
Aussi, Note Mme Lachachi, «les gouvernements, impuissants face à la flambée des cours du brut, semblent enfin décidés à encourager le passage à l’ »après-pétrole ».
Dans une étude pour le compte de la Revue Chercheur économique, l’universitaire précise qu’il «reste tout de même suffisamment de brut dans nos sous-sols pour satisfaire les besoins énergétiques de la planète au moins jusqu’en 2050».
Et d’ajouter : «il n’y a toutefois pas de temps à perdre. Aucune énergie ne peut, à l’heure actuelle, remplacer les hydrocarbures fossiles ».
Les énergies renouvelables «monteront en puissance, mais resteront forces d’appoint».
Pour l’universitaire, «il est plus que temps, au-delà du protocole de Kyoto, d’agir pour éviter de subir le sort de la planète Vénus, victime d’un effet de serre qui a fait monter la température au sol à celle du plomb en fusion». Les circuits de l’économie mondialisée «pourraient eux aussi subir des chamboulements».
Les multiples révolutions qui se préparent «devront, pour éviter le chaos, ne pas être laissées aux seules forces du marché. Les pouvoirs publics devront les accompagner à coups d’incitations fiscales et d’investissements massifs».
Mohamed Ait S.