Entretien exclusif
Nacim Diafat, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des PME à La Patrie News :
« L’heure du compter sur soi a sonné ! »
Nacim Diafat, ce jeune ministre atypique, cristallise à lui-seul cet Algérien jeune, inventif, compétent, et un peu touche-à-tout. Du haut du poste gouvernemental qu’il occupe, humblement mais efficacement aussi, il a foncièrement réformé l’essence-même de l’ex-ANSEJ, désormais au service des entrepreneurs ambitieux, porteurs d’idées novatrices, et capables de jouer un rôle nodal dans le (re)décollage de l’économie algérienne. Le pari est de taille pour qui sait que l’Etat y consacre près de 11 milliards de dollars. Diafat, homme de terrain qui connait mieux que personne les rouages cachés de cette titanesque machine à détourner de l’argent au nom des aides destinées aux jeunes, a œuvré méthodiquement à tarir cette source d’enrichissement illicite.
Dans ce long entretien, où ce jeune et dynamique ministre se livre sans retenue, nous réservant au passage de nombreux scoops, Nacim Diafat évoque, entre autres sujets cette plateforme numérique, de conception 100% algérienne, à travers laquelle chaque postulant peut suivre en temps réel la progression de son dossier, sa position par rapport aux autres postulants, les pistonnés sont exclus de facto, et chaque candidat peut s’adresser directement à lui. Miracle de l’informatique diriez-vous. Pas que. Miracle d’un jeune Algérien qui s’est fixé pour but ultime de réussir tout ce qu’il entreprend.
Nacim Diafat est un authentique self made man. Issu d’une famille modeste, il a roulé sa bosse partout, y compris à l’étranger. « Là-bas, quand tu tombes, personne ne se penche vers toi pour te relever », nous lance-t-il d’un air sentencieux. De retour au bercail, il a compris que l’Algérie est un véritable paradis pour qui veut construire, et se construire. Sa réussite est une sorte de conte de fées pour ce jeune homme qui, après avoir assuré prématurément ses vieux jours grâce à son labeur, à son flair et à ses idées lumineuses, est appelée à s’ériger, à s’arroger même en une sorte de phare pour tous ces jeunes « paumés pour lesquels l’exil ne sera jamais la solution idoine. Le droit de chacun est désormais garanti. Le temps des passe-droits est désormais révolu. Il s’émeut, jubile, quand un droit revenant à cette jeunesse est enfin rétabli. Technicien dans l’âme, il s’aventure frileusement dans les sentiers hasardeux de la politique. « Oui, toutes les promesses faites par le président de la République durant sa campagne ont été satisfaites. Son appel à voter à l’occasion des prochaines élections législatives procède donc d’une solide et profonde conviction. Croire en les choix faits par le chef de l’Etat devrait être celui de tout « hirakiste » qui estime que ses droits seraient spoliés. Mais, du temps, il en faut. Des fondations solides prennent du temps, nous explique-t-il à juste titre. Usant du langage de la raison, afin de ne pas arriver à celui de l’oraison, il bat en brèche les chiffres dithyrambiques mais faux dont usaient certains responsables qui sévissaient à la tête du secteur sensible dont il a présentement la charge. Seul le langage de la vérité permettra d’aller droit contre le mur. Le temps de l’assistanat et du langage mielleux mais trompeur est désormais révolu.
Ecoutons-le plutôt….
Entretien réalisé par Mohamed Abdoun
La Patrie News : monsieur le ministre, vous êtes à la tête d’un département gouvernemental directement rattaché au Premier ministre. Ce secteur est par ailleurs jugé hautement sensible. Quel est votre bilan, ainsi que vos perspectives ?
Nacim Diafat : Ma démarche est connue de tous. Je suis un homme issu du milieu de l’entreprenariat. J’étais actionnaire d’une société versée dans les télécom depuis 2008. Ma progression a été telle que j’ai fini par devenir en 2016 PCA d’une SPA jusqu’a 2020. Ce parcours très riche, et cette expérience m’ont été d’un grand secours dans le poste ministériel que j’occupe présentement. Concrètement, je reste dans l’esprit de PDG avec mes collaborateurs pour gérer ce ministère. Dès ma prise de fonction, j’ai immédiatement opté pour la numérisation. Venant du terrain, il me fallait des données chiffrées précises, afin d’aller vers une gestion rationnelle et transparente. Le taux de numérisation est total. Il me permet de suivre en temps réel le travail de toutes les directions régionales. Même les éventuelles plaintes des soumissionnaires parviennent jusqu’à moi. Tout est géré dans une totale transparence. Plus aucun dépassement n’est toléré, ni même possible.
La Patrie News : Qui dit transparence et numérisation dit aussi éradication des passe-droits et de la corruption. C’est donc le cas chez vous ? Les jeunes porteurs de projets n’ont plus de soucis à se faire concernant les abus dont ils étaient victimes par le passé ?
Nacim Diafat : Absolument. Tous mes collaborateurs ont été invités à se départir de cette « conscience professionnelle » derrière laquelle ils pourraient se cacher. Notre plateforme numérique, intégralement développée par nos jeunes cadres, fixe le travail et les objectifs de chacun. Tout le monde doit s’y conformer. J’ai les moyens de suivre le travail et la progression de chacun. En cas de plainte d’un jeune porteur de projet, j’en suis immédiatement et automatiquement informé, et je peux donc suivre en temps réel la suite qui lui aura été réservée. Le mode opératoire d’antan a failli nous mener droit contre le mur.
La Patrie News : Où en et la situation actuelle. Quel est votre bilan ?
Au regard des chiffres, les choses étaient pratiquement à l’arrêt durant ces quatre dernières années. Nous en sommes à environ 26.000 inscriptions durant ces 43 derniers mois. Ce chiffre bondit à 38.000 depuis septembre passé jusqu’à ce jour. Sa progression exponentielle prouve de manière formelle que les jeunes ont repris confiance en notre formule. Les gens ont compris que l’approche strictement sociale a été catastrophique. On parle d’économie, de plan de charge et d’objectifs précis à atteindre. Des conventions ont été signées avec de nombreuses et grandes entreprises activant dans différents secteurs, à commencer par Sonatrach. Le marché algérien est vierge. Tout est à prendre, et tout reste à faire. Les jeunes doivent saisir cette immense opportunité. L’actuelle ANAD et ex-ANSEJ est dotée de bureaux d’études régionaux. Ces derniers sont chargés de dresser la cartographie des activités et donc des besoins de chacune de ces régions. Nous orientons et conseillons les jeunes. Sur la base de nos études nous aidons chaque postulant à élaborer son bisness-plan. Nous lui disons aussi si son projet est viable ou pas sur la base des cartographies élaborées par nos bureaux d’études régionaux.
La Patrie News : Parlez-nous de ces conventions que vous êtes en train de signer tous azimuts…
Ces conventions offrent des opportunités et des marchés à des jeunes dont ils n’auraient même pas rêvé jusque-là, à l’image, par exemple de la sous-traitance avec Sonatrach. Même le MDN, à qui nous avons écrit, nous a récemment répondu positivement. Ce qui a fait beaucoup de mal à l’Algérie c’est cette histoire d’intermédiaires qui agissent dans l’ombre. Ailleurs, dans les pays aux économies développées, le travail de courtier existe, mais il obéit à des règles précises. La transparence totale pour laquelle j’ai opté en matière de création d’entreprises et d’accès aux marchés de la sous-traitance est une orientation du président de la République. Il était ridicule de cacher ou de maquiller les chiffres relatifs à l’économie nationale. Comment construire le pays efficacement sans ces données essentielles… on était à 70 % des entreprise classées en difficultés car n’ayant pas payé leurs mensualités depuis trois mois. On les a traitées dans le détail et au cas par cas. Les pénalités des entreprises pouvant être sauvées ont par exemple été effacées avec l’accord de l’ABEF et des banques concernées. La période liée à cette pandémie, qui a mis en difficulté de nombreuses entreprises a également été prise en ligne de compte. Environ 90 % des entreprises financées par nous ont été directement impactées par cette pandémie. Des aides allant jusqu’à des prêts de 1 million de dinars sans intérêts ont été débloqués au profit des entreprises touchées, et pouvant se redresser grâce à cette aide. Nous avons fait ça sur instruction directe du président de la République. Les entreprises disposant de matériel obsolète mais montrant des dispositions à vouloir se relancer. Je dois dire que les entreprises ont traversé deux périodes difficiles, ou carrément mortelles. Il y a eu la période du coronavirus, fruit de la fatalité, celle du hirak, générée par la fatalité et l’homme, et celle qui est la plus éprouvante, produite par les pratiques de l’ancienne bande au pouvoir, basées sur la corruption, l’exclusion, la bureaucratie, le népotisme et autres… c’était un vrai Godzilla auquel il était quasi impossible de faire face. Je répète au passage qu’il n’est pas question d’effacer les dettes de toutes ces entreprises jugées en difficulté. Elles seront cependant traitées au cas par cas. Les bons payeurs ne vont pas payer pour les autres. Pas question aussi de fermer les yeux sur ceux qui ont gaspillé leur argent en revendant leurs équipements. J’ai beaucoup de respect pour le travail et les sacrifices des jeunes investisseurs sérieux pour penser un seul instant à amnistier ceux qui ont triché avec l’Etat.
La Patrie News : Comment voyez-vous vos perspectives à la lumière du bilan, assez préoccupant que vous dressez ?
Nacim Diafat : Aujourd’hui notre système commence à fonctionner très bien. Il donne des fruits plus que probants. Cela est tellement vrai que des pays africains, dont je ne peux pas révéler les noms parce que nous sommes encore au stade de discussions préliminaires, souhaitent adopter notre système comme modèle. C’est dire qu’il a réussi, et qu’il peut représenter la clé de voute de l’économie de tous les pays qui souhaitent nous prendre comme exemple. Nous avons reçu des écrits officiels pour que des cadres de chez nous forment des cadres issus de ces pays. Notre actuel modèle est en effet un bel exemple à suivre. Je dois saluer et remercier le président. Le décret qu’il a signé est d’une importance capitale. Il a pleinement saisi l’ampleur des enjeux, et des défis à relever. Les groupements de jeunes bénéficiant d’un financement additionnel, c’est lui. Les micro-zones d’activités, c’est également lui. C’est inédit. Des pôles industriels d’excellence sont également au programme. Le président a été visionnaire et courageux à la fois. Les décrets d’application du décret relatif à ces micro-zones tarde à se faire jour. Mais les choses avancent dans le bon sens. Je me refuse à faire de la politique, mais je garde pleinement confiance en le président de la République. Les jeunes, tous les jeunes, devraient en faire autant. Je leur conseille d’aller voter massivement. Le président est d’une grande sincérité. Il a une capacité d’écoute et de compréhension phénoménale. Notre salut vient de lui. Il faut absolument lui faire confiance. L’heure du compter sur soi a sonné. Le président nous le dit, mais il nous offre des garanties que personne ne sera oublié laissé pour compte.
Celui qui n’a pas de relations en haut lieu, il m’a moi. Je suis à l’écoute et au service de tous les jeunes. Je suis la connaissance de tous les jeunes Algériens. Je le dis ici et je l’assume. Nacim reste le même, plus proche et plus à l’écoute des jeunes que jamais. Je ne m’arrête pas aux chiffres et aux statistiques. Le vécu de chacun m’interpelle. Si non, n’aurait plus de sens pour moi. Je règle au quotidien de nombreux problèmes. Cela se fait dans l’anonymat. Mon bonheur, ma réussite, résident dans le fait que j’ai réglé un problème pour telle ou telle personne. Le président m’a demandé d’aller de l’avant, de travailler sans jamais penser à m’enrichir moi-même. Je me tiens scrupuleusement à sa feuille de route. Nous, le peuple on prend brusquement conscience qu’on existait. Cette conscience nouvelle devrait être celle de tout le peuple algérien.
M.A