Naftal, l’entreprise algérienne aux appétences nationales et internationales (Partie 2)
L’entreprise Naftal ne s’est pas altérée sous l’effet de la crise du coronavirus. Bien au contraire, elle est en train d’opérer sa mue en toute discrétion grâce à l’adoption d’une nouvelle approche.
En visite à Khenchela, Batna et Biskra, mercredi et jeudi derniers, Kamel Benfriha, président directeur général (PDG) de Naftal, a rencontré les cadres locaux et les employés. Son message se voulait à la fois rassurant et exigeant. « Nous sommes une entreprise commerciale. Par conséquent, nous devons dégager des bénéfices tout en limitant les coûts », a-t-il clamé.
L’un des points majeurs de cette rencontre était l’augmentation de la capacité de conversion des véhicules au GPL/C (gaz de pétrole liquéfié / carburant). La demande ne cesse, en effet, de croître à Khenchela et partout sur le territoire national.
« Nous sommes en nette progression. Il y a une forte demande. Depuis le début de l’année, nous avons réalisé une augmentation de 50% (localement) par rapport à la même période de l’année passée », a détaillé à La Patrie News Abdallah Bradaï, directeur de l’antenne commerciale de Naftal.
Travailler directement avec les pouvoirs publics
Cette wilaya de la région des Aurès est connue pour son froid rude. Chaque saison hivernale, les employés de Naftal sont en première ligne pour, non seulement acheminer, mais aussi garantir la livraison des bonbonnes de gaz dans les zones enclavées, appelées de nos jours les zones d’ombre. « En hiver, la demande augmente généralement. Mais, on arrive à faire face même lorsque la neige atteint une épaisseur avoisinant ou dépassant les 50 centimètres par endroit », a affirmé Djamel Zerari, chef du dépôt relais de Naftal.
A Khenchela, comme d’ailleurs à Batna et Biskra, le premier responsable de l’entreprise pétrolière s’est longuement entretenu avec les walis. Au menu : la contribution de Naftal dans le désenclavement des zones d’ombre et les contraintes qu’elle rencontre au niveau des trois wilayas.
Lors d’un entretien avec Ali Bouzidi, wali de Khenchela, deux projets ont été passés en revue : la réalisation d’une méga station-service à la périphérie de la ville et l’installation de cuves de propane dans 71 écoles primaires dont certaines ne sont pas raccordées au gaz de ville et d’autres sont situées dans les zones d’ombre.
« En ce qui concerne ce projet, l’assistance technique sera fournie par Naftal. Quant au financement, il est assuré par la wilaya. Elle a alloué un montant qui s’élève à 50 milliards de centimes », a expliqué Mouled Benslimane, directeur local de l’Energie et des Mines dans une déclaration à La Patrie News.
Et d’ajouter, « Pour l’heure, nous avons installé deux cuves au niveau de deux écoles. Il reste, donc, 69 autres cuves à installer. Le projet sera élargi, dans un second temps, aux foyers ».
A Batna, l’entreprise publique travaille en étroite collaboration avec la wilaya pour l’installation de citernes de propane dans les zones d’ombre. Le projet semble bien avancer. Selon les chiffres de l’entreprise, 160 foyers, répartis sur sept daïras sont dotés de cuves ou de batteries (la wilaya de Batna compte 21 daïras et 61 communes).
Durant cette visite, la délégation de Naftal, conduite par son président directeur général, a visité le district carburant et la station GPL. Bien sûr, l’objectif était d’« inspecter, de dialoguer avec les employés et de les encourager ». S’en est suivi une longue entrevue au siège de la wilaya avec Toufik Mezhoud, wali de Batna.
Enfin à Biskra, M. Benfriha s’est réuni avec Abdellah Abi Nouar, wali de Biskra. Ce dernier a énuméré les projets en cours d’exécution par Naftal, à l’instar de la rénovation de la station-service de Sidi Okba (une commune située dans le centre de la wilaya de Biskra) et l’extension du centre carburant.
Une collaboration avec les universités
Naftal travaille de concert avec les universités algériennes. Des conventions ont été signées entre les deux parties dans le but de former des employés de l’entreprise. « Les formations concernent aussi le domaine des énergies renouvelables », a précisé Lazhar Adjroud, secrétaire général du syndicat national de cette filiale du groupe Sonatrach.
Cette coopération ne date pas d’aujourd’hui. Même si elle était sporadique par le passé, elle avait existé. Ce fut le cas à Batna lorsque le district carburant fit appel aux compétences d’un professeur de grade en chimie et traitement des eaux, en l’occurrence Kamel Eddine Bouhidel, pour solutionner un problème.
« En 2008, j’ai été installé en qualité de chef de département technique et transport. J’ai fait face à un problème d’obturation des diffuseurs de la mousse de refroidissement relevant de la sécurité industrielle », a raconté Abdelali Mohamed Hadj qui est, actuellement, le responsable du district commercial de Biskra (l’agence commerciale de Batna dépend de ce district).
Après avoir tenté en vain de « dégager l’obturation manuellement », l’équipe du district carburant a sollicité l’intervention d’un professeur de l’université de Batna. « Il a pris un diffuseur et des débris pour les analyser au laboratoire. En parallèle, des analyses de l’eau du forage ont été effectuées. Elles ont montré une ‘agressivité’ de l’eau utilisée », a-t-il ajouté.
Cette collaboration a été payante. « L’analyse des débris et du diffuseur a permis de constater que ce dernier ainsi que le mamelon de fixation sont faits de deux matières différentes. Le mamelon est en acier et le diffuseur en laiton. Comme l’acier est un alliage métallique ‘moins noble’ que le laiton, il s’est corrodé », a expliqué Mohamed Hadj.
Une fois le problème connu, une solution a été préconisée par le professeur d’université : mettre un mamelon de la même matière que le diffuseur. A ce titre, les pièces n’ont pas été importées. Elles ont été fabriquées à Sériana, une commune située à environ trente kilomètres au nord de Batna. Plus précisément au niveau de l’Établissement des réalisations industrielles de Sériana (ERIS), une entreprise de production de l’Armée nationale populaire (ANP).
Naftal ne connaît pas la grève
Naftal compte, aujourd’hui, 32 079 agents dont 6800 cadres et cadres supérieurs. Le personnel féminin représente 11% de la totalité des effectifs, a précisé le premier responsable du syndicat de l’entreprise.
Grâce à ses trois centres de formation, implantés à Constantine, Alger et Oran, l’entreprise pétrolière forme en continu. « Nous formons toutes catégories confondues pendant toute l’année », a souligné M. Adjroud.
Aussi, un plan de relève pour les cadres et cadres supérieurs est mis en place. L’objectif étant de pallier aux départs à la retraite. « Surtout pour les chefs de station, les chefs de secteur et les chefs de service du réseau de distribution de carburant », a-t-il poursuivi.
Naftal n’a jamais connu de grève, selon lui. « Depuis sa création, il n’y a jamais eu de grève. Le syndicat et la direction générale se concertent. Nous dialoguons et nous travaillons main dans la main pour la pérennité de l’entreprise », a assuré le syndicaliste.
Et de se rappeler d’une histoire marquante. « En 1996, en pleine décennie noire, nous étions en cassation de paiement. Nos employés avaient renoncé à trois mois de salaire pour la stabilité de Naftal. Ils ont demandé que des camions soient achetés avec leurs salaires pour que l’entreprise puisse continuer à fonctionner ».
Naftal a réussi son come-back. Depuis cet épisode douloureux, l’entreprise ne cesse d’investir dans le capital humain. « L’investissement c’est dans l’être humain. Il faut associer tout le monde comme ne cesse de l’exiger le PDG », a-t-il marqué.
Nacereddine Benkharef
Lire la premiére partie :
Naftal, l’entreprise algérienne aux appétences nationales et internationales (Partie 1)