Neuf kilomètres d’interconnexion en Haute Tension entre Dely Brahim et Bouzareah : Kahrakib déroule sa maestria
Inutile de les truffer d’épithètes ou de superlatifs. Il suffit de les voir à l’œuvre pour en déceler à la fois la complexité de leur tâche, mais aussi la maestria dont ils gèrent leur projet. Eux, ce sont les travailleurs de Kahrakib, filiale du groupe Sonelgaz. Le chantier, explique Salmi Brahim Ahmed chef de projet, consiste en une liaison souterraine 60 (Kv) ayant pour but l’interconnexion entre les deux postes en haute tension de Dely brahim et Bouzareah sur une longueur de 9 kilomètres.
Le tout s’inscrit dans l’objectif de renforcer le réseau électrique de la ville d’Alger. Retrouvailles nocturnes devenues habituelles en cette nuit d’été. Rendez-vous pris devant le chantier.
Les cadrans de la montre indiquent 21h30 tapantes. Adlane Bernaoui, chargé de communication, était déjà sur place. Lui et ses deux collègues. Il affirme avoir confiance en l’équipe, habituée à anéantir les difficultés. Au fil des minutes qui s’égrènent, l’effectif se complète.
Comme une anatomie…
En uniforme réglementaire, les deux équipes de génie civil et une autre chargée de la remise en l’état, soit une trentaine de travailleurs, commencent à s’installer. Un tracé, 30 mètres, va être creusé à la veille des travaux de pose. Pour parer à tout imprévu, un balisage entoure le périmètre. Des discussions s’ébauchent. Responsables et travailleurs s’échangent idées et bons conseils. Un vrai travail d’équipe transformé en sacerdoce. Concentration optimale. Pas une minute à perdre.
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Une impression qu’une anatomie s’effectue sur un corps humain. On ne prête même pas attention au concert de klaxons des véhicules qui passent. Un des travailleurs s’éloigne quelques mètres pour dévier la circulation sur une intersection mitoyenne. Approché de nouveau, M. Salmi, bon communicant, explique que compte tenu de l’épaisseur du goudron, entre 15 et 40 centimètres, les travailleurs utilisent une scie à sol et, si besoin est, un brise roche. Du haut de ses 8 ans d’expérience à Kahrakib, notre interlocuteur, ingénieur en génie civil fournit toutes les explications nécessaires.
Une fois la profondeur de 1. 5 mètres, norme recommandée par la Compagnie de l’engineering de l’électricité et du gaz, atteinte, un lit de gravier 8-15 d’une épaisseur de 5 centimètres est étalé au fond de la tranchée. Suivra la pose de trois fourreaux pvc de 160 mm pour le câble de puissance, et un autre de 80 mm pour la fibre optique. Ensuite chaque deux mètres, est posé un régulateur en béton en forme de trèfle.
« Si le terrain est argileux, cela nécessite des étiers et un balisage», tient à préciser M. Salmi qui, à l’exemple de toute l’équipe, ne semble pas affecté par l’effet du jeûne. Les travaux se poursuivent, l’entretien aussi. Le photographe, Abdessamad, appareil en bandoulière, est au four et au moulin. Se prêtant au jeu des questions-réponses, le chef de projet, lui, précise que le coût de cette interconnexion en HT entre Dely Brahim et Bouzareah varie. En moyenne, il le situe entre 13000 et 15000 DA le mètre linéaire.
Impossible n’est pas…à Kahrakib
Les travaux en cours, qui sont à près de 35% d’avancement, ont été entamés en décembre 2019 et devaient être terminés dans un délai de 17 mois. Le projet aura donc besoin d’un extra-time. Des conditions particulières, voire exceptionnelles, en sont responsables. «De Mars à Août de l’année dernière, Covid-19 oblige, le projet était à l’arrêt total», explique le même responsable. Et comme un malheur ne vient jamais seul, d’autres écueils, comme un cheveu sur la soupe, ont freiné l’avancement des travaux. Notre interlocuteur évoque notamment des intempéries pénalisantes, les retards des autorisations de voiries, ainsi que les réseaux souterrain de gaz, d’eau, de téléphone, … .
Entre autres…En effet, une avalanche d’imprévus peut fausser les prévisions de réalisation. L’exemple de cette nuit, est édifiant. Un terrain rocheux sur toute la profondeur creusée, soit 1.5 mètres. «On devait réaliser 30 mètres, on n’en a fait que la moitié», indique M. Salmi. Lui emboitant le pas, deux chefs d’équipes, Boukechouya Abdelkader et Djemah Rabah, atterris à Kahrakib en 1994, ne manquent pas de fournir d’autres explications. Une chose est sûre : les travailleurs de cette filiale de Sonelgaz terminent leurs nuits consécutives comme ils les commencent : Avec détermination. Devant leur volonté, les écueils quotidiens se fondent comme neige au soleil.
Yacine Bouali