Normalisation avec Israël et solidarité avec les Palestiniens : le jeu trouble des Soudanais
Intensifiant ses efforts pour ramener des pays arabes à normaliser leurs relations avec l’entité sioniste, l’Amérique de Donald Trump avait dès le départ jeté son dévolu sur le Soudan. Vulnérable économiquement et placé sur une liste de pays dit « terroristes », Khartoum passait pour être le prochain pays à emboiter le pas aux EAU et à Bahreïn.
Or, malgré un chantage à l’aide économique, Washington n’est pour l’instant pas parvenu à convaincre Khartoum, tant l’opinion publique soudanaise est hostile à l’établissement de relations avec Israël. Mais, de fil en aiguille, et en dépit de la cause palestinienne, un haut responsable soudanais a déclaré vendredi dans la soirée que son pays établirait probablement bientôt des liens avec Jérusalem, affirmant que Khartoum avait besoin d’Israël et pourrait tirer bénéfice de telles relations. “Israël est un pays développé. Le monde entier travaille avec Israël… pour le développement, pour l’agriculture – nous avons besoin d’Israël”, a déclaré à la télévision soudanaise S24TV à Juba le vice-président du Conseil souverain du Soudan, le général Mohamed Hamdan Dogolo, dit “Hemidti”. Mais par solidarité avec les Palestiniens, il ne s’agira pas ” d’une normalisation ” des relations, a-t-il précisé. “Nous n’avons peur de personne. Mais ce seront des relations, pas une normalisation”, a souligné le général, sans donner de calendrier ni préciser la différence entre les deux termes. Une normalisation entre les deux pays est loin de faire l’unanimité parmi les partis politiques soudanais, la société civile ainsi qu’au sein du gouvernement de transition. En août, les composantes des Forces de la Liberté et du changement (FLC), une coalition de partis et de la société civile – fer de lance de la contestation ayant mené à la chute de l’ex président Omar el-Béchir – ont insisté sur “le droit des Palestiniens à leur terre et à une vie libre”.
Ferhat Zafane (avec agences)