Notre ambassadeur en France, Mohamed Antar- Daoud, fait le point des relations algéro-françaises : « Assumons-nous quelques soient les obstacles dressés »
La question mémorielle, la diaspora algérienne en France, le rapprochement entre les deux pays, le passé ainsi que l’avenir qui se projette, à côté de bien d’autres questions sensibles, tels sont les points sur lesquels est revenu notre ambassadeur En France, Mohamed Antar Daoud, à la faveur d’un entretien accordé au quotidien « l’Expression » et dont nous reproduisons les extraits les plus marquants
Abordant la question de l’avenir immédiat entre les deux pays, Mohamed Antar-Daoud a indiqué que l’Algérie et la France sont appelées à connaître des “lendemains meilleurs grâce à la volonté politique affichée par les deux chefs d’Etat”. Et pour situer l’origine des inhibitions pour que cette relation aille vite dans le bon sens, il a indiqué : “Il y a en dessous des lobbies qui freinent cette coopération et ne souhaitent pas voir une entente cordiale entre l’Algérie et la France. Ce sont des lobbies organisés, financés par certains milieux que nous connaissons fort bien.
Ils n’ont pas d’intérêt dans un rapprochement entre Alger et Paris. Ils connaissent parfaitement le poids de l’Algérie et de sa diaspora en France, qui englobe la quasi-totalité des secteurs d’activités. On a beau avoir la même religion, appartenir à la même région mais pas forcément les mêmes intérêts”, a souligné Mohamed Antar-Daoud. Ceci n’est pas tout pour l’interviewé puisqu’ il précise que : “Les gestes de rapprochement se sont multipliés entre l’Algérie et la France depuis l’élection de Abdelmadjid Tebboune le 12 décembre 2019. La volonté politique affichée par les deux présidents, Tebboune et Macron, est une opportunité inespérée pour évoluer sur un terrain constructif et de manière apaisée”, a-t-il ajouté dans le même contexte.
“Le couple Algérie-France a bien le droit, après 59 ans, d’en finir avec les malentendus et de baliser la voie à un avenir serein dans l’intérêt de nos deux peuples. Nous n’avons pas le droit de tourner le dos aux interpellations de l’heure. Moi, je dis “assumons-nous, et cela, quels que soient les obstacles qui peuvent s’ériger sur cette voie”, a-t-il dit, relevant que “dans les relations entre Etats, à un moment ou à un autre de la phase de leur développement, peuvent survenir des malentendus, parfois, d’appréciation, mais qui peuvent être comparés à des scories, lorsqu’on les prend à bras-le-corps”.
Pour ce qui des opportunités existantes de part et d’autre de la méditerranée pour faire de la relation algéro-française un modèle de coopération et d’échanges dans divers domaines, Antar Daoud a tenu à rappeler que : « le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en a clairement dressé le constat, lorsqu’il a déclaré qu’il fallait désormais donner la priorité aux attentes des peuples algérien et français sans rien renier de notre passé commun”, soulignant que l’Algérie et la France possèdent chacune de “formidables atouts” à faire valoir dans tous les domaines, que ce soit en matière d’échanges économiques, de coopération, de partenariat, et d’entraide pour le maintien de la paix et de la stabilité dans la région.
L’avenir entre les deux pays a également été souligné par notre ambassadeur dans l’Hexagone en évoquant la 5ème session interministérielle de haut niveau qui doit se réunir le 11 avril prochain. A ce propos il a déclaré : « Cette rencontre permettra la signature de quelques accords algéro-français, ainsi que des contacts susceptibles de sortir certains dossiers de l’impasse”.
Sujet de l’heure oblige, notamment la question mémorielle entre les deux pays, Mohamed Antar Daoud a affirmé que “les relations entre nos deux pays ont connu une nouvelle dynamique grâce à la volonté affichée par les deux présidents”, rappelant que ces questions mémorielles “visent la restitution des restes mortuaires, les archives, l’indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires, les anciens sites d’essais nucléaires français au Sahara et la question des disparus”.
Selon lui, “ces dossiers ont connu des développements au cours de l’année 2020, à la faveur de la demande officielle formulée par l’Algérie, concernant le rapatriement des restes mortuaires et la restitution des archives (…)”. Interrogé sur la question de l’opération de récupération des biens algériens en France, l’ambassadeur algérien a indiqué qu’il a remis “il y a quelques jours” au président de la République un dossier sur la situation de tous les biens immobiliers de l’Algérie en France et que “l’ambassade a lancé une opération qui a permis de récupérer des châteaux, des bâtisses et autres grands domaines”. “L’important patrimoine qui totalise 46 propriétés doit faire l’objet d’une prise en charge efficiente. Plusieurs options méritent d’être examinées. Certains biens doivent être vendus. J’entends par là, ceux non utilisés, non rentables, en état de délabrement très avancé ou menaçant ruine”, a-t-il affirmé dans cet entretien qui lève quelque peu le voile sur les questions restées en suspens entre les deux pays et dont la résolution permettra à coup sûr de booster la relation entre les deux pays.
Ferhat Zafane