Nouveaux rebondissements dans la crise malienne : les tractations s’enlisent
Alors que ce matin les discussions entre les deux parties semblaient s’acheminer vers un rapide dénouement heureux, la situation s’est brusquement tendue, apprend-on.
Les conditions posées par la junte des militaires putschistes ont en effet été rejetées par le Premier ministre Moctar Ouane. Il lui a été demandé de céder sa place à un responsable de l’Exécutif, qui soit « plus consensuel », et sans doute affilié au parti d’opposition M5.
Le colonel Sadio Camara, qui se trouve à la tête des militaires putschistes, aurait en effet exigé la dissolution pure et simple du gouvernement nouvellement formé, ainsi que la désignation d’un nouveau Premier ministre.
C’est ce que nous avons appris en exclusivité de sources crédibles qui suivent de très près le dossier sensible de la crise malienne.
Le président de la transition, ou de la république malienne, Bah Daw aurait refusé ces conditions, et menacé de démissionner, auquel cas la crise s’aggraverait de manière plus sérieuse et plus inquiétante encore. Jusqu’à ce moment, les tractations, particulièrement serrées, se poursuivent grâce à une médiation menée par des représentants de l’Union Européenne et de l’ONU.
De son côté, l’ex-homme fort de la junte qui a chassé du pouvoir le président Ibrahim Boubacar Kéita a récidivé une nouvelle fois. Dans un communiqué rendu public ce mardi, le colonel Assimi Goita affirme avoir placé le président et le Premier ministre «hors de leurs prérogatives».
En effet, il justifie son acte par plusieurs raisons. « Le gouvernement dirigé par Monsieur Moctar Ouane s’est montré incapable de constituer un interlocuteur fiable susceptible de mobiliser la confiance des partenaires sociaux », a-t-il indiqué. « Dans la foulée et de façon unilatérale, le président de la transition a accepté la démission du gouvernement et reconduit immédiatement le premier ministre avec pour mandat d’aller à la formation d’un nouveau gouvernement.
La conséquence a été une consternation générale marquée par la persistance des grèves de l’Union nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) dont l’issue est finalement une grève illimitée », a poursuivi le communiqué. Dénonçant une violation de la charte de la transition, il regrette n’avoir pas été consulté par le premier ministre et le président avant la formation du nouveau gouvernement. A l’en croire, cette marche cavalière des deux dirigeants viole la charte de la transition qui lui confère les volets sécurité et défense.
Malgré ces arrestations, le vice-président de la transition invite les populations à vaquer librement à leurs occupations et les rassure de l’engagement indéfectible des Forces armées de défense et de sécurité de préserver l’intérêt supérieur du peuple malien conformément à l’esprit et à la lettre de la Charte de transition. Au demeurant, le Vice-président de la Transition tient à préciser que le processus de Transition suit son cours normal et que les élections se tiendront courant 2022.
Le Mali est au bord de plonger dans une nouvelle crise politique. Rien n’est moins sûr cependant. Si un rapide consensus n’est pas trouvé dans les heures qui suivent, un dérapage incontrôlé n’est pas à écarter dans un pays déjà en crise, menacé par les groupes terroristes, et où les factions touarègues entendent se faire respecter, et jouer un majeur rôle dans le processus en cours. Plus de détails et d’infos suivront…
Mohamed Abdoun