Nucléaire iranien : Biden annonce un tournant décisif
D’abord un retour pur et simple à l’accord sur le nucléaire iranien, et ensuite seulement d’hypothétiques négociations sur les autres menaces posées par Téhéran : Joe Biden semble ignorer les appels à utiliser la «pression maximale» de Donald Trump pour arracher des concessions immédiates à l’Iran Pendant la campagne pour la présidentielle du 3 novembre, le démocrate avait affirmé que si les autorités iraniennes revenaient à «un respect strict» des limites imposées à leur programme nucléaire par le texte international de 2015, les États-Unis reviendraient à leur tour dans l’accord, comme «point de départ» pour des négociations «de suivi».
Élu président, il persiste et signe. «Cela sera difficile, mais oui», a-t-il dit à un éditorialiste du New York Times qui lui a demandé si c’était toujours sa position.
«La meilleure manière d’atteindre une certaine stabilité dans la région» est de s’occuper «du programme nucléaire» de Téhéran, a-t-il estimé dans cet entretien publié mercredi, mettant en garde contre une course à la bombe atomique au Moyen-Orient Donald Trump a claqué la porte en 2018 de l’accord conclu par les États-Unis, la Chine, la Russie, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni avec l’Iran pour l’empêcher de se doter de l’arme nucléaire, le jugeant insuffisant pour endiguer les comportements «déstabilisateurs» de la République islamique.
Dans la foulée, le président républicain a rétabli puis durci les sanctions américaines levées en 2015, au grand dam des alliés européens de Washington qui tentent eux de sauver l’accord. En réponse, Téhéran a commencé à s’affranchir de certaines restrictions imposées à ses activités nucléaires.
La stratégie de Joe Biden implique donc une levée des sanctions draconiennes de Donald Trump en échange d’un simple retour au texte de 2015 – négocié lorsqu’il était lui-même vice-président de Barack Obama.
L’administration Trump, qui a promis de multiplier les sanctions jusqu’au bout, a pourtant exhorté le prochain gouvernement à faire «bon usage» de sa campagne de «pression maximale».
Et l’ex-ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley a estimé que le futur président commettrait une «grave erreur» en «se précipitant dans les bras des ayatollahs».
L’assassinat, le 27 novembre près de Téhéran, du scientifique nucléaire iranien Mohsen Fakhrizadeh, imputé par l’Iran à l’État hébreu, est d’ailleurs venu rappeler que la voie que veut emprunter le démocrate est semée d’embûches.
A.O