Omar Brouksy, journaliste et écrivain marocain : « Mohamed VI est un dictateur en puissance ! »
Le moins que l’on puisse dire est que Omar Brouksy, journaliste et intellectuel marocain très connu à l’échelle international, n’a guère mâché ses mots dans un long entretien accordé à un journal local en ligne.
Il y critique très sévèrement le roi Mohamed VI, doté de pouvoirs exorbitants au point de ne souffrir aucune critique, pour minime qu’elle fut.
Abdellati Hammouchi, le chef des services de renseignement et de sécurité au royaume chérifien, connu pour sa propension à fabriquer de faux dossiers à charge pour faire chanter et taire toutes les voix dissonantes du royaume, n’est pas épargné non plus.
«C’est le roi qui a un problème avec la liberté d’expression et d’information, pas le Maroc», assène d’entrée de jeu ce très courageux journaliste, dont l’ami est, Mâati Monjib toujours détenu pour délit d’opinion.
Il est également sur la mise en détention de ce dernier : « C’est une arrestation qui m’a choqué et attristé, mais pas surpris. Il ne faut pas oublier que depuis des années, il est harcelé par la justice marocaine ».
Car il faut savoir aussi que la justice marocaine n’est pas indépendante, et obéit systématiquement aux ordres qui lui viennent d’en haut.
Et d’expliquer pourquoi ce personnage haut en couleur dérange autant le palais royal : « Mâati Monjib parle couramment l’arabe, l’anglais et le français, écrit des articles approfondis, des articles académiques et journalistiques dans un style clair et fluide, ses idées sont cohérentes et bien argumentées.
Ce n’est pas un extrémiste mais il critique les aspects sensibles, les abus de pouvoir, le manque de démocratie, les injustices sociales, les inégalités, les abus de la police politique… De plus, Mâati est crédible aux yeux des organisations internationales, des médias et des ONG ».
Le Maroc de Mohamed VI ne s’encombre d’aucun scrupule quand il s’agit pour lui d’étouffer les voix qui dérangent : « En politique, et plus encore dans un régime quasi dictatorial, il n’y a pas d’accident, tout est calculé et tous les moyens sont bons pour affaiblir les voix dissonantes. Le Maroc est en lock-out depuis mars 2020 », et d’ajouter que « Mâati était dans le viseur des autorités depuis des années. L’atmosphère de la pandémie et ses récentes critiques de l’emprise toujours plus serrée de la police politique et de son chef, Abdellatif Hammouchi, sur la vie politique et la sécurité, ont été les gouttes qui ont brisé un réservoir déjà plein.
Il faut dire que ces dernières années Hammouchi, déjà mis en cause par la justice française pour « complicité de torture », est devenu une figure sacrée comme le roi, un intouchable, et son influence sur les décisions politiques au plus haut niveau a pris beaucoup d’élan ».
L’entretien se termine sur un constat amer et inquiétant dans un royaume colonialiste et criminel, pourtant porté aux nues par le monde occidental : il n’y a plus de journaux indépendants !
Kamel Zaidi