Patrice Bouveret est affirmatif : les déchets nucléaires français en Algérie « sont encore sur place »
Les essais nucléaires menés par la France coloniale dans le sud du pays restent parmi les pires crimes perpétrés durant 132 ans d’occupation destructrice, dont l’impact sur l’homme et sur l’environnement exige de la France à en assumer la responsabilité.
Ces essais constituent une illustration des crimes les plus abjects ayant caractérisé la politique génocidaire pratiquée par le colonisateur que la France officielle doit également reconnaître.
Plus d’un demi-siècle après, « une quantité inconnue de déchets radioactifs est toujours sur place », affirme, le directeur de l’Observatoire des armements français, Patrice Bouveret, cité par l’APS. « Quand la France a cessé ses essais nucléaires en Algérie, en 1966, elle a laissé sur place tout simplement l’ensemble des déchets qui sont liées aux essais effectués dans le Sahara algérien », a, en effet, affirmé Patrice Bouveret dans un entretien à Radio France Internationale. Il a dans ce sens plaidé pour « des analyses précises » pour mesurer le taux de radioactivité encore présente sur les lieux des essais.
La France appelée à « déterrer » aussi les archives
« La France a non seulement laissé ses déchets mais elle a classé secret Défense tous les documents qui pourraient avoir trait à ces programmes », a-t-il souligné. Par conséquent, « la quantité des déchets radioactifs demeure inconnue, ceux issus des accidents nucléaires notamment, et les plus importants d’ailleurs », a soutenu le directeur et co-fondateur de l’organisme.
Il a, à ce titre, cité l’exemple de Beril, nom du 2e essai nucléaire souterrain de la France en Algérie (1 mai 1962), qui a libéré des laves radioactives. « Des éléments radioactifs sont restés sur des zones de Reggane (wilaya d’Adrar) sans être ramassés alors qu’ils sont radioactifs », a-t-il relevé.
Pour mesurer les conséquences, l’intervenant a plaidé pour « des analyses précises de chacun de ces matériaux pour voir le taux de radioactivité encore présent jusqu’à présent sur les lieux. On sait qu’il est important ».
Le directeur de l’Observatoire des armements français a regretté, à ce titre, le fait qu’aucune étude pour mesurer cette radioactivité n’ait été menée par des services compétents français ou un organisme indépendant pour pouvoir mettre en place, par la suite, un programme d’isolement des zones les plus dangereuses avant de procéder à leur nettoyage».
Cosignataire d’une tribune dans laquelle il appelait la France « à sortir du déni », ce dernier a mentionné qu’ « il y avait eu des tentatives de mettre en place des commissions pour évaluer les dégâts et faire des recommandations mais sans que suite ait été donnée ».
Epurer les questions du passé
Notant l’existence, aujourd’hui; d’une volonté de la part de l’Algérie et de la France de travailler pour débloquer la situation, Patrice Bouveret a fait état « de signes positifs qui sont apparus depuis la restitution des crânes de 24 héros de la résistance algérienne contre le colonialisme français ».
A son avis, « l’Algérie et la France savent que pour renforcer leurs relations sur tous les plans économique, politique, sociétal, il faut épurer les questions du passé ».
Entre 1960 et 1966, la France a mené 17 essais nucléaires dans le Sahara algérien, et la question des conséquences de ces essais est restée en suspens.
C’est ce qu’indiquent, dans la tribune cosignée, des représentants de l’Observatoire des armements et d’ICAN France (la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires). Ils appellent la France à régler cette question cruciale pour la santé des populations.