Politiques publiques défavorables : mise en garde contre une crise de change
« Pour 2021 et 2022, les perspectives restent fortement défavorables et si les politiques publiques actuelles ne sont pas ajustées, le pays se dirigera alors vers une crise de change en 2022/2023, avec le risque de compromettre l’indépendance économique du pays », met en garde le Dr. Abdelrahmi Bessaha, économiste au FMI.
Afin d’empêcher l’aboutissement de ce scénario qui risque d’être fatal, il préconise de «mener dès maintenant des politiques cohérentes sur les plans macroéconomique, structurel et sectoriel». Dans une contribution parue au quotidien El Watan, l’économiste indique qu’en l’état actuel des politiques publiques, «la croissance devrait reculer
de 1%-2%, notamment du fait de l’absence de plan de relance consistant pour 2021 ($4 milliards), de la rareté de ressources saines, de l’absence de plan de relance à moyen terme et de plan de vaccination massive et des rigidités structurelles existantes».
Aussi, le Dr. Bessha relève «une plus grande détérioration du déficit budgétaire hors pétrole (33,7 % et 32,5 % du PIB hors pétrole, respectivement en 2021 et 2022) ; un déficit du compte courant de 9% du PIB en moyenne en 2021-2022 ; et une baisse continue des RIC qui devraient atteindre $38,5 milliards à fin 2021 et $28,9 milliards en
2022».
Devant cette situation, et en plus d’un programme ambitieux de vaccination et de mesures immédiates fortes visant à atténuer les impacts néfastes de la pandémie qui est toujours présente, l’économiste propose de mettre en place «le plus vite possible des politiques publiques fortes qui doivent s’articuler autour de 3 grands axes complémentaires et cohérents : macroéconomique, structurel et sectoriel». Vu l’ampleur des déficits et les impératifs sociaux, «les mesures doivent être progressives, bien articulées, ciblées et doivent faire l’objet d’un suivi rigoureux».
Le mix que propose le Dr. Bessaha s’articule sur «une politique budgétaire visant à réduire le déficit du budget, une politique monétaire devant contenir l’inflation par le biais d’une bonne gestion de la liquidité et une politique de change visant à réduire la
surévaluation du dinar algérien».
Un mix, explique –t-il, «crucial et incontournable pour assurer la viabilité des finances publiques et du secteur extérieur. Le mix macroéconomique doit être accompagné par une politique sociale précise et ambitieuse qui doit protéger les segments vulnérables de la
population».
Yacine Bouali