Pr Ahmed Zaghdar, président de la commission finances et budget de l’APN à La Patrie News
‘’ L’Algérie demeure un Etat social’’
« Le projet de loi de finances 2021 a été confectionné dans des circonstances exceptionnelles du fait que l’Algérie fait face, depuis plusieurs mois, à deux crises : la chute historique du prix du baril de pétrole et la pandémie de covid19 », a affirmé Pr Ahmed Zaghdar, président de la commission finances et budget de l’APN, lors de l’entretien qu’il a qu’a bien voulu accorder à la Patrie News, à la veille de la présentation du projet par le gouvernement devant l’APN.
« En plus de ces deux crises majeures, il y a une stagnation de l’économie mondiale depuis 2019 jusqu’à actuellement », a-t-il ajouté.
Il rappelle aussi que l’Algérie n’a pas d’autres recettes financières que celles générées par les hydrocarbures mais : « cette fois, la fiscalité ordinaire est sera supérieure à la fiscalité pétrolière pour l’année 2021, ce qui n’est jamais arrivé auparavant », précise-t-il.
Pour y arriver, le gouvernement a élargi l’assiette fiscale qui est devenue verticale et non horizontale comme cela se faisait : « la recherche de nouvelles sources de financement » est le crédo principal de ce projet de loi de finances.
« Nous nous trouvons au cœur d’une stagnation économique aussi bien mondiale que locale, mais l’Algérie n’a pas abandonné le coté social, même pour ce projet, le gouvernement a pris en compte cette donne », a affirmé le président de la commission finance et budget de l’APN.
Il rappelle que l’Etat a pris en charge le coté social par le biais de la loi de finances complémentaire de 2020 et il continue dans le même sens pour 2021.
Cette prise en charge a touché aussi bien les couches défavorisées et faibles de la société que les entreprises qui se débattent dans des problèmes financiers énormes à cause de la conjoncture sanitaire et économique, et l’Etat a préféré retarder l’échéance de paiement des impôts que doivent ces entreprises pour les aider à surmonter cette crise multidimensionnelle.
« D’ailleurs, et depuis l’arrivée du Président Tebboune au pouvoir, l’Etat a pris en charge les ‘zones d’ombre’, déjà en 2020 (LFC) et il continuera de la faire pour 2021(eau, travaux publics, services divers) » a continué Pr Zaghdar.
En réponse à la question de savoir si l’Etat pourra les prendre en charge malgré la conjoncture économique défavorable, Pr Zeghdar déclare : « bien sûr, l’Etat en est bien capable puisque nous avons maintenant une réserve de change qui arrive à plus de 50 milliards de dollars US et, en plus, le gouvernement a pris des mesures positives qui se sont soldées par la baisse de plus de 12 milliards de dollars en importation, ce qui améliorera les capacités financières du Trésor public ».
Récupérer la masse monétaire du marché parallèle
« Toujours pour renflouer les caisses de l’Etat il convient de récupérer la masse monétaire très importante qui circule de manière informelle pour la faire rentrer dans le circuit officiel, en plus de l’épargne ménagère qui n’est pas utilisée », estime le président de la commission finances. Pour ce faire, le projet de loi de finances préconise l’utilisation des moyens de paiement électronique et oblige les entreprises et les commerçants à mettre en place les TPE, afin d’introduire ce mode de paiement dans la vie de tous les jours des citoyens algériens.
Encouragement des startups
Le projet de loi de finances 2021 introduit aussi diverses mesures incitatives et d’encouragement pour les startups afin de les aider à émerger, d’autant plus qu’elles ne nécessitent pas de gros investissements. Dans ce cadre, « le projet de loi de finances 2021 donne des avantages fiscaux et parafiscaux importants aux startups », estime aussi notre interlocuteur.
Suppression des comptes spéciaux
Pr Zaghdar rappelle aussi que le projet de loi de finances 2021 prévoit la fermeture de tous les comptes spéciaux (plus de 40) car ils sont incontrôlables. « Nous ne pouvons pas contrôler ces comptes et vous voyez les défaillances et le dévoiement qui s’en est suivi, ce sont les des vérités que nous ne pouvons pas couvrir ni cacher », précise-t-il. Il rappelle aussi que cette suppression est une demande des députés de l’APN qui l’ont réitéré à plusieurs reprises.
Des aides sociales importantes
Le projet de loi de finances 2021 prévoit aussi plus de 1927,5 milliards de dinars comme aides entrant dans le social, destinées à la santé, à la nourriture, aux affaires sociales en général. Ce chiffre a augmenté de 4,5% par rapport à celui de l’année dernière.
Les priorités de la loi de finances 2021
Parmi les priorités de ce projet de loi de finances, notre interlocuteur affirme qu’elles concernent les avantages accordés aux startups pour la création de richesse et de postes de travail, l’Algérie souffrant d’un chômage important. Parmi les priorités, il y a aussi la protection des entreprises existantes pour assurer sa pérennité et celle des emplois générés. Le secteur de la transformation dans le secteur agricole est aussi très important et il faudrait créer des entreprises qui seraient complémentaires de ce secteur, de même que les mines qui constituent aussi une source importante de revenus pour l’Etat, « je pense qu’il y a une forte volonté politique dans ce sens », a-t-il affirmé.
Tahar Mansour