Pr. Brahim Guendouzi, économiste :
«Le guichet unique va promouvoir l’investissement productif »
Entretien réalisé par Mohamed Ait S.
La Patrie news : Au Conseil des ministres de Jeudi consacré à l’investissement, il a été décidé de la création d’un guichet unique à compétence nationale, pour les grands projets et les investissements étrangers, ainsi que la création de guichets uniques décentralisés pour l’investissement local. Quel sera l’apport de cet outil pour les deux cas de figure ?
Pr. Brahim Guendouzi : Tout d’abord, il y a lieu de rappeler que l’investissement est la condition première pour tout processus de croissance économique. Une loi consacrée à l’investissement en est un signal fort envoyé par les pouvoirs publics à tous les détenteurs de capitaux. Le guichet unique dans sa nouvelle dénomination agira à promouvoir l’investissement productif à différents niveaux, local et national, mais également attirer les IDE dont les apports pour l’économie nationale seront bénéfiques à tout point de vue. Aussi, le guichet unique constituera l’interface avec l’ensemble des investisseurs et aura surtout à présenter les garanties auxquelles s’attendent les porteurs de projets notamment au plan juridique ainsi que dans l’aspect procédural. Les compétences requises dans le traitement des dossiers seront réunies afin de rehausser autant que faire se peut le niveau de célérité dans la concrétisation des projets sur le terrain. Les opportunités d’affaires ne manquent pas en Algérie et ce, dans divers domaines d’activités, pour peu que les verrous existants soient levés le plus rapidement possible afin de redonner à l’acte d’investir une nouvelle dynamique susceptible d’enclencher un effet catalyseur sur les structures économiques.
Il est aussi question d’appuyer les investissements contribuant à la réduction de la facture d’importation et utilisant les matières premières locales. Un gage à coefficient élevé pour la promotion du made in Algeria?
Il est clair que l’objectif déjà affirmé de la densification du tissu économique soit placé au centre de la politique prônée en matière d’investissement. Aussi est-il pertinent de cibler tous les projets qui s’inscrivent dans le processus de substitution aux importations, et par la même offrir des débouchés aux matières premières locales ainsi que des composants fabriqués localement. Les incitations qui seront accordées en faveur des projets initiés pèseront incontestablement sur les rentabilités espérées des investisseurs ainsi que sur les risques encourus. Cela ne manquera pas sûrement de faire avancer le partenariat entre entreprises, particulièrement avec des partenaires étrangers. La valorisation des ressources locales représente en elle-même une démarche rationnelle dans le fonctionnement de l’économie nationale susceptible d’aboutir à moyen terme à une intégration sectorielle tant indispensable pour la démarcation vis-à-vis de la dépendance des hydrocarbures.
La lutte contre la bureaucratie, à travers la numérisation des procédures liées à l’investissement par la création de la plateforme numérique de l’investisseur. Par quels leviers réussir ce défi du numérique ?
La meilleure parade contre la bureaucratie est effectivement le recours à la numérisation des procédures. Des expériences existent en Algérie qui font ressortir que là où sont adoptées les technologies de l’information et de la communication, des progrès incontestables sont réalisés en un moindre temps et avec la satisfaction de toutes les parties prenantes. Alors une plateforme numérique dédiée aux investisseurs apportera à coup sûr de la transparence, de la célérité, de l’efficacité et surtout de la confiance. Espérer que la loi sur l’investissement fasse adhérer un grand nombre de porteurs de projets, c’est justement agir sur ces aspects déterminants dans l’acte d’investir.
M. A. S.