Présidentielle française : L’Extrême droite tiraillée entre Marine Le Pen et Eric Zemmour
« Que ceux qui veulent partir partent, mais qu’ils partent maintenant » a lancé, hier à partir de Madrid, Marine Le Pen, dépitée par les défections en cascade de ses plus proches collaborateurs, qui rallient le camp de son rival Eric Zemmour. Elle n’a pas eu le temps de transcender la perte des deux eurodéputés Gilbert Collard et Jérome Rivière, qu’elle a été assommée par la décision de sa nièce, Marion Maréchal de la laisser tomber. « C’est brutal, c’est violent » a-t-elle commenté, avant-hier sur le plateau de Cnews. Elle a eu du mal aussi à assumer la désertion de Bruno Megret et le départ quasiment annoncé de l’eurodéputé Nicholas Bay. Perdre un à un ses soutiens, à quelques semaines du premier tour de la présidentielle au profit de son adversaire de l’extrême droite Eric Zemmour, fragilise considérablement Marine Le Pen, à telle enseigne qu’elle risque de ne pouvoir conserver longtemps sa position d’outsider d’Emmanuel Macron (sa candidature n’est pas encore officielle), dans les sondages.
Jusqu’à présent, la candidate du Rassemblement national est créditée de 18% des intentions de vote. Elle est talonnée de près par la candidate LR (Les républicains) Valérie Pecresse (16%). Le polémiste Eric Zemmour rattrape, réduit néanmoins l’écart en gagnant de plus en plus de points (13%). Sa stratégie : courtiser l’électorat acquis traditionnellement à la candidate du Rassemblement national, en distillant un discours plus radical sur l’immigration, la sécurité et la primauté des français de souche. Ce n’est probablement pas suffisant pour être potentiellement élu au deuxième tour. Il lui faudrait réussir, au préalable, une mise à mort politique de sa principale concurrente Marine Le Pen. Il s’est échiné, à ce titre, à la spolier de ses plus importants partisans, à la diaboliser dans les médias, à surfer sur ses registres, mais avec plus d’extrémisme. Le « mercenariat politique » qu’il prône avec outrance, n’est peut-être pas si productif. Il fait peur, de l’avis des analystes politiques français, à une partie des militants de l’extrême droite. Tiraillée entre ses deux candidats emblématiques, la mouvance se fissure au lieu d’unir ses rangs. « L’extrême droite donne, avant la présidentielle, l’image d’un bazar politique où la fidélité compte moins que les sondages et les promesses électorales » résume un article du quotidien français Le Temps. La balance est certes à l’avantage de Marine Le Pen, pour l’heure. Elle pourrait basculer en faveur d’un postulant à la présidentielle de la droite ou de la gauche, pour peu que les luttes intestines entre Le Pen et Zemmour sombrent dans des profondeurs plus glauques.
S. B.