Princesse Hasnaa du Maroc : seule la partie apparente de l’iceberg dévoilée par les Pandora Papers
Les scandales princiers et présidentiels dévoilés par les Pandora Papers sont si nombreux que des centaines de rois, princes, présidents d’Etats s’en sont trouvés éclaboussés. Si pour eux tous ce sont des scandales financiers liés essentiellement au blanchiment d’argent, au détournement de deniers publics ou à la fraude fiscale en utilisant des sociétés écrans pour cacher leurs fortunes acquises de manière illégale, d’autres sont aussi coupables de déni de justice sociale et d’enrichissement au détriment de leurs peuples vivant en-dessous du seuil de pauvreté, un crime inhumain responsable de la mort, de la maladie et de la malvie de millions de personnes.
Il est patent que les princes et princesses des monarchies arabo-musulmanes ne se contentent pas de leurs titres de noblesse ni de leurs rentes faramineuses, ils activent dans diverses affaires comme la finance, l’immobilier, l’agriculture ou l’énergie qui ‘sont leurs domaines de prédilection’. Mais si les familles royales des riches monarchies du Golfe font, pour la plupart, fructifier leurs rentes, il est plutôt difficile à certaines familles royales de faire de même car leurs pays ne sont pas assez riches pour le leur permettre, et c’est le cas justement du royaume du Maroc.
Pourtant, la princesse Hasnaa, sœur du roi Mohamed 6 et patronne du Holding Star Finance a vu son nom apparaitre parmi les dignitaires éclaboussés par les Pandora Papers et ceci ne constitue nullement une surprise pour les connaisseurs car elle possède de nombreux biens immobiliers à l’étranger.
La villa londonienne de Lala Hasnaa à 11 millions de dollars
Parmi ces biens de haut standing, la sœur du roi Mohamed 6 avait acquis une villa cossue dans le quartier royal de Kensington, l’un des quartiers les plus chers au monde en matière d’immobilier et de vie. La villa a couté 11 millions de dollars. Pour contourner le fisc et la légalité, la villa est détenue via une société offshore inscrite aux Iles Vierges britanniques et gérée depuis l’ile anglo-normande de Jersey. Elle a été cédée fin 2020 à un riche homme d’affaires sud-africain pour plus de 100 millions de dirhams. Pour la gestion de sa société, la princesse Hasnaa a sollicité les services d’un fiduciaire dénommé Equiom basée sur l’ile de Jersey alors que l’enregistrement a été fait par le biais de l’antenne du cabinet Trident dont le nom revient souvent dans les Pandora Papers. Pour indiquer les ressources financières lui ayant permis d’acquérir la villa et de créer la société, la princesse Hasnaa s’est contentée d’écrire : ‘Famille Royale Marocaine’. En plus, les gestionnaires des sociétés appartenant aux sœurs du roi Mohamed 6 ou à leurs filles sont deux hauts dirigeants de banques publiques marocaines, Anis El Youssoufi et Abdelatif Jouahri, respectivement directeur de l’international de la banque centrale (sic) et gouverneur de Bank El Maghrib (resic), avec, cerise sur le gâteau, le fils d’Abdelatif Jouahri, Mehdi Jouahri qui est chef de cabinet du prince Moulay Rachid, frère de Mohamed 6. Et la boucle est bouclée quant à l’origine des fonds ayant permis l’acquisition de la villa et des autres biens.
La partie cachée de l’Iceberg
Il faut dire que ce n’est là qu’une infime partie de la fortune de la princesse Hasnaa, sœur du roi Mohamed 6, une fortune qu’aucun média ni institution ne s’est donné la peine de dévoiler. Au début de la pandémie de covid19, elle a acquis un pied-à-terre pour ses deux filles qui vivent et étudient à Paris, l’appartement est situé au 16ème arrondissement de Paris, le quartier très chic de la capitale française. C’est une société civile qui a été constituée pour cet achat, constituée de 1000 parts dont 900 appartiennent à la princesse Hasnaa alors que chacune de ses deux filles en a reçu 50.
La famille royale marocaine à certainement un faible pour Paris car leur tante, la princesse Asmae, l’autre sœur du roi Mohamed 6, a créé en 2019 une société civile dont le siège se trouve à l’avenue Marceau, dans le 8ème arrondissement de Paris et qui s’occupe de l’acquisition et la gestion de bureaux, de commerces et de propriétés. Ce sont deux structures de droit néerlandais qui sont associées dans cette société : Oumaila BV et AA.
Une autre princesse, Meryem, l’ainée, mère de lalla Soukaina et Moulay Idriss, n’est pas en reste puisqu’elle a acquis un domaine en 2014 dans les Yvelines, non loin de Paris, d’un cout de quelques trois millions d’Euros, dont le propriétaire enregistré est la SCI Georges Mandel.
Pour un montant de 80 millions d’Euros, le roi Mohamed 6 a fait l’acquisition en 2021 d’un hôtel particulier hors normes au pied de la Tour Eiffel, qui a appartenu auparavant à un membre de la famille Al Saoud, en plus du château de Betz qu’il a hérité de son père feu Hassan II, acquis dans les années 70.
Et la liste continue …
Une autre sœur du roi, ainée de deux ans de la princesse Hasnaa, a acquis plusieurs propriétés dans des quartiers prestigieux de Paris, un appartement avenue Bosquet dans le 7ème, un autre situé Quai d’Orsay, un troisième rue François 1er dans le 8ème arrondissement. La quatrième acquisition, située dans le 16ème a été cédée il n’y a pas longtemps.
Le nombre de millions et de milliards de dirhams pour acquérir toutes ces propriétés et celles, beaucoup plus nombreuses qui sont encore cachées sous de faux noms, notamment en utilisant les sociétés offshore, donnerait le tournis à plus d’un expert-comptable, surtout s’il est spécialisé en fisc …
Ce sont des propriétés dans lesquelles se prélassent les membres de la famille royale marocaine, loin de l’odeur nauséabonde des taudis de Marrakech, du Rif où la vie n’a plus de sens et même à Rabat où manger à sa faim est devenu une véritable gageure.
Les sommes faramineuses dépensées pour acquérir ces demeures somptueuses ne peuvent en aucun cas provenir de la fortune personnelle de chacun des membres de la proche famille de Mohamed 6, des enquêtes devraient être menées pour en déterminer l’origine.
Pandora Papers sont arrivés, ils ont dévoilé les secrets fétides des finances de plusieurs monarques et dirigeants de par le monde, y aura-t-il d’autre Papers ou d’autres Gates pour abattre toutes les cartes qui sentent le roussi dans les demeures prestigieuses de ces rois et dirigeants qui ne savent plus s’arrêter de se goinfrer sur les corps squelettiques de leurs peuples ?
Tahar Mansour