Prix du mouton : trop cher, déplorent les algériens
« As-tu acheté un mouton ? », « Non, pas encore, je préfère attendre le dernier jour, peut-être que les prix baisseront un peu ». C’est ce genre de question-réponse que nous entendons à longueur de journée, que peut vous poser votre voisin, l’épicier du coin ou quelqu’un avec qui vous engagez la conversation en faisant la chaine pour retirer de l’argent d’un bureau de poste. L’Aïd El Adha n’est qu’à trois jours, les marchés à bestiaux, les enclos, des jardins, des garages ou tout lieu susceptible d’accueillir des moutons sont utilisés. Le nombre de moutons proposés à la vente est vraiment très important, ils sont beaux, ils sont cornus, ils sont hauts sur pattes mais leurs prix défient toutes les bourses, enfin la majorité d’entre elles. Il ne faut pas oublier ceux qui ont les moyens et achètent sans se soucier du prix. La vidéo postée sur Facebook montrant un bonhomme acquérir un bélier à 30 millions de centimes a été partagée par des milliers d’internautes, mais c’est une exception et les citoyens aux bourses moyennes ont fait des commentaires plutôt acerbes.
De prime abord et à la vue du nombre très important de moutons à travers toute l’Algérie, nous nous attendons à trouver des prix relativement bas, mais une petite virée à travers les marchés et les endroits réservés à ce commerce nous font découvrir autre chose. En effet, l’agneau d’à peine six mois qui pèse juste quelques kilos est proposé à partir de 32000 DA, le mouton un peu plus grand sur pattes et atteignant un an d’âge n’est pas cédé au-dessous du 4 millions de centimes. Pour celui qui voudrait acheter un mouton digne de ce nom, il lui faut débourser 55 000 DA et plus, pour arriver jusqu’à 10 millions de centimes pour les béliers exceptionnels.
Selon des citoyens rencontrés sur place, les prix ont connu une augmentation de près de 10 000 dinars par bête par rapport à l’année écoulée. En effet, il a été constaté que pour une bête de même corpulence et de même âge, le prix a augmenté d’au moins un million cette année.
Pour les causes, les éleveurs parlent tous du prix de la nourriture qui a augmenté de près de 80%, de la difficulté d’en acheter à prix administré auprès des établissements étatiques et d’une certaine opacité qui caractérise toujours le marché de l’aliment du bétail en Algérie, malgré les différentes mesures prises par les pouvoirs publics pour venir en aide aux éleveurs, aussi bien de bétail que de poulets.
Interrogés, des éleveurs affirment payer le quintal d’orge à 5500 DA, « lorsque nous déposons nos cartes pour acquérir auprès de l’office de l’aliment du bétail pour acheter à prix normal, nous ne sommes pas servis, et nous sommes alors obligés de l’acheter au marché noir », explique l’un d’eux. C’est donc le prix de la nourriture, toujours selon les éleveurs, qui a causé cette augmentation sensible des prix du mouton, notamment en cette période de forte demande avec l’approche de l’Aïd El Adha. Le transport des moutons vers les grands centres urbains est aussi une cause, minime, de la cherté du mouton, toujours selon les éleveurs et les revendeurs.
Pourtant, nous remarquons que beaucoup de gens ont déjà acquis leur mouton, certains ayant amassé la somme durant toute l’année, d’autres se sont endettés, d’autres enfin, attendent les deux derniers jours, espérant une baisse substantielle des prix. Mais tous veulent acquérir leur mouton, coute que coute, pour raviver la sunna du prophète Abraham et suivre notre prophète Mohamed QSSL.
Espérons que chacun trouvera enfin mouton … à sa bourse !
Tahar Mansour