Procès de 36 migrants africains au Maroc : Quand les bourreaux se déguisent en victimes !
Le Maroc est bel et bien le royaume des paradoxes, des mensonges, des injustices et des pires crimes impunis. Pour preuve, pas moins de 36 personnes y sont poursuivies pour « entrée illégale sur le sol marocain », « violence contre agents de la force publique », « attroupement armé » et « refus d’obtempérer». Sic ! Le procès de ces malheureuses personnes, parmi lesquelles figure même un mineur, a été ajourné immédiatement après son ouverture, lundi, au tribunal de Rabat. Il a toutes les chances de se transformer en jugement public du régime marocain. Plus d’une dizaine d’avocats mondialement réputés et ténors du barreau, ont en effet intégré le collectif de la défense. Des preuves irréfutables existent. Ces migrants sont les victimes du Makhzen. Des officiers supérieurs des FAR (forces armées royales), ainsi que de proches collaborateurs de Mohamed VI sont à la tête d’importants réseaux de passeurs clandestins, avec lequel ils engrangent des millions d’euros. Cela, en sus du trafic de drogue avec lequel Rabat fait ouvertement commerce, comme le prouvent les nombreux et accablants rapports onusiens liés à ce sujet. La plupart de ces migrants sont en effet arrivés au royaume chérifien en toute légalité via des vols réguliers de la RAM (royal air Maroc). Ces migrants, otages du Makhzen, lui servent de moyen de pression et monnaie d’échange dans ses rapports avec l’UE basés, il faut le dire, sur le chantage et la corruption. Le rush de Nador, qui s’est soldé par une horrible boucherie, est très certainement une énième opération de « transit » qui a échappé au contrôle des passeurs de Mohamed VI. Il en a résulté le carnage de plus d’une centaine de malheureuses victimes, contrairement au 23 décès (ou assassinats) officiels avoués par Rabat. Or, au lieu de s’en repentir, et de faire amende honorable, cette dernière a persisté dans sa fuite en avant en lançant les accusations les plus farfelues et les plus surréalistes qui soient à l’adresse des autorités algériennes. Ce faisant, Nacer Bourirta, chef de la diplomatie marocaine, oublie qu’il a lui-même avoué avoir lâché contre l’Espagne, en août dernier, pas moins de 10.000 migrants, dont bon nombre de femmes et d’enfants, en guise de représailles contre Madrid, qui avait accepté d’hospitaliser le président sahraoui, Brahim Ghali. C’est dire que le Maroc, « concierge » de ses voisions européens, jouit d’un contrôle absolu de ces flux migratoires, dont il tire pas mal de bénéfices matériels et politiques. Ce sont pourtant ses sanguinaires bourreaux qu’il arroge en victimes dans le risible procès de ce lundi. Cela n’est pas sans rappeler le double jugement inique de 2010 et 2011 des détenus politique de Gdeim Izik, dont tous les aveux ont été extorqués sous la torture.
Kamel Zaidi