Publication controversée d’Air-Algérie sur Tlemcen : Présomption de manipulation du prestataire en communication
La mise en ligne d’une publication du service marketing d’Air-Algérie, attribuant à Tlemcen des origines maroco-espagnoles, ne serait-elle qu’une erreur par inadvertance ? Difficile de le croire, en constatant la célérité avec laquelle des médias marocains se sont emparés de ce contenu pour alimenter de vieilles ambitions expansionnistes du Royaume chérifien sur les territoires de souveraineté algérienne. Ce que la compagnie aérienne nationale présentait comme des vestiges architecturaux d’une ancienne présence marocaine dans l’une des plus belles villes de l’ouest de l’Algérie, ne pouvait être que du pain béni pour la propagande du pays voisin.
Certes le post a été supprimé, la directrice marketing d’Air Algérie limogée pour faute grave et le contrat liant la compagnie à la boite de communication résilié. Est-ce suffisant pour effacer les effets d’un acte, rapidement exploité par un pays hostile à l’Algérie ? Les décisions, prises a postériori par le directeur général par intérim du pavillon national sont intervenues tardivement. Le mal, escompté par un acte probablement délibéré, est irrémédiablement fait.
Il faut reconsidérer cette affaire en amont, pour mieux comprendre ses causes et ses conséquences.
Au cours de l’année 2021, le directeur par intérim d’Air Algérie signe, dans la discrétion, un contrat avec Canfood, une filiale locale de Havas, un groupe français de conseil en communication, assurent des sources concordantes. Le timing choisi pour une telle démarche est inapproprié. Les avions de la compagnie nationale étant cloués au sol depuis déjà presque une année (les frontières fermées pour cause de crise sanitaire), Air Algérie n’avait, à l’époque, aucune raison objective, de lancer une campagne publicitaire ou mettre en œuvre, immédiatement, un plan communication.
D’autant plus que l’ex PDG de la compagnie aérienne, Bakhouche Allache, le responsable de la filiale catering et le ministre des transports Lazhar Hani, ont été relevés de leurs fonctions, par le chef de l’Etat quasiment à la même période, pour avoir cautionné « une opération d’importation de produits de restauration, qui n’avait pas pris en compte la situation financière difficile du pays et de la compagnie nationale ». Recourir aux services d’un prestataire étranger de la communication, au moment où la compagnie aérienne avait de gros problèmes de trésorerie, s’apparente clairement, disent nos interlocuteurs, à une entorse aux orientations des plus hautes autorités du pays sur la rationalisation des dépenses publiques, presque à la mesure de ce qui a été reproché aux trois responsables susmentionnés.
Par ailleurs, « le français Havas a des accointances avec le Maroc, où il est installé depuis de nombreuses années » affirme-t-on. Ceci explique cela. Le descriptif controversé sur les origines de la ville de Tlemcen ne relève, certainement, pas d’une simple bourde. Tout porte à croire qu’il est inspiré par des parties occultes pour servir des objectifs précis, dans un contexte marqué par des tensions diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc. Les responsabilités vont, sans doute, au-delà de la stature de la directrice de marketing, qui ne serait qu’une victime d’une manipulation.
S. B.