Quand Marine Le Pen défendait un Algérien en situation irrégulière en France
Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN, ex-Front national), ne cesse d’augmenter dans les sondages à moins de onze mois de la présidentielle en France. Son discours radical axé sur la sécurité et le rejet de l’immigration plait de plus en plus.
Début juin, un sondage du baromètre Elabe pour Les Echos et Radio Classique a confirmé la percée de la députée du Pas-de-Calais chez les personnes qui votent d’habitude pour la droite française.
« La présidente du Rassemblement national, déjà lancée dans la course à l’Elysée (pour la troisième fois), engrange 12 points en un mois parmi les Français qui s’affichent sympathisants de droite et même 14 points parmi les seuls sympathisants LR (Les Républicains, parti de Nicolas Sarkozy) », a expliqué la même source.
Toujours début juin, un sondage de Harris Interactive pour Challenges donnait Marine Le Pen devant le président Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle 2022. « Au second tour, le président de la République sortant l’emporterait avec 54 % des voix, contre 46 % pour la présidente du RN (…) En 2017, le premier avait comptabilisé 66,1 % des voix, la seconde 33,9 % », ajoute le même sondage.
En janvier 2011, la fille de Jean-Marie Le Pen a pris la tête du Front National (FN) à la suite de son succès lors du vote interne face à Bruno Gollnisch, numéro deux du parti et bras droit de son père.
Depuis, elle a lancé une opération de dédiabolisation du FN sans rien changer, toutefois, à son ADN. Sa stratégie a réussi, profitant d’un climat tendu en France marqué par la hausse du chômage et une insécurité galopante. Les attentats terroristes qui ont secoué ce pays, notamment en 2015 et 2016, ont contribué à conforter son audience populaire.
Avant de succéder à son père, Marine Le Pen avait exercé le métier d’avocate. Dans ce cadre, elle avait défendu « beaucoup de clandestins », comme le raconte L’Express. L’un d’eux était Algérien.
Nour-Eddine Hamidi, qui allait être expulsé, avait été défendu six fois par l’actuelle présidente du RN. Un épisode de sa vie qu’Éric Dupond-Moretti, ministre français de la Justice depuis juillet 2020, voudrait bien lui rappeler.
A la suite d’un clash, samedi dernier, avec Damien Rieu, un lieutenant de Marine Le Pen, sur le marché de Péronne, une commune du nord de la France, Dupond-Moretti, qui s’est porté candidat pour les Régionales dans les Hauts-de-France, a exprimé sa colère lundi devant ses conseillers, selon le Canard Enchaîné. En cause : une vidéo tronquée de l’échange, publiée par Damien Rieu, qui a fait le tour des médias.
« La plupart de mes répliques ont été supprimées. Ainsi, quand Rieu me reproche d’avoir défendu Merah, je lui réponds qu’il n’a pas reproché à Gilbert Collard (député européen du RN) d’avoir été l’avocat de l’assassin du juge Michel. Quant à l’avocate nommée Marine Le Pen, elle avait défendu jadis un Algérien en situation irrégulière », a-t-il pointé.
Skander Boutaiba