Ramadhan 2022 : la mercuriale prise dans une spirale de hausses infernales
Même si nous assistons depuis plusieurs mois à des hausses totalement injustifiées des prix de tous les produits alimentaires et de consommation courante, le panthéon est atteint en cette veille du Ramadhan 2022 et les citoyens n’en peuvent plus devant cette situation incompréhensible.
Déjà, depuis quelques jours, nous assistons à des rétentions de divers produits de première nécessité, notamment ceux utilisés pendant le Ramadhan, à l’instar de la semoule, de l’huile, du lait en sachet, de pois-chiche, pour ne citer que cela. Les bourses moyennes ne savent plus quels produits sacrifier sur l’autel de cette hausse des prix et une virée au marché ce vendredi matin, veille du Ramadhan, nous apprend beaucoup sur le désarroi des ménages algériens.
En effet, les jours précédents Ramadhan sont connus pour être des jours de grands achats pour les algériens et les marchés étaient pris d’assaut une semaine auparavant, contrairement à cette année où, même s’il y a du monde, ce n’est ni la bousculade, ni les longues chaines que nous avions l’habitude de voir en pareille circonstance. A peine deux ou trois clients devant chaque boucherie, un peu plus devant les vendeurs de poulet que pour la viande rouge, et c’est pour faire de petits achats. Ils étaient très nombreux aussi à se déplacer d’un local à un autre pour connaitre les prix, espérant trouver de la viande rouge ou blanche avec quelques dinars en moins, et il y a de quoi ne pas savoir sur quel prix … danser ! En effet, la viande ovine caracole actuellement entre 1700 et 1900 DA le kilo, du tout-venant en plus, les meilleurs morceaux sont souvent gardés pour les clients riches ou pour celui qui ‘ose’ acheter deux ou trois kilos, sinon, on vous sert 500 g avec au moins la moitié en os. La viande bovine varie de 1400 à 1800 DA le kilo, vendue dans les mêmes conditions, avec le risque d’en acheter qui est déjà gâtée car les bêtes ont été égorgées depuis plus d’une semaine et conservées d’une manière plus que douteuse. Le poulet est remonté à 400 DA et plus le kilo alors qu’il était à 320 DA il y a moins d’une semaine, les abats non nettoyés coutent 450 DA et le foie de poulet atteint 1000 DA et plus. La dinde a perdu de sa superbe depuis quelques années mais son prix demeure toujours élevé, entre 400 et 600 DA pour le tout-venant, 1200 DA pour le foie et les escalopes à 850 DA le kilo.
Juste à côté, les marchands de fruits et légumes accueillent plus de clients mais ce n’est toujours pas à l’enseigne des années précédentes à cause, là aussi, des prix exorbitants pratiqués. Bien sûr, dame patate est la première concernée puisqu’elle coute entre 100 et 120 DA le kilo, et n’est donc plus demandée qu’en petites quantités : « donnez-moi pour 150 DA de pomme de terre », entend-on souvent de la part des clients, le plus intrépide en demandant trois kilogrammes. Pour les autres légumes, la tendance est la même, la tomate coûtant entre 100 et 130 DA, l’oignon 50 DA, le petit-pois 150 à 180 DA, le poivron et le piment à partir de 160 DA, les fèves à 100 DA et la salade verte coute plus de 110 DA le kilo.
Pour les carottes qui coutaient il y a quelques jours 50 DA, elles sont passées aujourd’hui à 70 et 80 DA, environ le même prix pour la betterave, 100 DA pour les navets, 160 DA et plus pour la courgette, 200 DA pour les haricots verts, 25 DA la botte de céleri, et les légumes ‘rares’ sont hors de prix et de portée des bourses moyennes.
La coriandre, le persil et les autres herbes aromatiques sont très demandées pendant le Ramadhan. Les dernières pluies en ont fait pousser tellement que les prix n’ont pu être augmentés comme durant le mois de février quand la chaleur avait réduit la production.
Pour les fruits, ceux de saison connaissent de petites hausses mais autant que les légumes, nous pouvons trouver des oranges entre 100 et 220 DA selon la qualité et le calibre, des mandarines en fin de parcours à partir de 350 DA, autant pour la fraise. Mais pour les pommes elles coutent entre 400 et 650 DA le kilo alors que la banane ne veut pas descendre de son piédestal de 500 DA le kilo. Les dattes, très demandées aussi pour le Ramadhan, coutent entre 400 et 750 DA le kilo, selon la qualité et les lieux.
Nous avons parcouru plusieurs allées mais il était patent que les gens ont perdu de leur engouement à cause de la cherté hors normes pratiquée depuis plusieurs mois et les hausses vertigineuses et inexpliquées de tous les produits, sans aucune exception.
Parce qu’il faut aussi se diriger vers les épiceries pour s’en rendre compte et constater que les longues processions de clients que nous avions l’habitude de voir la veille du Ramadhan durant les années passées ne sont plus qu’un souvenir. Il serait fastidieux de citer tous les produits car ils sont trop nombreux mais tout le monde a constaté qu’il y a des hausses entre 5 et 20 % sur les prix de l’ensemble de ce que nous consommons.
Mais nous pouvons parler des fruits secs qui sont très demandés aussi durant le mois de Ramadhan dont les prix ont été multipliés par deux ou trois : les raisins secs sont passés de 700 DA (l’année passée) à 1600 et plus cette année, les pruneaux qui sont vendus 1500 DA contre 800 DA il y a une année et les abricots secs qui sont passés de 1200 DA à 2600 DA le kilo ces derniers jours.
Ce sont donc toutes ces raisons qui ont fait que l’affluence au niveau des marchés a été moins importante aujourd’hui et que les achats sont moins importants.
En attendant, chacun rejette la responsabilité de cette situation sur l’autre, il y en a qui accusent les citoyens de faire des achats inconsidérés, d’autres pointent du doigt les commerçants qui s’arrogent des marges bénéficiaires inimaginables en jouant avec la rétention et les fausses rumeurs alors que d’autres, enfin, s’insurgent contre le manque de contrôle et de protection du consommateur de la part des pouvoirs publics chargés de ce secteur.
Il reste encore les sucreries qui ont déjà affiché leur arrogance, ensuite les habits des enfants qui mettront KO le portefeuille du citoyen algérien qui espère un miracle pour s’en sortir.
Passez un Ramadhan agréable quand même !
Tahar Mansour