Rapport mémoriel de Stora sur le passé colonial de la France : Un document pédant et subjectif
Le ton en est donné d’entrée de jeu, même si les motts y sonts calibrés, et soigneusement pesés. Camus, qui eut à choisir sa mère avant l’indépendance de sa terre natale, à laquelle il doit pourtant tout, est choisi pour passer à l « abattoir » en premier. Il sera suivi de près par un Feraoun où la colère le dispute à des considérations oniriques et quasi-subliminales. Le choix sémantiques, de même que les thématiques, soigneusement dosés et calibrés, convoquent tacitement une forme de révisionisme de fort mauvais aloi.
Dans ce très adroit exercice de rédaction, les soldats des contingents coloniaux, les pieds noirs, les juifs d’Algérie, les harkis, dont les choix historiques ont été faits et bien faits, les malheureux Algériens n’arrivent qu’en dernier. Si bien que c’est à peine s’il ne leur est pas demandé de s’excuser de s’être fait coloniser, et d’être morts en si grand nombre.
Citation pour citation, le privilège d’écrire l’histoire a toujours appartenu aux vainqueurs avait écrit Aragon dans un essai-recueil merveilleux qui m’avait marqué à vie. Même l’héautontimorouménos baudelairien avec toute la déférence et les égards dus aux héros mythiques d’André Chénier.
Ici, dans la littérature par trop romancée de Stora bourreaux et victimes y sont logés à la même enseigne. Ainsi, les harkis se retrouvent en bonne place, dirait-on presque à l’honneur dabs ce rapport où la subjectivité le dispute aux dangereux raccourcis sémantiques pris pour se livrer à une discutable gymnastique intellectuelle dedans laquelle un vulgaire traire à sa patrie se retrouve placé côte à côte avec de valeureux moudjahidines dont les incommensurables sacrifices sont passés à la trappe à l’aide d’adroits tours de prestidigitation.
Il y a là de quoi vous faire dresser les cheveux sur la tête. Car, à ce rythme, même la célèbre « tondue de Chartres » que Benjamin Stora connait sans doute très bien s’en trouve reléguée en une sorte de « détail de l’histoire française d’après la seconde guerre mondiale. Des détails de taille, mais des détails quand même. Idem pour les 45.000 milles morts des massacres collectifs du 8 mai 145.
La tondue de Chartres, elle, a e le front marqué au fer rouge. Cicatrice indélébile d’une sombre histoire que Macron ne saurait raturer d’un vulgaire trait de plume, quand bien même son « nègre » attitré y a mis pas mal d’ardeur, et surtout, d’imagination, à la tâche. Le résultat est décevant et particulièrement triste à pleurer.
La réconciliation véritable ne passe pas par les mensonges et les faits historiques adroitement grimés. C’est la France qui n’est pas prête à regarder son sombre passé en face. Un travail mémoriel collectif et consensuel est désormais impossible. Paris ne restituera pas les accablantes archives dérobées au lendemain de notre indépendance. Non plus l’immense trésor dérobé lors de la prise d’Alger en 1830….
Mohamed Abdoun