Reconnaissance de l’entité sioniste : Le Maroc en droite ligne des Emirats arabes unis
Par Akli Imoghrassen
La majorité des analystes s’accordent à dire que le Maroc est le candidat le mieux indiqué pour emboiter le pas aux Emirats arabes unis, dans le processus initié par Israël et les Etats-Unis d’Amériques pour amener les Etats arabes à reconnaitre l’entité sioniste.
Sous le titre en forme de question : « Le Maroc, candidat pour normaliser ses liens avec Israël ? », le journal « Le Times of Israël » s’interrogeait, dans son édition du 16 août passé, sur le prochain Etat arabe « capable » de franchir le Rubicon est suivre l’exemple de la première monarchie du Golf à normaliser ses relations avec Israël.
Reprenant un reportage israélien, Le Times écrivait : « Le Maroc serait probablement l’un des prochains Etats arabes à normaliser ses relations diplomatiques avec Israël. Cette démarche s’inscrirait dans la lignée de l’accord supervisé par les Etats-Unis entre les Emirats arabes unis et Israël ».
Dans un reportage audiovisuel, la chaine de la télévision publique israélienne Kan, citant un officiel américain anonyme, affirme que « le Maroc était perçu comme un candidat probable, étant donné qu’il avait déjà des liens touristiques et commerciaux avec Israël. Le reportage évoquait aussi les efforts du pays d’Afrique du nord pour protéger sa petite communauté juive ».
Ces relations informelles, qui existaient entre l’entité sioniste et la monarchie alaouite, remontent à la période de Hassen II.
==Normalisation de relations tissées pendant des décennies dans l’informel
Dans son édition du 18 octobre 2016, le site d’information et d’enquête marocain, dirigé par les journalistes Ali Amar, Christoque Guguen et Omar Radi, évoquait la responsabilité direct du souverain marocain dans la déconfiture des armées arabe dans ce qui est appelée « La Nakba de 1967 ».
La journaliste Kenza Filali écrivait, dans un article fouillé, qu’Hassan II avait bel et bien soutenu Israël, en permettant au Mossad d’enregistrer les minutes du Sommet de la Ligue arabe, tenu durant le mois de septembre 1965 à Casablanca. Le conclave, supposé être secret, était dédié à l’évaluation des forces arabes qui s’apprêtait à ouvrir les hostilités avec l’entité sioniste qui était particulièrement arrogant envers les Palestiniens et l’Egypte.
Dans son article, la journaliste s’appuyait sur les révélations faites par un ancien chef des renseignements militaires israéliens, à Yedioth Ahronoth et au Times of Israël, dans lesquelles il affirmait que «le Maroc a livré les enregistrements de la rencontre à l’Etat hébreu lui permettant de gagner la guerre des Six Jours».
« Israël, avait révélé l’officier en question, doit largement sa victoire sur ses ennemis arabes dans la guerre des Six Jours de 1967 à l’aide secrète du Maroc ».
Ainsi, selon le major-général Shlomo Gazit, « la rencontre de 1965 des chefs arabes a non seulement révélé que les rangs arabes étaient fortement divisés-(….)-, mais que les nations rabes étaient pour ainsi dire mal préparées pour le conflit ».
Les anciens militaires israéliens assurent, alors, écrivait Kenza Filali, que «c’est sur la base des enregistrements fournis aux Israéliens ainsi que d’autres informations de renseignements recueillis dans les années qui ont précédé la guerre qu’Israël a lancé une attaque préventive le matin du 5 juin 1967, bombardant des aérodromes égyptiens et détruisant presque tous ses avions de chasse». «Les informations transmises par les services secrets marocains ont permis à l’armée de l’air israélienne de détruire au sol l’essentiel de la chasse égyptienne»
La coopération entre la monarchie alaouite et l’entité sioniste ne s’arrête pas là. Déjà dans le conflit au Sahara occidental, on le verra, Israël prêtera main forte à son allié dans l’occupation d’un territoire qui n’est pas le sien. Ce soutien se matérialisera à travers la construction du mur de la honte achevée en 1987 et qui sépare désormais les territoires sahraouis.
L’armée d’occupation marocaine, rappelle-t-on, y avait déployé l’un des plus grands champs de mines antipersonnel au monde. On estimé à des millions le nombre de mines implantées tout au long du mur des sable. L’ONU a comptabilisé trente-cinq types de mines antipersonnel et vingt-et-un types de mines antichars, fabriquées dans douze pays différents, dont l’Espagne et Israël.
Cette vieille amitié entre l’entité sioniste et le royaume alaouite s’est invitée encore une fois dans le sillage de cette offensive pour la normalisation des relations diplomatiques aves les pays arabes. Une offensive qui enterre l’initiative arabe pour le règlement du conflit et qui met un frein net au processus d’Oslo.
Certains évoquent des velléités marocaines de conditionner cette normalisation par une reconnaissance américaine de la prétendue « marocanité du Sahara occidental », une attitude foncièrement soutenue par Israël et certains de ses relais dans l’administration de Trump, notamment son haut conseiller, Jared Kushner, qui fut reçu le 28 mai 2019 au Palais royal marocain, en plein mois de Ramadhan, et qui a même partagé un repas d’El Iftar de Ramadhan avec des membres de la famille royale.
Le pèlerinage du beau-fils de Trump et l’un de ses conseillers les plus importants dans la région, accompagné par le Secrétaire d’Etat Mike Pompéo, avec une escale annoncée au Maroc, augure d’une vaste action diplomatique de l’administration e Bush pour ramener d’autres pays arabes parmi le club des pays ayant normalisé leurs relations avec Israël.
Déjà, le « Washington Post » avait rapporté, il y a quelques jours, que d’après Jared Kushner, l’accord historique (entre Israël et les Emirats) « sera un catalyseur pour initier des relations entre Israël et d’autres pays arabes ». Des responsables du Département d’Etat des Etats Unis ont affirmé, selon la même source, que d’autres normalisations s’annoncent aux horizons, notamment avec Oman, le Bahreïn et le Maroc.
En plus de l’excellence des relations entre la monarchie alaouite et l’entité sioniste, perçue comme un secret de polichinelle, l’Etat global du Royaume secoué par une crise économique sans précédant, en sus de sombres perspectives aggravées par des soulèvements populaires annoncés, le régime connait une crise exacerbée par l’Etat de santé vacillant du souverain. La question de la succession au trône fut bien décortiquée par Aziz Chahir, docteur en sciences politiques et enseignant-chercheur à Salé, dans une contribution publiée, le 29 juillet, par Middle East Eye. Cette difficulté, qui vient se greffer à une situation socioéconomique insoutenable, donne du fil à retordre au Palais royale dans lequel Azoulay maintient un œil fort intéressé. Tout porte à croire que le Roi malade sera mis devant le « fait accompli » et procédera à la formalisation de vieilles relations tissées dans l’informel par son défunt père.
A .I