Réduction des visas accordés aux Algériens : la France fait du chantage
La France tente de mettre la pression sur les pays du Maghreb. Sur la radio Europe 1, le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a annoncé mardi une forte réduction du nombre de visas octroyés aux Algériens, Marocains et Tunisiens.
Les autorités françaises reprochent aux trois pays d’être peu coopératifs lorsqu’il s’agit d’expulsions de leurs ressortissants faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (appelée communément OQTF). En représailles, elles condamnent, au préalable, ceux qui envisagent d’effectuer un séjour en Hexagone en les privant de visas.
Le président Emmanuel Macron a décidé, selon Europe 1, « de diviser par deux le nombre de visas délivrés aux ressortissants algériens et marocains (-50%) et de 30% pour les Tunisiens, en prenant 2020 comme année de référence ».
Une décision que le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, confirme ce mercredi. Dans une sortie médiatique, il en a rajouté une couche. « L’idée c’est de faire un visa sur deux pour le Maroc et l’Algérie, un sur trois pour la Tunisie », a-t-il expliqué face à Jean-Jacques Bourdin sur RMC et BFM TV.
S’il précise que les demandes de visas seront étudiées « au cas par cas », il lance néanmoins d’une manière peu diplomatique un message à l’adresse des pays du Maghreb. « Tant que vous n’acceptez pas vos ressortissants, nous n’acceptons pas vos compatriotes », a-t-il lâché.
Malgré les dénégations de Marlène Schiappa, la ministre déléguée française à la Citoyenneté, sur Franceinfo, la France semble, bel et bien, faire du chantage aux autorités des trois pays. Une approche qui passe.
L’Algérie a d’ores et déjà réagi. Hier mardi, Amar Belani, envoyé spécial chargé de la cause du Sahara Occidental et des pays du Maghreb Arabe, a jugé la décision « disproportionnée » et « malencontreuse ». « Nous prenons acte de cette décision disproportionnée et nous la déplorons », a-t-il pointé dans une déclaration à l’Agence officielle.
Et de poursuivre, « dans la forme, elle est malencontreuse car elle intervient à la veille du déplacement d’une délégation algérienne à Paris dans le but de faire le point sur tous les cas en suspens et de déterminer le mode opératoire le plus satisfaisant en vue de renforcer la coopération dans le domaine de la gestion de l’immigration irrégulière ».
Selon Marlène Schiappa, le durcissement de l’octroi des visas à l’égard de l’Algérie, de la Tunisie et du Maroc « n’aurait pas vocation à durer ». Beaucoup disent qu’elle est électoraliste…
Skander Boutaiba