Réforme des agences de notation : L’ONU appelle à un dialogue « transparent » en Afrique
La relation entre les Eurobonds et la viabilité de la dette en Afrique ainsi que l’influence des agences de notation de crédit sont passés au peigne fin dans un rapport publié par l’ONU qui s’intitule Eurobonds, Debt Sustainability in Africa and Credit Rating Agencies.
«La perception de plus en plus biaisée des agences de notation à l’égard des pays africains, alimentée par le manque de transparence et la déficience de la robustesse de leurs méthodologies de notation », soulignent les auteurs qui appellent les Etats africains à engager «un dialogue mondial sur la réforme des agences de notation ».
Aussi, les rédacteurs du rapport indiquent que «l’accès aux marchés de capitaux internationaux est considéré comme acquis pour les pays développés, les déclassements des agences de notation influencent les tendances du marché et les décisions des investisseurs, contribuant ainsi à l’augmentation des coûts d’emprunt pour les pays africains et bloquant finalement l’accès à des ressources financières essentielles ».
Par conséquent, note le document, « il est nécessaire que les pays africains s’engagent dans un dialogue mondial sur la réforme des agences de notation en vue d’atteindre les objectifs de développement durable ».
Face à ces difficultés, les experts onusiens préconisent une batterie de recommandations afin d’inverser la tendance, mesures allant de l’amélioration de la gouvernance et du renforcement des mécanismes de gestion de la dette, à l’ouverture d’un front de dialogue basé sur la transparence, avec les acteurs des marchés internationaux, les gestionnaires de capitaux et les agences de notation financière.
Notons qu’en mai dernier, le Président en exercice de l’Union africaine (UA), Macky Sall, a plaidé en faveur de la création d’une agence de notation financière africaine face aux évaluations qu’il qualifie de « parfois très arbitraires » des agences internationales. Pour, Magaye GAYE, économiste international, trois raisons peuvent expliquer la nécessité de ce mécanisme.
Il est question, souligne-t-il, du «niveau d’endettement» des pays africains qui devient «de plus en plus préoccupant et laisse entrevoir des difficultés prochaines en termes de notation et par ricochet d’accès aux marchés financiers».
Ce risque est exacerbé par «un contexte international de plus en plus difficile avec les conséquences de la guerre en Ukraine, les séquelles du covid et les tendances inflationnistes notées dans le monde».
Il s’agit également des Investissements Directs Etrangers (IDE) vers l’Afrique qui, en 2020, «se sont effondrés de 30 à 40 % et les envois de fonds ont chuté de 9 %; l’Afrique représente moins de 3,5% des IDE mondiaux». L’autre raison concerne l’ «exaspération du côté africain face à des agences de notation de plus en plus rigoureuses dans le respect des principes et soucieuses d ‘éviter la survenance de nouvelles crises financières mondiales comme celles que le monde a connu en 2008».
Mohamed Ait S.