Réfugiés sahraouis : Á quand la fin de l’errance ?
Le Maroc ne cesse de revendiquer la souveraineté de ce vaste territoire situé entre ses frontières sud, celles de l’Algérie et le nord de la Mauritanie.
Le Sahara est-il vraiment marocain ? Une pure illusion à laquelle continuent de croire ces Marocains qui s’avèrent avec les temps qui s’écoulent, mauvais élèves en l’Histoire de l’Humanité.
Car si c’était le contraire, ils se rendraient à l’évidence qu’en fait, l’Espagne s’est emparée de la région en 1884 sous le commandement du capitaine Emilio Bonelli Hernando. En 1900, une convention déterminant la frontière sud du Sahara « espagnol », était signée entre la France et l’Espagne.
Quatre vingt dix ans après, faisant à une révolte de la population locale au Sahara occidental qui ne s’est jamais laissée faire, l’Espagne, signe un accord tripartite avec le Maroc et la Mauritanie.
Lequel accord donne lieu à une invasion marocaine des territoires du Sahara occidental après que Hassan II, alors roi du Maroc ait tourné le dos à la déclaration de la Cour internationale de justice de La Haye qui était pourtant claire à ce propos : En réponse à la première question, la Cour a répondu : Non. Le Sahara occidental n’était pas une «terra nullus». Le Sahara Occidental appartient à un peuple : « Habité par des peuples, lesquels, si nomades, étaient socialement et politiquement organisés en tribus et menés par des chefs habilités à les représenter ».
En d’autres termes, la CIJ a déterminé que le Sahara Occidental appartenait à une population autochtone, les Sahraouis, au moment de la colonisation espagnole. Hassan II décide ainsi d’occuper un pays voisin, le Sahara occidental.
Un peuple exilé malgré lui
Le 6 novembre 1975 à l’aube, un cortège de 350 000 Marocains s’ébranle dans le désert pour une marche qui durera plusieurs jours.
C’est «La Marche Verte». Le Coran dans une main, l’emblème rouge frappé d’une étoile au centre dans une autre, ils entament ce qui allait se transformer par la suite en un drame pour le tout peuple sahraoui, pourtant né libre.
C’est le début d’un colonialisme marocain qui s’est illustré depuis, par toute forme de d’exactions, de tortures, d’interdiction de libertés mais surtout de spoliation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental. Une situation qui perdure au vu et au su de la communauté internationale depuis prés d’un demi-siècle.
En effet, la marocanisation du Sahara Occidental est devenue une politique officielle du royaume qui a procédé au transfert de sa propre population civile dans les territoires sahraouis occupés en violation de la Convention de Genève relative à la protection des personnes en temps de guerre.
Pourchassés de leur terre ancestrale par les forces armées marocaines début 1976, environ 200 000 Sahraouis se sont établis dans le Sud algériens, à Tindouf précisément où sont installés cinq grands camps de réfugiés distants de 30 à 140 kilomètres de Hassi Rabouni, le centre administratif qui abrite la quasi-majorité des institutions sahraouies dont, entre autres, la présidence de la République arabe démocratique sahraouie (RASD).
D’une organisation exemplaire, chacun de ces camps, appelé wilaya ou région, est divisé en six daïras ou municipalités, regroupant chacune quatre quartiers d’habitations et dotées de services communs : le dispensaire, l’école et la mairie.
Environ 200 000 Sahraouis vivent dans ces camps, reproduisent les noms des grandes villes occupées du Sahara occidental : Boudjedour, Smara, Aousserd, El- Ayoun, et Dakhla.
Dans cet immense espace, la société organise sa survie même si les dures conditions de ce côté du désert algérien ne facilitent vraiment pas la chose. Les femmes, aux côtés des hommes (pratiquement tous des militaires), assurent la bonne gestion des camps. Les enfants vont tous à l’école.
Un drame au quotidien
On ne le dira jamais assez : évoquer le Sahara occidental, c’est évoquer un peuple parqué malgré lui dans des campements dépendant entièrement des aides alimentaires internationales « en régression permanente ». En effet, l’aide aux réfugiés estimée à 82 millions de dollars par an, est en nette régression depuis quelques années. La crise économique mondiale y est pour beaucoup.
Pour les besoins les plus élémentaires (scolarité, eau, médicaments…), il a été établi que les besoins des réfugiés sahraouis établis à Tindouf sont de l’ordre de pas moins de 82 millions de dollars/an», selon le Croissant-Rouge sahraoui (CRS).
Les donateurs se font de plus en plus rares. La crise économique qui secoue depuis quelques mois certains pays, accentuée par la crise sanitaire due au Covid-19, y est pour beaucoup.
Avec la pandémie du coronavirus, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), le Programme alimentaire mondial (PAM) et cinq ONG partenaires, ont «un besoin urgent de 15 millions de dollars» pour répondre aux besoins de santé publique «dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf en Algérie», avait-on noté dans un rapport récent commun, des agences humanitaires de l’ONU
« L’urgence sanitaire globale actuelle, risque d’exacerber une situation qui était déjà difficile pour les réfugiés sahraouis exposés depuis 45 ans à un climat rude et à des conditions de vie difficiles dépendant exclusivement de l’aide humanitaire internationale, avait-on noté à ce propos.
Les agences humanitaires ont également exprimé leur «gratitude au gouvernement algérien pour son soutien continu» aux réfugiés sahraouis «en les intégrant de facto dans ses stratégies nationales de réponse au Covid-19». «Au nom de tous les acteurs humanitaires, je demande humblement aux donateurs, qu’ils soient gouvernements, fondations ou individus, de soutenir ces efforts et aider la communauté humanitaire travaillant dans les camps à Tindouf pour faire face à cette crise sans précédent», a déclaré Agostino Mulas, le représentant du HCR en Algérie.
La réponse commune au Covid-19 contient des mesures pour prévenir la transmission du virus parmi les réfugiés sahraouis, et adapter des programmes de santé, d’éducation et de sécurité alimentaire pour, a-t-il dit, «atténuer les pires effets de la pandémie».