Relations algéro-françaises : Paris s’enlise dans ses faux choix stratégiques
Un très long article du journal Le Monde, improvisé « porte-parole » semi-officiel de l’Elysée, depuis plusieurs semaines déjà, s’est appesanti sur les raisons, apparentes et cachées, qui font que la brouille entre l’Algérie et la France pourrait être appelée à se prolonger dans le temps.
Ainsi, la question mémorielle et la coopération judiciaires y figurent, comme de juste, en très bonne place. Mais pas que.
Si pour Alger, comme l’a fermement rappelé le président Abdelmadjid Tebboune, respect et considération doivent primer dans ces relations tendues distendues et évoluant en dents de scie, l’absence de réponse de la France concernant les demandes d’extradition de nombreux terroristes de Rashad et du MAK a de quoi irriter très sérieusement Alger.
Ici, ce ne sont pas tant les graves menaces que font peser sur l’Algérie pays ces criminels, que la désinvolture, ou carrément la (possible) complicité française qui motivent très largement le cour de colère de notre pays.
Ceci est d’autant plus vrai, que cet article, qui parle du Mali comme s’il était encore une ancienne colonie hexagonale, se permet de fixer des « lignes rouges ».
Pis en encore, ces lignes nous font atteindre le comble de l’ironie et du ridicule, quand elles sont déclinées. Il s’agit de l’officialisation des négociations avec les groupes armés islamistes, et de la conclusion de l’accord sécuritaire avec le groupe russe paramilitaire russe Wagner.
La France, en effet est très mal placée pour fixer la moindre ligne rouge et/ou administrer une quelconque leçon. D’une part parce que l’essentiel de la crise sécuritaire malienne est avant tout le fait de la France, ayant partie liée avec l’assassinat de Mouammar Kadhafi, ensuite parce que Paris a fait bien pire que négocier avec des terroristes islamistes, attendu qu’elle est allée jusqu’à les financer en leur versant des rançons de plusieurs dizaines de millions d’euros en échange de la libération de certains de ses otages.
Quand au groupe Wagner, force est de relever que le Mali, pays souverain, même si la junte putschiste n’est pas encore revenue à la légalité constitutionnelle, a quand même le droit de contracter tous les contrats sécuritaire qu’il désire. Paris n’y a guère son mot à dire.
L’article en question, assez maladroitement d’ailleurs, t’ente de s’allier le soutien d’Alger en rappelant que Wagner combat en Libye dans le camp du maréchal Haftar, prétendument adversaire de l’Algérie.
Or, notre pays, qui ne fait pas du principe de respect de la souveraineté de tous les peuples et de tous les Etats un simple slogan creux, se place très largement au-dessus de ce genre de contingences. Tout s’obtient grâce au respect mutuel, la diplomatie et le dialogue.
La France qui ignore superbement ce principe axiomatique de base, croit pouvoir dicter ses règles de conduite à certaines de ses anciennes colonies.
Très perfidement, cet article tente d’égratigner les proches et descendants des dirigeants algériens en remettant sur le tapis le sujet des visas, mais aussi et surtout celui des demandes d’inscription au lycée français Alexandre Dumas.
Très bien informé, le journal parle de 2005 inscrits, dont seulement 906 Français. A l’ombre de la nouvelle Algérie, s’il a pu se produire pas mal de passe-droits concernant ces inscriptions, rien de cela ne sera plus possible.
Puéril et mesquin, ce chantage français trahit avant tout son désespoir, et le fait qu’elle est désormais à court d’arguments. Preuve en est la réponse pondérée et très mesurée du Quai d’Orsay au récent appel lancé à la diaspora algérienne vivant en France par notre ambassadeur basé à Paris, Antar Daoud, pour peser de plus en plus fort sur les questions politiques hexagonales.
Mohamed Abdoun