Reportage
UNE PROMENADE À ALGER (III)
Nous avons eu l’heur de recevoir notre grand ami Fernando Novo Lens qui, de temps à autres, nous gratifie de contributions engagées, et de très haute facture. Cette fois-ci, ce grand amoureux de l’Algérie, vient de placer la barre très haut en nous gratifiant d’un grand reportage en trois parties, dans lequel il déclare sa flamme pour la belle Alger la blanche. Un reportage à lire, à faire lire, et à partager aussi largement que possible.
La Patrie News
Et enfin le voyageur a pu visiter la Casbah… la Casbah, qui, bâtie sur une colline qui s’élève au-dessus de la mer comme une forteresse, est comme une grande terrasse dont chacune de ses marches mène à la mer et se compose d’une multitude de cours, de rues et de ruelles, avec ou sans fin. C’est comme un incroyable labyrinthe de rues et de recoins que seuls ceux qui y habitent connaissent bien.
La Casbah est une citadelle dans la capitale, Alger ; elle est divisée en haute Casbah et basse Casbah et n’est qu’à un pas des rues les plus modernes qui surplombent la baie d’Alger, mais lorsque vous franchissez ce pas et entrez dans la Casbah, c’est comme si vous pénétriez dans un autre monde. La Casbah est un creuset de couleurs, d’odeurs, de sensations, où l’on peut facilement être transporté dans d’autres temps et laisser courir son imagination au temps des premiers habitants de ladite citadelle et d’où des histoires merveilleuses et, en même temps, dramatiques émergent des sentiments, des luttes pour la liberté et des histoires sur la dignité et la volonté de vivre d’un peuple.
La Casbah d’Alger date du début du IVe siècle av. C. et est classé comme patrimoine national depuis 1991 et en 1992, il a été désigné par l’UNESCO comme site du patrimoine mondial.
Mais pour visiter la Casbah et pouvoir la sentir, la comprendre et l’admirer, le voyageur s’est inscrit à l’une des visites guidées de ladite citadelle. En l’occurrence, il a choisi un guide professionnel du nom de Yacine Boushaki, fils de la Casbah, amoureux et fier de l’être et qui sait merveilleusement transmettre l’histoire, vous faire découvrir les monuments et même agrémenter la visite de musiques traditionnelles d’un belvédère d’où l’on peut admirer la Casbah dans son intégralité.
Après avoir réservé la visite auprès de Yacine (facile à localiser via Facebook), le voyageur a rencontré un groupe de touristes un samedi matin, vers 10:00 heures, sur la Place des Martyrs, à l’entrée du métro. La première chose que fit Yacine fut de mettre les visiteurs en situation, c’est-à-dire de raconter l’histoire des débuts historiques de la Casbah.
Et une fois les origines évoquées, le groupe pénètre dans la basse Casbah, dans laquelle les visiteurs découvrent un quartier typiquement mauresque avec ses ruelles sinueuses qui tranchent avec l’urbanisme colonial périphérique. Là, les histoires des rues, des monuments et de certains locaux commencent à se dérouler, comme le café Malakoff, rue Bab el Oued, qui est un café emblématique de la basse Casbah. De grands noms de la musique chaâbi y sont passés et les photos que l’on peut voir sur les murs en témoignent. Des enseignants et autres intellectuels se sont également retrouvés dans ce lieu autour d’une tasse de café. C’est un endroit à visiter et prendre un café avec des douceurs typiques.
Nous passons (et nous arrêtons) devant la mosquée Katchaoua, dont les origines en termes de date sont variées. Le fait est qu’après s’être effondré à plusieurs reprises, la reconstruction actuelle remonte à 1794, sous le règne de Dey Hassan. En 1832 elle fut utilisée pour le culte catholique pendant la colonisation française, sous le nom de Cathédrale de San Felipe de Alger et avec l’indépendance de l’Algérie, en 1962, elle redevient une mosquée. Le voyageur est émerveillé par la beauté de la façade avec les deux minarets octogonaux tournés vers la mer. Le temple est vraiment impressionnant et vaut le détour.
Et d’un endroit à l’autre on croise des gens dans les rues, dans les marchés bondés, dans les petites boutiques qui vendent de tout, regroupées par quartier selon leur spécialité. Ils vous regardent, vous les regardez et il y a une sorte de complicité amicale qui vous accueille dans la Casbah, dans cette âme d’Alger avec ses rues et ses habitants. Vous vous sentez le bienvenue.
Le groupe arrive à la Maison d’Ali la Pointe. Ali Ammar, plus connu sous le nom d’Ali La Pointe, et ses compagnons de combat Hassiba Ben Bouali, Mahmoud “Hamid” Bouhamidi et le “Petit Omar”. Refusant de se rendre, ils décèdent lorsque la maison est dynamitée par les parachutistes français dans la nuit du 8 au 9 octobre 1957. Ce musée dédié à ce héros de la bataille d’Alger et aux autres martyrs est inauguré en juillet 2006.
De là, il était temps de se rendre dans le quartier de la haute Casbah et de prendre le thé et quelques douceurs dans l’une des maisons d’où l’on pouvait profiter d’une vue imprenable sur la Casbah et la baie d’Alger pendant que le guide nous régalait de quelques chansons typiques à laquelle une grande partie du public assistant à l’excursion de la Casbah s’y est jointe.
Poursuivant la visite de la Casbah, il vaut la peine de voir le Palais de Mustapha Pacha, qui date du XVIIIe siècle et abrite le Musée national de l’enluminure, de la miniature et de la calligraphie. Ce palais situé dans la Casbah est spectaculaire.
Après avoir continué à travers les rues et fait des arrêts dans quelques boutiques d’artisanat, la visite de la Casbah se termine et le voyageur a poursuivi sa promenade à travers Alger et, avec l’intention de se reposer un peu de la visite, s’est rendu au mythique hôtel El Djazair dans son circuit de la capitale. Peut-être que ce nom ne vous dit rien mais si on parle de son nom d’origine, l’Hôtel St. George, cela commence à avoir une autre histoire… Et je parle d’histoire car c’est l’un des 5 plus anciens hôtels d’Afrique. Cet hôtel cinq étoiles a été ouvert en tant qu’hôtel en 1889, mais l’histoire de sa construction remonte à 1514. Imaginez ce qu’il a dû vivre…. De plus, l’avantage de sa situation centrale est qu’il est proche du Musée du Bardo et du Monument des Martyrs et qu’il offre une vue spectaculaire sur la baie d’Alger.
Avec cette histoire, il faut dire qu’il a été utilisé comme Quartier Général des Troupes Alliées entre novembre 1942 et décembre 1943. Cela signifiait que des personnalités de l’époque telles que Dwight D. Eisenhower, Winston Churchill et bien d’autres personnes de la bourgeoisie y sont passés des artistes, des intellectuels et des hommes politiques de cette époque à nos jours et dont les photographies sont accrochées à la cafétéria qui surplombe le jardin botanique. C’est un très curieux voyage à travers l’histoire que de pouvoir contempler les photographies de ceux qui ont séjourné dans cet hôtel.
Mais que ce soit pour séjourner dans l’une de ses chambres soignées et confortables, célébrer un événement dans l’une de ses salles impressionnantes et historiques ou simplement prendre une collation dans le café du jardin, le personnel de l’hôtel, des serveurs attentifs à la charmante responsable de la communication et marketing qui nous ont consacré une bonne partie de leur temps pour nous expliquer l’histoire de l’hôtel et nous montrer certains de ses lieux les plus emblématiques, tous affichent un traitement et un professionnalisme exquis qui vous transporteront, aidés par la magnifique décoration et le charmant scenario, à d’autres moments de rêve, dans cette oasis située au centre d’Alger et où vous pourrez vous détendre et reprendre des forces dans une ambiance cosmopolite et pouvoir préparer le prochain voyage depuis cette merveilleuse et charmante ville d’Alger.
Auteur : Fernando Novo Lens
Président de la Association Culturelle Espagno-Algerienne “Miguel de Cervantes”. ACUHA