Réseaux sociaux : Le mal n’est nullement fictif, il est réel
Les réseaux sociaux ont apporté de grandes innovations à nos sociétés. Mais pendant trop longtemps, estiment des experts, ils ont pu se développer avec un seul objectif : maximiser leur profit, au prix de la radicalisation de nos sociétés, du dénigrement de la science ou de l’augmentation des dépressions chez les adolescents.
Désormais, grâce à ce règlement parfois qualifié de nouvelle constitution pour l’internet, nous pouvons exiger un avenir où les technologies seraient façonnées autour de valeurs communes et protègeraient nos droits fondamentaux, au lieu d’exploiter nos faiblesses.
C’est pourquoi, le site de pétitions citoyennes d’Avaaz est depuis plus de quatre ans, en première ligne de la pression citoyenne visant à obliger les plateformes numériques à apporter une réponse aux dommages qu’elles commettent.
« De l’UE aux États-Unis en passant par le Brésil, nous avons publié des rapports sur la désinformation et son ampleur, commandé des sondages sur ses effets néfastes, évalué les efforts des plateformes pour y remédier et révélé leurs échecs. Rien de tout cela n’aurait été possible sans les membres d’Avaaz. Notre mobilisation inédite a porté ses fruits », lit-on dans une longue tribune publiée sur le Net par l’organisation non gouvernementale internationale de cybermilitantisme.
L’Union Européenne a d’ailleurs donné l’exemple : Réuni en session plénière à Strasbourg, le Parlement européen a voté jeudi 20 janvier, sa version du projet de législation sur les services numériques. Baptisé Digital Services Act (DSA), ce texte vise à mieux réguler le fonctionnement des plateformes des géants technologiques.
Les eurodéputés ont donc réussi à s’accorder sur une version amendée du Digital Services Act, un nouveau règlement très attendu pour contrer la puissance de groupes comme Google et Facebook, dont l’influence transfrontalière est devenue une source majeure d’inquiétudes
Avec cette législation, «nous allons créer un système innovant, avec un principe simple : tout ce qui est interdit offline est interdit online», a estimé Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur. «Nous reprenons le contrôle sur les géants de l’Internet», s’est félicitée de son côté la rapporteuse du texte, l’eurodéputée Christel Schaldemose (groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates), lors du débat sur ce texte mercredi. Elle assure que ce nouveau cadre réglementaire va permettre de «mener un combat de fond contre le Far West qu’est devenu le monde numérique».
Bienvenue dans la « jungle du numérique »
Le scandale est sur toutes les lèvres : En Algérie, des jeunes algériens et leurs parents de tomber dans le piège d’une société fictive, qui se fait appelée « Futur Gate», et dont la publicité sur les réseaux sociaux a été assurée par un groupe d’influenceurs.
« Loin d’être une porte vers l’avenir cette escroquerie a trompé au moins 75 étudiants et mené à l’interpellation d’une dizaine de personnes dont des influenceurs », rappelle la chaîne III de la Radio nationale.
« Devenu une personnalité publique, l’influenceur se bâtit une image publique, en fonction de l’audience ciblée. Cela inclut une image visuelle, une gestuelle, un type de discours, un contenu avec un positionnement clair, etc.. Une image d’influenceur se construit presque de la même manière que celle d’un chroniqueur TV », expliquait dans un entretien à La Patrie News Samir Rouabhi, expert en nouvelles technologies.
Pour lui, « les influenceurs sont les mercenaires d’un système médiatique qui les dépasse».
S’exprimant à ce sujet, Pr Ali Mebroukine, spécialiste en droit pénal des affaires, affirme lui aussi dans une déclaration à la Radio nationale que la portée inédite de cette affaire montre la nécessité d’adapter la loi algérienne et de mettre en place une charte éthique pour guider l’activité publicitaire des influenceurs.
« Sur le plan juridique, il y a un vide qu’il faut absolument combler pour protéger ces personnes. Il faut créer un code déontologique qui permette aux influenceurs de respecter les principes de transparence et de s’assurer que leur publicité ne soit pas illicite. Ceci pourra également protéger les influenceurs de bonne foi», explique-t-il.
Cette affaire dévoile également la vulnérabilité des jeunes face aux contenus sur les réseaux sociaux aux dires du sociologue, Zemmour Zinedine de l’Université d’Oran.
C’est dire que les réseaux sociaux « constituent désormais un pouvoir virtuel qui est pris en considération par les autorités de tous les pays ».
Y.Y