Retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe : Le « oui mais de l’Egypte
Rien e se fait en un jour en diplomatie. Discrétion, patience et persévérance, y sont toujours de maitres-mots. Si bien, que c’est souvent au moment où l’on se dit, lassés et harassés que rien n’avance comme il devrait, comme on voudrait aussi, que de notables avancées viennent à se produire. En diplomatie, non plus, le manichéisme n’a pas droit de cité. Out s’y meut en nuances et à petits pas feutrés. Les ennemis d’hier, d’aujourd’hui, ne sont pas, ni ne seront pas, (forcément) ceux de demain. L’incompréhensible « bannissement » des rangs de la ligue arabe ne pouvait dès lors pas être définitif. Inutile de disserter sur l’erreur de ceux qui s’en sont rendus sinon coupables du moins responsables. Lâcher le président Al Assad sans rien proposer en retour, est un lâchage destiné au peuple syrien, et à ce pays qui a toujours tenu la dragée haute à l’entité sioniste. On a vu ce que sont devenu des pays dont les chefs absolus ont été éliminés à l’image de l’Irak, la Libye, la Tunisie. Al Assad qui a combattu de sanguinaires terroristes financés et armés par qui on sait, redevient aujourd’hui fréquentable. Ce n’est hélas pas grâce à ses frères et voisions arabes. Il est temps pour ces derniers de se racheter et de faire amende honorable. Inutile non plus de se crêper la barbichette pour tenter de savoir qui serait moins dictateur que lui, parmi tous ces chefs qui continuent de le pourfendre, et d’avouer enfin qu’ils ont joué une carte perdante. Persister sur cette voie est purement suicidaire. La ligue arabe a plus que jamais besoin de la puissance et de la présence syrienne. Sameh Choukri, chef de la diplomatie égyptienne en a parlé enfin sans fard à l’occasion de la rencontre qu’il a eue avec son homologue omanais. « Notre pays attend avec impatience que les conditions soient créées pour que la Syrie revienne dans le domaine arabe et soit un élément soutenant la sécurité nationale arabe », a en effet déclaré ce diplomate dont le poids au sein de la ligue arabe est sans doute le plu fort et le plus important déterminant parmi les 22 membres de cette guilde. De même qu’il n’existe pas de hasard en diplomatie et en politique, cette déclaration a été faite à la veille de la visite au Caire du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, sur invitation de son homologue égyptien Abdelfettah Al-sissi. Preuve en est que Houssam Choukri a enchainé sur l’épineuse problématique du barrage d’Ennahda, en train d’empoisonner les relations entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie. Est-il besoin de rappeler ici que notre pays a entrepris un rôle actif de médiateur dans ce dossier sensible notre pays peut poursuivre sur cette voie en éliminant les plus grosses embûches qui empêchent encore un retour immédiat de la Syrie parmi les siens, au sein de sa famille naturelle. Inutile de pousser le raisonnement plus avant. Cela, même si on se doute que les consultations Mascate-Le Caire, doivent forcément être liées au conflit yéménite. Les points de vue des uns et des autres sont à ce jour par trop divergents. Rapprocher ces derniers semble être un rôle taillé sur mesure pour Alger, qui a su demeurer neutre et rester à équidistance entre les parties en conflit. En finir avec ce bourbier, avec le terrible drame de nos frères yéménites, serait le plus important acquis de la ligue arabe à l’orée de son sommet. Alger qui montre la voie à suivre, doit aussi donner l’exemple. Ses lignes rouges sont connues. Sa voix, désormais, porte loin. Elle peut contribuer à sortir la ligue arabe de l’ornière. Pour cela, il faudrait cesser de prêter une oreille attentive au chant des sirènes pour lesquels la normalisation avec l’entité sioniste serait une fin en soi. La cause palestinienne mérite certainement beaucoup mieux que cela. La ligue arabe aussi…
Mohamed Abdoun