Saad Al-Jabri, ancien numéro deux des services de renseignement saoudiens : «MBS est un dangereux psychopathe ! »
L’ancien numéro deux du renseignement saoudien formule plus ouvertement que jamais ce qu’il pense de Mohammed ben Salmane.
Dans une interview sur une chaîne américaine, il dit craindre pour sa vie et affirme détenir des vidéos avec des secrets plus qu’embarrassants pour le prince héritier et la famille royale saoudienne.
L’ancien numéro deux des services du renseignement saoudien, Saad Al-Jabri, tombé en disgrâce et vivant en exil au Canada, n’y va plus par quatre chemins. Sur la chaîne de télévision américaine CBS, dans la prestigieuse émission 60 Minutes, il sonne la charge contre le prince héritier de son pays, Mohammed ben Salmane (MBS).
Saad Al-Jabri travaillait sous les ordres de l’ancien prince héritier Mohammed ben Nayef, qui était également chef du ministère de l’Intérieur.
Or, en 2017, Mohammed ben Salmane a écarté son cousin Mohammed ben Nayef de la succession et l’a mis en résidence surveillée.
C’est suite à ce coup de force du jeune et impétueux MBS que Saad Al-Jabri quitte l’Arabie Saoudite.
Or deux de ses enfants n’ont pas pu partir, et sont aujourd’hui emprisonnés en Arabie Saoudite.
De même, un de ses beaux-fils aurait été enlevé dans un pays tiers pour être ramené en Arabie Saoudite, où il aurait été torturé pour révéler des informations sur Saad Al-Jabri. Al-Jabri affirme également avoir fait l’objet d’une tentative d’assassinat de la part de MBS, en 2018, presque au même moment où le journaliste et opposant saoudien Jamal Khashoggi a été assassiné et démembré au consulat saoudien d’Istanbul, en Turquie, par un commando envoyé par MBS.
Une source diplomatique l’aurait mis en garde de ne s’approcher d’aucun consulat ou ambassade saoudienne, pour éviter d’être capturé et assassiné comme l’a été Khashoggi.
Si Al-Jabri préoccupe autant l’homme fort de Riyad, c’est probablement parce qu’il détient des informations sensibles, ayant travaillé au cœur du régime saoudien durant une phase particulièrement agitée, marquée à la fois par les suites des attentats du 11 septembre 2001, par une très violente répression des islamistes en Arabie Saoudite, et par la lutte pour la succession au trône qui s’annonçait déjà acharnée.
Selon Al-Jabri, une vidéo prouverait que MBS aurait confié, en 2014, qu’il « pouvait assassiner le roi » de l’époque, Abdallah ben Abdelaziz, avec un produit russe en sa possession, « pour permettre à son propre père d’accéder au trône. Je sais qu’il existe deux copies [de cette vidéo], et je sais où elles se trouvent ».
La lutte de MBS contre Al-Jabri se joue également sur le terrain de la justice. Extrêmement riche, comme il est habituel pour les très hauts responsables saoudiens, Al-Jabri a été poursuivi par les autorités saoudiennes devant la justice canadienne pour corruption.
Lui-même affirme avoir enregistré une vidéo à publier au cas où il serait tué, sur laquelle il dévoile des secrets sur la famille royale saoudienne.
Le moins que l’on puisse dire est que MBS a du mouron à se faire avec un Al Jabri à ses basques, qu’il soit mort ou vif…
A.O