Sahara Occidental : Il est décédé le 31 mai 2016: Mohamed Abdelaziz, cinq ans déjà
« Les jours du colonialisme marocain sont comptés. La volonté des peuples ne peut être vaincue», nous avait-il affirmé dans un entretien.
Le président Mohamed Abdelaziz restera vivant dans l’esprit, la mémoire et l’histoire du peuple et des militants sahraouis qui trouveront réconfort en le fait qu’il soit mort en martyr pour la défense de sa patrie.
Les martyrs sont voués à une vie éternelle, leur œuvre sera pérennisée par les efforts de leurs compagnons qui ont suivi et suivront leur voie et poursuivront leur combat jusqu’à la victoire.
Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, est décédé le 31 mai 2016, des suites d’une longue maladie.
Le peuple sahraoui perdait ainsi, avec la disparition de son président, Mohamed Abdelaziz, un vaillant militant qui a fait de la paix un principe stratégique et un choix incontournable.
Il tenait bon dans son cheminement vers la concrétisation de son but, mobilisant le soutien et la reconnaissance en faveur de sa cause avançant dans cette démarche d’un pas ferme et déterminé qui aura laissé son empreinte dans tous les continents et dans tous les foras internationaux notamment l’union africaine.
Le peuple sahraoui, en la personne de son président militant, a perdu un de ses symboles et la communauté internationale et tous les opprimés de la terre, un messager des valeurs de liberté et de coexistence pacifique qui a favorisé l’adhésion des peuples du monde, des sociétés civiles et des militants des droits de l’homme à la cause légitime de son peuple.
Mohamed Abdelaziz a vécu en combattant, commandant ses courageux compagnons dans les arènes du combat légitime et partageant, dans la dignité, avec son peuple, les adversités de la vie sans jamais perdre l’espoir que, tôt ou tard, sa cause triomphera.
Mohamed Abdelaziz incarnait la sagesse, la pondération, l’engagement sincère et ferme pour la libération du Sahara occidental.
Personnalité distinguée par sa carrière politique et son combat pour l’indépendance du Sahara occidental, il était un fervent défenseur de la paix. Il était un dirigeant historique du parti qui lutte depuis 40 ans pour l’indépendance du Sahara occidental. Né le 17 août 1948 à Smara, Abdelaziz a participé en 1972 à la fondation du Front Polisario.
Une «figure centrale» du règlement de la question sahraouie
Le secrétaire général de l’ONU (en 2016 année de la disparition de feu Mohamed Abdelaziz) Ban Ki-moon avait adressé un message de condoléances à la famille du président Mohamed Abdelaziz et au Front Polisario dans lequel il a salué la mémoire d’une «figure centrale» du règlement de la question sahraouie. «Le Secrétaire général a appris avec tristesse le décès de Mohamed Abdelaziz qui a servi en tant que secrétaire général du Front Polisario depuis 1976», a écrit l’ONU dans son message. «Au fil des ans, M. Abdelaziz est devenu une figure centrale dans la recherche d’une solution au conflit du Sahara Occidental.
A ce titre, il a rencontré de nombreux fonctionnaires des Nations Unies, y compris les secrétaires généraux» qui se sont succédés à la tête de cette organisation, avait souligné Ban Ki-moon. Il a tenu à rappeler sa récente rencontre avec le président Mohamed Abdelaziz au cours de sa visite en mars dernier aux camps des réfugiés sahraouis à Tindouf.
A la suite de la mort de El-Ouali Moustapha Sayed, (ancien dirigeant du Front Polisario), Mohamed Abdelaziz est élu secrétaire général du Polisario et président du conseil de commandement de la révolution en août 1976.
Elu pour la première fois en octobre 1982 président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Abdelaziz a été reconduit dans ses fonctions en 1985, 1989, 1991, 1999, 2003, 2007 et 2015.
Abdelaziz a également été élu vice-président de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1985, puis de l’Union africaine (ex OUA) en 2002.
En 2015, Mohamed Abdelaziz s’est vu décerné le prix Guernica pour «la paix et la réconciliation» lors du 78e anniversaire du bombardement de la ville de Guernica, en Espagne.
Atteint d’un cancer du foie et affaibli, Mohamed Abdelaziz, était l’unique candidat à sa propre succession, pour un nouveau mandat à la tête du Polisario, lors de son 14ème congrès qui s’était tenu à Dakhla en décembre 2015.
Il avait été en dépit de « son désir » de se retirer de la vie politique, réinvesti de la confiance de la base militante de ce mouvement de libération.
Le renouvellement par les congressistes de leur confiance au président Mohamed Abdelaziz, témoigne de l’estime que lui porte le peuple sahraoui pour son combat et son militantisme pour la libération du Sahara occidental et le droit inaliénable des Sahraouis à l’autodétermination. C’était un homme de consensus.
Un « traître » pour Rabat
Mohamed Abdelaziz (ceux l’ayant connu vous le diront assurément) partageait totalement la vie des combattants ou des réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf, dans l’extrême sud-ouest algérien.
Dans son domicile à Boudjedour, il recevait souvent des journalistes, combien nombreux dans les camps des réfugiés. Avant que son état de son santé ne rende ses déplacements difficiles, Mohamed Abdelaziz avait toujours été modeste.
Sans protocole aucun, des journalistes algériens pouvaient l’approcher à tout moment. S’exprimant avec autant d’aisance en arabe qu’en français ou en espagnol, et bien sûr dans le dialecte sahraoui hassanya, le leader sahraoui arborait une barbe en forme de bouc et portait indifféremment la longue gandoura traditionnelle bleue ou un costume occidental, mais sa préférence allait au treillis militaire, sans galon ni distinction. Marié, Mohamed Abdelaziz était le père de six enfants.
Bir Lehlou, dernière demeure
Le Président sahraoui a été inhumé le 04 juin 2016, à Bir Lehlou (territoires libérés), laissant pour testament à son peuple la poursuite de la lutte pour l’indépendance de son pays, la cause dans laquelle le défunt président s’était engagé avec détermination depuis 40 ans.
Ont assisté aux funérailles officielles, des membres du Secrétariat national sahraoui, du gouvernement, des régiments de l’Armée de libération populaire sahraouie, des délégations étrangères et une foule nombreuse de citoyens sahraouis établis dans les territoires libérés.
Dans une ambiance de deuil et de recueillement, des milliers de citoyens sahraouis se sont massés le long du passage du cortège funèbre pour saluer la mémoire du défunt dont la dépouille était couverte de l’emblème national sahraoui. Sa dépouille a été la première à être ensevelie au carré des martyrs de la cause sahraouie.
Elle sera bientôt rejointe par les ossements des combattants morts les armes à la main, dont ceux de Mustapha El Ouali Sayed, tué en 1976 alors que la guerre contre l’armée marocaine faisait rage.
Le président sahraoui et Secrétaire général du Front Polisario avait laissé pour testament à son peuple la poursuite de la lutte pour l’indépendance de son pays, ont affirmé des responsables sahraouis. «Nous faisons certes nos adieux au chef, au guide, notre défunt président Mohamed Abdelaziz, mais son esprit restera toujours avec nous à travers son engagement pour son peuple et pour son pays», a déclaré Khatri Addouh, président du conseil national sahraoui, qui assure le poste du président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) par intérim.
Pour sa part, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a souligné que le défunt avait la stature d’un «grand homme qui militait pour une cause juste, celle de l’indépendance de son pays». «Il était un militant très engagé et a réalisé beaucoup de progrès pour l’indépendance de son pays», a-t-il ajouté.
La dépouille du défunt président sahraoui était arrivée la veille à Chahid El Hafedh (camps des réfugiés sahraouis) où un ultime hommage lui a été rendu par le peuple sahraoui.
Quelques heures auparavant, la dépouille rapatriée à bord d’un avion flambant neuf de la compagnie nationale Air Algérie, avait été accueillie à l’aéroport de Tindouf.
M.M.H