Said Bouteflika lors de sa comparution : « Chakib Khellil et moi formions une seule famille »
Le président de la Chambre criminelle près le tribunal de Dar Beida et le représentant du ministère public ont longuement interrogé l’ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh, sur son ingérence dans les prérogatives des magistrats, influençant par là même leurs verdicts au profit d’une partie contre une autre. C’est toutefois sur l’affaire Chakib Khellil que ses propos ont été particulièrement édifiants.
Sans aucune équivoque, il a accablé l’un de ses successeurs aux commandes du département de Justice, Belkacem Zeghmati, président de la Cour d’appel d’Alger au moment des faits.
«Zeghmati a annoncé l’émission d’un mandat d’arrêt international contre Chakib Khellil en conférence de presse, en donnant des détails sur la phase d’instruction (…) Après un certain temps, il est venu me voir pour me dire qu’il s’est rendu compte qu’il avait commis une erreur car le mis en cause, un ancien ministre, était soumis à la juridiction d’exception.
Il a saisi le juge d’instruction et il a annulé le mandat d’arrêt. Moi, je ne répondais à aucune question sur cette affaire, par respect pour le secret de l’instruction».
Contrairement aux précédents procès, Saïd Bouteflika s’est montré, aujourd’hui, particulièrement prolixe lors de sa comparution devant le juge de siège. Il a évoqué l’amitié entre son défunt frère, Abdelaziz, et Chakib Khellil : « Ils ont grandi ensembles. Ils étaient très proches. Quand il a été élu président de la République en 1999, mon frère a réhabilité les gens qui lui ont fait du mal et leur a donné des postes.
Mais on a voulu lui porter préjudice en inculpant Chakib Khellil. C’est inadmissible ». De son point de vue, l’affaire n’a aucun lien avec la justice. Elle est fondamentalement politique. « Je ne peux pas aborder certains sujets car ils relèvent du secret d’Etat ».
Il a, néanmoins, révélé que Belkacem Zeghmati a envoyé un courrier au président dans lequel il a présenté des excuses et lui a expliqué que le ministre de la Justice l’a appelé, alors qu’il était en vacance, pour lui donner des instructions précises. « Il lui a dit qu’il n’était qu’un « exécutant ». Saïd Bouteflika n’a guère renié sa proximité avec l’ancien ministre de l’Energie. « J’étais en contact permanent avec Chakib Khellil auquel je rendais souvent visite parce que nous formions une seule famille » a-t-il confessé. Lui aussi a clamé son innocence.
Soulef Biskri