Sommet arabe d’Alger 2022 : un sommet pas comme les autres
Le 31ème sommet arabe qui se tiendra les 1er et 2 novembre 2022 à Alger est considéré comme exceptionnel par l’ensemble des participants qui ont confirmé leur présence et par tous les observateurs objectifs et impartiaux. Il faut dire que certains continuent, malgré tout, à présager un fiasco pour l’Algérie et pour le monde arabe. Oiseaux de mauvais augure et spécialistes des fake news, ils se sentent déjà mal par les échos qu’ils reçoivent d’ici et de là concernant la très bonne préparation du sommet, la qualité des invités et leur disponibilité à participer de manière efficace à ce qu’il est déjà permis d’appeler ‘’le sommet de l’unification arabe’’.
Le 31ème sommet arabe fait peur aux ennemis de la Nation, il fait peur aussi aux traitres et aux vendus qui se voient déjà écartés ‘naturellement’ de la grande famille arabe. Il y a tout d’abord le pays organisateur, l’Algérie, connue pour son soutien inconditionnel à la cause palestinienne, à l’indépendance de tous les peuples opprimés, l’Algérie que nul n’a su faire fléchir et qui continue à porter l’étendard de la liberté haut et fort. L’Algérie fait peur aussi parce qu’elle a repris sa place dans le concert des nations et que sa voix est écoutée et respectée.
Il y a aussi la réunification des factions palestiniennes que l’Algérie et son président ont pu mener à terme et qui constitue un prélude à la réunification des Etats arabes, une réunification qui s’impose d’elle-même car c’est la seule voie de salut pour tous. L’unité arabe est très importante et le président Abdelmadjid Tebboune en a fait son crédo et l’objectif principal de ce sommet.
L’heure est grave avec les grands bouleversements régionaux et mondiaux qui se produisent présentement et l’alliance naturelle entre les peuples d’une grande nation est la solution radicale pour éviter d’être dévoré par les grands ensembles de pays qui ne veulent pas lâcher la manne économique arabe qui leur permet de se développer aux dépens de ces mêmes pays arabes qu’ils pillent.
Ce sommet, même s’il est exceptionnel, intervient, comme tous les sommets qui l’ont précédé, à un moment crucial de la vie de la Nation arabe, à un tournant décisif qui nécessite d’être la main dans la main, face à des dangers mortels pour celui qui se trouve esseulé. La meute, de quelque nature qu’elle soit, n’a peur que d’une autre meute qui pourrait lui tenir tête et la Nation arabe possède tous les atouts pour cela, si elle est unie.
Les précédents sommets… tenus en des moments cruciaux
Si nous revenons en arrière et que nous reprenons les causes de la tenue de la plupart des sommets arabes depuis la création de la Ligue en 1945, nous nous apercevons qu’ils ont eu lieu en des moments cruciaux, vitaux, exceptionnels pour la Nation arabe.
Ainsi, au lendemain de la création de la Ligue arabe, il y a eu le sommet extraordinaire d’Enchas en Egypte qui s’est tenu à la demande du roi d’Egypte Farouk et à laquelle ont assisté les sept Etats fondateurs de la Ligue arabe (l’Egypte, la Jordanie de l’Est, l’Arabie Saoudite, le Yémen, l’Irak, le Liban et la Syrie). Ce sommet s’est prononcé sur l’urgence de l’indépendance des peuples et de leur droit inaliénable de disposer d’eux-mêmes, en plus du soutien à la Palestine et de la nécessité de bloquer l’immigration juive en Palestine.
En 1956, un autre sommet extraordinaire a été tenu à Beyrouth suite à l’agression de l’Egypte et de la Palestine par la troïka (France-Angleterre-Israël) qui se sont unis pour tenter de renverser le président égyptien Djamel Abdenacer. Neuf présidents arabes ont assisté à ce sommet et ont affirmé leur soutien au Rais égyptien. Toujours en Egypte, deux sommets (le 1er institutionnalisé et un autre extraordinaire) ont été tenus en Egypte, avec comme objectifs principaux la cause palestinienne qui prenait un tournant dangereux dans la région. Les dirigeants des treize pays membres étaient présents au 1er sommet ordinaire.
Le sommet de Khartoum (Soudan) en aout 1967 s’est tenu au lendemain de la grande défaite des arabes en 1967 face à l’entité sioniste, une défaite rendue possible par la trahison d’un pays arabe qui donna lieu à une réponse dure ‘ni entente, ni négociation, ni reconnaissance’. Tous les pays arabes, sauf la Syrie, étaient présents à ce sommet.
En 1969, le sommet de Rabat (Maroc) a été tenu suite à des combats entre factions palestiniennes en Jordanie et est sorti par des recommandations imposant un cessez-le-feu immédiat entre palestiniens (14 pays). Le sommet de 1978 (10 participants) s’est tenu à Baghdad suite à la signature de l’accord de Camp David par l’Egypte.
Le sommet suivant, en 1985, a été convoqué suite à la détérioration de la situation au Liban et s’est tenu à Casablanca (Maroc). En 1988, le sommet demandé par le président algérien feu Chadli Bendjedid et a appelé au soutien de l’Intifadha palestinienne, avec la participation de 20 pays arabes.
En 1990, en Egypte, le sommet a étudié la situation sécuritaire des pays arabes menacée par l’intensification de l’immigration juive en Israël (20 participants). La même année et dans le même pays, le sommet a étudié l’agression irakienne du Koweït. Les autres sommets ont eu, dans leur ensemble, comme objectif commun le soutien et l’aide à la cause palestinienne et les mesures prises pour contrer les agressions israéliennes contre les palestiniens.
Le sommet de mars 2003 à Charm Echeikh a, lui aussi, été convoqué pour refuser et dénoncer l’agression américaine contre l’Irak, sommet qui a vu la participation de 11 chefs d’Etats et 11 représentants des autres pays arabes. L’Algérie accueillit le sommet de 2005 auquel participa, pour la dernière fois, le roi Mohamed 6 du Maroc. Enfin, les autres sommets ont été tenus à intervalles irréguliers et ont connu la défection de plusieurs dirigeants arabes, dont le roi du Maroc qui a annoncé sa participation au sommet d’Alger du 1er et 2 novembre 2022.
Ainsi, il apparait évident que les dirigeants arabes se trouvent actuellement devant une obligation cruciale : celle de s’entendre et de s’unir, de dépasser leurs divergences et leurs différends, de constituer une force unie capable de les sauver tous des attaques sournoises et directes des autres forces mondiales qui ont su unir leurs forces pour se défendre et s’attaquer à plus faibles qu’eux.
Et c’est à Alger, la capitale frondeuse, le pays du million et demi de martyrs, le pays de la renaissance de la Nation Arabe que sera annoncé, enfin, un accord historique concrétisant la prise de conscience collective arabe pour une union claire, transparente, honnête et forte.
Tahar Mansour