Son procès au tribunal criminel de Dar-Beida ouvert aujourd’hui: Le Parquet requiert 7 ans de prison contre Ghediri
Le procès en première instance d’Ali Ghediri, s’est ouvert aujourd’hui devant le pôle criminel près le tribunal de première instance de Dar-Beida.
En détention préventive depuis 27 mois à la Maison d’arrêt de Koléa, le général à la retraite est inculpé, selon l’Arrêt de renvoi de la Chambre d’accusation, après cassation de la Cour suprême, de « participation, en temps de paix, à un projet portant atteinte au moral des troupes », en vertu de l’article 75 du Code pénal. Gasmi Hocine, chef d’un parti politique fictif est l’accusé principal dans cette affaire.
Il lui est reproché fourniture de renseignements sensibles à des parties étrangères, usurpation d’identité et falsification de souscription.
Pendant les auditions, la juge de siège l’a longuement interrogé sur ses accointances avec des chancelleries étrangères sous couvert de partenariats économiques, ainsi que ses rencontres suspectes, en France, avec une fonctionnaire de l’ambassade d’Israël, selon les rapports de la police judiciaire. Sous le faux patronyme Gouasmia, Hocine Gasmi se présentait comme un homme politique et un investisseur. Il a enregistré 25 registres de commerce.
Il a bénéficié de 8 parcelles industrielles dans plusieurs wilayas, pour prétendument lancer des projets d’investissement, qui n’ont évidemment jamais été concrétisés.
La magistrate a requis des explications sur ses activités partisanes, notamment ses rencontres avec des personnalités politiques et des retraités de l’ANP. Le prévenu lui a répondu que les discussions portaient essentiellement sur des projets d’investissement.
La juge lui a demandé, alors, comment est-il parvenu à obtenir des audiences avec de hauts responsables de l’Etat, dont le défunt général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah et l’ancien ministre de l’Intérieur Nourredine Zerhouni.
« Chaque chose a une cause. Il existe un plan. Vous vous êtes mis en danger en usurpant une identité et en rencontrant des personnes puissantes, pourquoi ? ». Hocine Gasmi a alors donné une réponse consternante : « Il y avait des risques, oui. Je n’avais aucun objectif, juste une envie.
C’était une malédiction (daaouet char) ». Il n’a pas été très loquace, non plus, sur sa proximité avec Ali Ghediri, pour lequel il aurait falsifié des souscriptions d’électeurs à sa candidature à la présidentielle avortée du 16 avril 2019.
Ali Ghediri est aussitôt appelé à la barre. Il confirme avoir rencontré Gasmi Hocine, lequel paraissait être bien introduit dans les sphères de décision. L’arrière-pensée étant être adoubé par pour succéder à feu Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême.
L’ancien directeur des ressources humaines au ministère de la Défense nationale a affirmé qu’il ne s’était pas douté qu’il avait en face un imposteur.
La juge de siège a abordé, ensuite, les contributions de l’accusé dans la presse nationale, lui rappelant qu’il tombait sous le coup de la loi de 2016, astreignant les retraités de l’armée nationale à l’obligation de réserve.
Ali Ghederi a relevé qu’il a été admis en retraite une année avant la promulgation de l’édit en question. Il a précisé qu’il est tenu de ne pas dévoiler des secrets liés à sa carrière de militaire.
« J’ai écrit sur le prolongement du 4ème mandat (au profit de feu A. Bouteflika, ndlr) et de la situation politique. Je n’ai pas évoqué l’institution militaire ».
Il a certifié que dans son interview avec le quotidien El-Watan, publiée en novembre 2018, il a défendu le respect des dispositions de la Constitution, dont celles qui définissent les prérogatives de l’institution militaire ainsi que l’unité nationale.
« Nous ne doutons pas de votre patriotisme » a lancé la juge. « Je ne doute pas de votre probité » lui a répondu le général à la retraite.
Le représentant du ministère public a requis 7 ans de prison ferme contre Al Ghediri et 20 ans de réclusion criminelle contre Hocine Gasmi, alias Gouasmia. Les plaidoiries sont en cours.
Soulef Biskri