Soudan: Les combats font rage malgré la trêve
La situation s’enlise au Soudan où les combats faisaient rage ce vendredi, entre l’armée et les paramilitaires qui font fi d’une promesse de trêve et des menaces de sanctions américaines.
Pour le vingt-et-unième jour, les cinq millions d’habitants de Khartoum ont été, en effet, réveillés par frappes aériennes et tirs de mitrailleuse, ont raconté des témoins à l’AFP.
Les combats entre l’armée, sous le commandement du général Abdel Fattah al-Burhane, et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, ont fait depuis le 15 avril environ 700 morts, selon l’ONG ACLED qui recense les victimes de conflits.
Le président américain Joe Biden a haussé le ton jeudi: «la tragédie (…) doit cesser», a-t-il plaidé, en agitant la menace de sanctions contre «les individus qui menacent la paix», sans toutefois nommer personne.
« Nous pouvons dire que nous n’avons pas réussi à empêcher » la guerre qui a pris l’ONU « par surprise » a reconnu mercredi son secrétaire général Antonio Guterres. Désormais, les trêves annoncées ne sont pas respectées et les personnes tuées se comptent par centaines.
Le pays de 45 millions d’habitants n’est sorti qu’en 2020 de deux décennies de sanctions américaines imposées à la dictature militaro-islamiste du général Omar el-Béchir, renversé par l’armée sous la pression de la rue en 2019.
Avec leur putsch de 2021, les généraux Burhane et Daglo avaient évincé ensemble les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute de Omar el-Béchir. Mais ils se sont divisés sur l’intégration des FSR dans l’armée.
Depuis, rien ne semble pouvoir réconcilier les deux hommes qui s’accusent mutuellement de violer les trêves successives.
Les combats ont fait plus de 5.000 blessés, déplacé au moins 335.000 personnes et ont poussé 115.000 autres à l’exil, selon l’ONU, qui réclame 402 millions d’euros pour aider le pays, l’un des plus pauvres au monde.
L’ONU prévient que 860.000 personnes, des Soudanais mais également de nombreux Sud-Soudanais retournant dans leur pays, pourraient traverser les frontières ces prochains mois.
«Plus de 50.000 personnes avaient traversé le 3 mai» vers l’Egypte, selon l’ONU, «plus de 11.000» vers l’Ethiopie et «30.000 vers le Tchad».
Le patron de l’ONU Antonio Guterres a jugé «absolument essentiel» que la crise ne déborde pas des frontières.
Au Darfour, dans l’ouest frontalier du Tchad, des civils ont été armés pour participer aux affrontements mêlant militaires, paramilitaires et combattants tribaux ou rebelles, selon l’ONU.
Alors que les canaux diplomatiques se multiplient en Afrique et au Moyen-Orient, l’armée a plaidé pour «des solutions africaines aux problèmes du continent», tout en saluant la médiation américano-saoudienne.
L’émissaire du général Burhane était jeudi à Addis Abeba. Le Caire a annoncé avoir eu au téléphone les deux généraux rivaux.
Dimanche, les ministres arabes des Affaires étrangères se réuniront autour du «dossier soudanais», dans lequel ils soutiennent des camps différents, a indiqué un haut diplomate à l’AFP.
L’armée s’est engagée à «nommer un émissaire pour négocier une trêve» avec le camp rival, sous l’égide «des présidents sud-soudanais, kényan et djiboutien», dans un pays qui doit encore être déterminé.
Les FSR, eux, disent seulement avoir accepté trois jours de trêve –et non une semaine–, et parler avec une longue liste de pays et d’organisations.
R.I