Souhil Meddah, expert financier : «éviter l’ouverture en masse du capital des entreprises publiques »
L’ouverture du capital des entreprises publiques constitue le moteur du marché financier avec une séparation sociale de l’économie et une accélération de l’expansion de la taille de ces entreprises. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a appelé à trouver des solutions efficaces et ouvrir le capital des entreprises publiques, y compris les banques, et s’éloigner de la gestion administrative. Sollicité par nos soins, Souhil Meddah, expert financier, livre son analyse avec de solides arguments.
Entretien réalisé par Yacine Bouali
La patrie news : le président Tebboune appelle à l’ouverture du capital des entreprises publiques y compris les banques. Un commentaire ?
Souhil Meddah :
Chaque ouverture de capital d’une entreprise est motivée par trois conditions. La première, sur le projet d’extension, ou de développement dans lequel cette entreprise va s’inscrire, si elle compte sur une levée de fonds prochaine. La deuxième condition, sur l’état de l’entreprise, de son rendement et de ses signes de pérennités, dans le cas où il s’agit de vente d’actions, sans procéder à des levées de fonds nouveaux au profit de l’entreprise. Alors que la troisième, concerne dans un segment macro-économique, le niveau et l’état de l’épargne qui peut répondre à ce besoin de financement ou d’achat.
Avant de se lancer dans une ouverture de capital des entreprises publiques, un état des lieux de leur situation financière, de rendement, de flux d’activités, par rapport à leurs structures, de capitalisation, d’endettement et, par effet de levier de la dette potentiellement mobilisable après l’ouverture de leur capital. Sachant qu’une entreprise est détenue sous forme d’actions, qui sont valorisées à la valeur nominale et que, l’ouverture se fait sur la base d’une valeur de cotation ou d’admission sur le marché, qui généralement est plus élevée que la valeur nominale. Ce qui fait, que la structure de distribution de dividendes changera en fonction du taux de rendement par action, qui baissera dans le cas où l’entreprise en question n’a pas de plan de développement prévu.
Comment voyez vous le déroulement de cette opération d’ouverture du capital ?
L’ouverture par une vente directe des actions, sans faire des levées pour le compte de l’entreprise ou par offre publique de vente ( OPV ), ne peut pas s’interpréter comme un transfert directe de propriété et de management en même temps, sauf si la part du capital flottant ne se limite pas du seuil minimal des 20% et dépasse au moins, la quote-part des 26% du nombre d’actions détenues.
L’ouverture du capital des entreprises publiques ne doit pas se faire en masse, de façon directe et groupée. Car les avantages d’une ouverture de capital des entreprises, c’est de pouvoir engager graduellement l’épargne déjà existante, pour qu’elle puisse aussi déboucher sur un autre niveau de revenu, par effet de multiplication et de répartition des gains. D’autre part, une diversifiions des titre est très importante, mais c’est un processus qui se programme et se réalise sur le moyen et long terme.
Un processus d’ouverture de capital des entreprises publiques, actuellement ne peut pas garantir un engagement sur des valeurs très importantes. La place financière doit se limiter sur des valeurs intermédiaires combinées a de la dette financière ou via d’autres formes de capitalisation, comme le capital-risque, avec les fonds d’investissement spécialisés et, avec les banques d’investissement, le capital développement pour les entreprise qui ont besoin d’engager des programmes d’extension rapides ou le capital retournement pour les entreprises qui souffrent d’une lourdeur de leur dette financière, sachant qu’une grande partie de nos EPE souffrent de la lourdeur de leur dette. Dans ce cas le marché de l’épargne, ne peut pas accepter de financer le remboursement d’une dette.
D’autre part, les fonds d’investissement doivent obtenir l’aval pour procéder aux financements directe via des dettes flexibles en comptes courants des associes, car le besoin de financement ne peut pas se limiter qu’à travers la question des entreprises publiques, mais il doit également faciliter les pratiques pour les autres secteurs.
Qu’en est-il des banques ?
Pour les banques publiques, leur ouverture du capital, sur le plan macro n’est pas nécessaire et, avec un niveau des valeurs en capital flottant, qui peut être très lourd pour la place financière, peut déstabiliser l’orientation de l’épargne, en la captant sur des valeurs, ayant des actifs lourds, contre des taux de rendement moins importants.
Les banques publiques, doivent contribuer dans le processus de financement, avec des mixages de formules de financement, entre les equity, en private ou en public equity, mais aussi sur les dettes financières directes, soit en investissement ou surtout en exploitation, car le plus grand besoin des entreprises s’exprime durant cette phase.